Rabbin, guerrier et faiseur de paix

Dans une interview exclusive, le Grand rabbin émérite Shéar Yashouv Cohen évoque son existence et les événements de ces huit dernières décennies.

Rabbi Shear Yashuv Cohen 521 (photo credit: Liat Collins)
Rabbi Shear Yashuv Cohen 521
(photo credit: Liat Collins)

On pourrait dire que c’est en 1948 que ShéarYashouv Cohen a été nommé Grand rabbin pour la première fois. A l’époque, il a20 ans et il est incarcéré en Jordanie, dans un camp de prisonniers de guerre.Le commandant du camp est venu personnellement dans sa tente pour l’informerqu’il sera désormais responsable des besoins religieux des quelque 600 détenus.Aujourd’hui, Shéar Yashouv Cohen n’a pas oublié la phrase alors entendue enarabe, et qu’il répète à présent dans cette même langue, qu’il parle courammentavec l’accent de Jérusalem. Une surprise de la part de ce rabbin en costumenoir et à la barbe grise… qui nous en réserve beaucoup d’autres.
Nous nous rencontrons par une belle journée de novembre dans son modeste bureaudu conseil religieux de Haïfa.
Depuis 1975 et jusqu’en 2011, Cohen a été le Grand rabbin ashkénaze de laville, et il est toujours considéré comme son Grand rabbin émérite. « Si jen’avais pas été prisonnier de guerre, je ne serais jamais devenu Grand rabbin», affirme-t-il.
C’est le maire adjoint de Haïfa, Yossef Blustein, emprisonné dans le même campque lui, qui l’a en effet recommandé pour ce poste. Voir Cohen gérer lapopulation très diversifiée du camp l’a impressionné. Car il y avait toutessortes d’individus parmi les prisonniers de guerre qu’ils côtoyaient là-bas :membres de la très laïque Hashomer Hatzaïr, membres du Bné Akiva,ultra-orthodoxes de Breslev… « Avec toutes ces opinions différentes, ce n’étaitpas facile », reconnaît Cohen.
Bien qu’il vive et travaille à Haïfa, il se considère toujours comme unhabitant de Jérusalem, où il a gardé un appartement. « J’y vais dès que j’aiune permission », confiet- il, malicieux. Le titre de citoyen d’honneur de laville de Haïfa, reçu à l’occasion de son 80e anniversaire, ne l’empêche pas dese présenter comme un « Ish Yeroushalayim ».
Au nom du grand-père et du prophète 

Il faut dire que l’extraordinaire histoirede sa vie suit celle de la capitale de l’Etat juif. Sa biographie vientseulement d’être écrite – « ce n’est pas moi qui ai lancé cette idée »,s’insurge-t-il, « et cela m’a même mis un peu en colère » – mais son histoire adéjà inspiré beaucoup de monde.
Son nom complet est Eliyahou Yossef Shéar Yashouv Cohen – « les gens pensent, àtort, que Shéar Yashouv est un surnom ». Yossef est le nom de son grand-père,Shéar Yashouv exprime le désir de revenir à la fois sur la terre d’Israël et àla religion. Le nom de Eliyahou a été ajouté à la suite d’une grave maladie,contractée à l’âge de 3 ans.
Eliyahou, c’est le prophète Elie. Cohen fait remarquer que, le jour où ce nomlui a été donné, ses parents étaient loin de se douter qu’il deviendrait Grandrabbin de Haïfa, la ville du prophète. Ils ont choisi « Elie » parce que sespremiers mots, avant Aba et Ima, ont été « ‘Yahou ‘Navi », lorsqu’il a chanté «Eliyahou Hanavi » après la Havdala, un samedi soir.
Les murs de son bureau sont ornés de photographies des plus grandes autoritésrabbiniques de l’époque moderne, depuis le rabbin Avraham Itzhak Kook et sonfils le rabbin Tzvi Yehouda Kook, avec lequel il était très ami, jusqu’au Rebbede Loubavitch, qui, pour échapper au régime communiste, s’est caché chez legrand-père maternel de Shéar Yashouv Cohen. Il y a aussi, bien entendu, desphotographies de son père, le rabbin David Cohen, « le Nazir de Jérusalem ».
Cohen est un descendant de 18e génération d’une famille de rabbins et desommités de la Torah. Sa mère, Sarah Etkin, figurait parmi les fondateurs d’uneorganisation religieuse qui allait devenir le mouvement Emounah. Il a beauavoir 85 ans, sa voix se charge de respect et d’une indéniable affectionlorsqu’il parle de ses parents.
Son père et sa mère, qui étaient cousins, ont été la première génération de lafamille à monter en Israël. « Ils sont restés fiancés 12 ans avant de se mariersur la terre d’Israël », raconte-t-il. Ils se sont rencontrés en Russie, maisle père part étudier en Allemagne, où il se retrouve bloqué par la Premièreguerre mondiale, puis à cause de la révolution russe. Il réussit finalement àfuir vers la Suisse, mais partir en Israël avant la création de l’Etat n’estpas si simple. C’est le rabbin Avraham Itzhak Kook (le grand Rav Kook) qui l’yaidera en l’invitant à participer à la transformation de sa yeshiva deJérusalem en une institution plus scolaire.
« Mes parents se sont restés fidèles pendant 12 ans ! », s’extasie Cohen. « Lemariage s’est tenu chez le Rav Kook, à Jérusalem. Et je pourrais dire que jesuis moi-même né dans sa maison. »

Ni vin, ni viande, ni poisson

Lescontraintes d’une courte interview nous empêchent de nous appesantir sur lasignification du mot « nazir », que Maïmonide assimile à celui de « prophète ».Tout comme les « Nazirites » des temps bibliques, tels Samson et Samuel, leNazir de Jérusalem et sa famille ne buvaient pas de vin, ne portaient pas decuir, ne mangeaient pas de viande et ne se coupaient jamais les cheveux. «C’était une façon d’atteindre un plus haut degré de spiritualité », expliqueCohen.

Il parsème la conversation de citations de la Torah et de rabbins allant desTannaïm au talmudiste américain Joseph B. Soloveitchik, et semble égalementinformé de ce qui se passe en dehors du monde religieux.
« Pour Harav Hanazir (son père), le judaïsme n’est pas fondé sur la vue, maissur l’ouïe intérieure… Perfectionner notre oreille intérieure est l’un des plushauts niveaux que l’on puisse atteindre et être un Nazirite (avec l’abstinenceque cela implique) fait partie du processus de perfectionnement »,affirme-t-il.
Shéar Yashouv Cohen a grandi sans jamais se couper les cheveux et en ne portantque des chaussures de toile.
Aujourd’hui encore, il ne boit ni vin ni jus de raisin et ne mange ni viande nipoisson, par respect pour la sainteté de la vie. Il n’a commencé à porter deschaussures en cuir qu’après avoir été blessé à la jambe.
Les changements dans sa pratique religieuse ne sont intervenus qu’avec laguerre d’Indépendance, lorsque le jeune Cohen devient membre de la BritHahashmonaïm (l’Alliance Hasmonéenne), « la branche religieuse du Beitar,affiliée au Lehi (Groupe Stern) et à l’IZL (Irgoun Zvaï Leumi) »,explique-t-il. « Ce n’est pas très pratique de faire partie d’un mouvementclandestin lorsqu’on a les cheveux longs. » 

Combiner études et armée : unemitsva 

A l’âge de 12 ans, en présence d’un beit din (tribunal rabbinique)particulier, composé de rabbins de Jérusalem qui se réunissent chez lui, ilavait endossé le mode de vie nazirite, mais sans le « neder » (l’engagement).Il a 16 ans lorsqu’il quitte cette voie (là encore, en présence d’un tribunalspécial) pour entrer dans la résistance clandestine.
« On nous apprenait à combattre pour la terre d’Israël tout en recherchantl’unité. Le seul endroit où les 3 mouvements clandestins, la Haganah, le Lehiet l’IZL ont coopéré, c’est dans le quartier juif de la Vieille Ville deJérusalem », raconte Cohen.
Lui-même fait partie de la Brigade Moriah, un groupe d’étudiants de yeshiva quise portent volontaires pour défendre le quartier juif. Leur chef appartient àla Haganah, et ses bras droits, au Lehi et à l’IZL.
Les Britanniques ayant fermé la Vieille Ville et le quartier juif, il fauttrouver un moyen de s’introduire à l’intérieur des murailles. Cohen le fait ense dissimulant sous des couvertures, à l’arrière d’un camiond’approvisionnement.
Dans le quartier juif, ses camarades et lui sont chaleureusement accueillis. Onleur fournit un appartement où ils étudient 8 heures par jour, montent la garde8 heures et dorment le reste du temps. « On peut dire que c’était le modèle desyeshivot hesder bien avant que ce système ne soit officiellement instauré »,commente-t-il avec une évidente satisfaction.
Cohen a servi dans Tsahal pendant 7 ans et a atteint le rang delieutenant-colonel. Il paraît presque nostalgique à l’évocation de l’époque oùil était Grand rabbin de l’armée de l’air et portait l’uniforme. « Pour moi,combiner études religieuses et service militaire, c’est accomplir une mitsva dela Torah », affirme-t-il.
La question des femmes soldates lui apparaît, en revanche, comme « délicate » :selon lui, beaucoup de jeunes femmes ne sont pas faites pour la structure mêmedu service et de l’autorité militaires. « Je suis en faveur du shirout léoumi(service civil), et je suis favorable au service militaire pour les jeunesfemmes dont la personnalité s’y prête. » Il précise avec fierté que sa filleunique, Eliraz, a atteint le grade de capitaine dans Tsahal, où elle a servidans le secteur de l’éducation. Quant à ses six petits-enfants, garçons etfilles, ils ont tous accompli leur service militaire.
Grâce à une blessure à la jambe… 

Naomi, la femme de Cohen, est née auxEtats-Unis. Elle aussi vient d’une famille illustre : c’est la fille du DrHayim Shimshon (Herbert S.) Goldstein, décisionnaire rabbinique et longtempsprésident, entre autres, de l’Union des communautés juives orthodoxesd’Amérique. C’est aussi la petite-fille du philanthrope Harry Fischel. Elle estdocteur en philosophie et a enseigné dans les universités de Tel- Aviv, de Bar-Ilanet de Haïfa.
Au cours des combats dans la Vieille Ville, Cohen est gravement blessé à lajambe, ce qui va le contraindre à boiter à vie. C’est là aussi qu’il est faitprisonnier, avec d’autres combattants juifs, des employés de l’usined’électricité de Naharaïm et des habitants du Goush Etzion, quand celui-citombe entre les mains de soldats jordaniens et des forces de la légion arabe.Il sera détenu comme prisonnier de guerre pendant sept mois, dans le campdésertique d’Um el-Jamal (la Mère du chameau). Sur un ordre exprès du roi deJordanie Abdoullah Ier, il n’est fait aucun mal aux captifs.
Les prisonniers des Syriens ou des Egyptiens n’ont pas eu la même chance.
Plus tard, Cohen apprendra que sa nomination officielle comme rabbin du camp,réalisée sous les auspices de la Croix Rouge et qui lui donne droit à uncertain confort, a été négociée par Moshé Dayan avec le souverain hachémite. Sablessure à la jambe fait de lui l’un des premiers prisonniers à être relâchés.
Techniquement, Tsahal l’a enrôlé juste après sa capture, dans l’espoir que lestatut de militaire le protège, selon la Convention de Genève.
A la signature du traité de paix avec la Jordanie, en octobre 1994, ItzhakRabin invite Cohen à réciter des psaumes.
« J’ai choisi : “Je lèverai mes yeux vers les collines, d’où me viendra l’aide.L’aide me viendra du Dieu qui a créé le Ciel et la Terre…” » Plus tard, Rabinle présentera au roi Hussein, petit-fils d’Abdoullah.
Puis Cohen fera partie d’une délégation d’anciens prisonniers qui iront visiterle camp où ils ont été détenus. « Mais il n’en restait rien, à part leslatrines. C’était la seule indication de l’emplacement du camp. » 

« On peutêtre juif sans être “dati” » 

En 1967, Cohen, alors conseiller municipal deJérusalem affilié au Parti national religieux, est l’un des premiers civils àvoir le Mur occidental et la Vieille Ville réunifiée. Accompagné par son pèreet par le rabbin Kook, il rejoint le rabbin Shlomo Goren, son beau-frère, lemari de sa soeur Tsefiya, alors aumônier en chef de Tsahal, qui deviendra grandrabbin ashkénaze d’Israël.
Ce sera sa seule et unique visite sur le mont du Temple libéré. Ce qui nel’empêche pas de se déclarer favorable à la construction d’une synagogue surl’esplanade, après avoir soigneusement déterminé à quel emplacement la loijuive permettrait de la bâtir.
Cohen n’aime pas les étiquettes du style « dati » (religieux), « hardal »(haredi-national religieux) ou « haredi » (ultraorthodoxe).
« On peut être juif sans être “dati” », affirmet- il. « On peut être juif sansrespecter les commandements, ou en en respectant seulement quelques-uns. Il esttrès rare de trouver un Juif qui ne respecte aucun commandement », ajoute-t-il,citant la circoncision comme exemple : « Presque tous les petits garçons juifssont circoncis ».
Lorsqu’il était Grand rabbin de Haïfa, ville que l’on nommait Haïfa la rougepour son orientation politique, il s’estimait responsable de tous les Juifs, ycompris des laïcs, et oeuvrait à rapprocher les gens. « Dieu merci, je pensequ’à Haïfa, cela s’est plutôt bien passé », dit-il, modeste comme à sonhabitude.
Avec un tel itinéraire, Cohen ne pouvait que croiser l’histoire du JerusalemPost. Ainsi, lorsqu’il étudiait à la yeshiva, juste avant sa captivité, illogeait tout près des locaux de ce qui s’appelait alors le Palestine Post. Ilse souvient très bien du bombardement nocturne de 1948.
Mais c’est surtout des 18 années passées au conseil municipal de Jérusalemqu’il a conservé des souvenirs, en particulier celui de Gershon Agron,fondateur-rédacteur en chef du journal, devenu maire de la ville par la suite.
« Nous avions souvent des points de vue opposés », reconnaît-il. Ainsi, Agronsoutenait le projet de bâtir un centre de judaïsme libéral à Jérusalem, tandisque Cohen était contre. Des différences qui n’empêchent pas les deux hommes derester en excellents termes. Car c’est précisément cette capacité à défendreses opinions et ses principes, tout en s’efforçant de trouver un terraind’entente et d’éviter les conflits, qui a fait la réputation de Cohen, ycompris dans ses rapports avec le Vatican.
Le pape et le rabbin

Cohen dirige le Conseil pour le dialogue entre le Grandrabbinat d’Israël et le Vatican et préside celui pour le dialogue entrejudaïsme et islam. Il est aussi l’émissaire du Grand rabbinat d’Israël dans lesréunions interconfessionnelles et membre du Conseil des leaders religieux dumonde pour l’Institut interconfessionnel Elijah.
« En octobre 2008, le pape m’a invité à venir parler de la Bible devant le synode», raconte-t-il. Pour le Vatican, c’est de l’Ancien Testament qu’il estquestion, mais Cohen, lui, parle de « la Bible » et de son rôle dans lareligion et la liturgie juives. Malgré ce choix de vocabulaire, le synode lui afait, estime-t-il, un très bon accueil.
Ces relations cordiales avec le Vatican traversent cependant une mauvaise passequand on envisage de béatifier le pape Pie XII malgré son silence pendant laShoah. Cohen et le Grand rabbinat s’y opposent. Cohen reconnaît qu’il était enmeilleurs termes avec le pape précédent, une déclaration qui peut surprendre,venant d’un rabbin né à Jérusalem. Cela ne l’a toutefois pas empêché de veniren visite officielle à Rome en mars dernier.
En 1991, il reçoit le prix de la Tolérance pour son action dans le dialogueinterreligieux. Sa position de Grand rabbin d’une ville à forte diversitéreligieuse l’a incité à entretenir de bonnes relations avec les Musulmans, lesChrétiens et les autres communautés. Pour lui, il s’agit là d’un impératifmoral. Pour cela, il concentre son action sur des problèmes qui concernenttoutes les religions : le déclin de la morale, la nécessité de faire la paix etde cesser de verser le sang. « Nous nous sommes entendus pour ne pas aborderles sujets qui divisent », explique-t-il. Ainsi, le Patriarche catholique grecElias Shakur et lui-même ont conclu un accord : « Quand le messie arrivera »,se sont-ils promis, « nous irons le voir ensemble et nous lui demanderons :“C’est la première fois que vous venez ici, ou la deuxième ?” »

La mitsva laplus importante de toutes 

Grâce à son diplôme de droit de l’Universitéhébraïque de Jérusalem et à sa grande expérience de la loi juive, Cohen estdoyen de l’institut Harry Fischel pour la recherche en loi juive et duséminaire pour les rabbins et les juges rabbiniques.
Il paraît également tout naturel qu’il ait fondé l’institut Ariel, qu’ilprésente comme « une importante institution pour la formation des rabbins etdes dayanim (juges rabbiniques) ».
Un établissement qui, fait-il remarquer, a tout d’abord été contesté par lesautorités ultra-orthodoxes. « Mais aujourd’hui », précise-t-il, « tout le mondecomprend que c’est une chose positive et des centaines de rabbins et de juges yont mené leurs études. » Il y a quelques années, la branche nord de cetinstitut s’est trouvée sous le feu des projecteurs. On lui reprochait unegestion impropre de l’un de ses cours réservés à la police et au personnel desécurité. La responsabilité de Cohen n’a jamais été directement mise en cause,mais, lorsqu’il a pris sa retraite de ses fonctions de Grand rabbin de Haïfal’an dernier, certains ont affirmé qu’il s’agissait là d’un compromis pour nepas avoir à répondre de certaines accusations. L’affaire est actuellement àl’étude dans les tribunaux. Quelle qu’en soit l’issue, il est clair que Cohenn’a aucun regret concernant son rôle dans la formation de la prochainegénération.
Quand on lui demande si, à son avis, la société israélienne a beaucoup changé,Cohen soupire : « Ce sentiment de mission historique qui nous a fait rêverpendant des centaines, voire des milliers d’années, a pratiquement disparu del’expérience collective, contrairement à ce qui se passait juste avant lacréation de l’Etat, à l’époque des mouvements clandestins et juste après. La politiquea quelque peu altéré la gloire du sionisme et du retour sur la terre d’Israël.» Il rappelle l’idée du Rav Kook, pour qui l’installation sur la terre étaitune valeur à la fois religieuse et sociale. « Je ne sais pas dans quelle mesureces valeurs-là ont été préservées.
A mon avis, elles existent encore, mais elles ont perdu leur pouvoir formateur.» Au lendemain de la guerre d’Indépendance, Cohen a fait partie de la premièredélégation de Tsahal aux Etats-Unis, et on lui a alors demandé de se présenteren uniforme. Il se souvient avec beaucoup de fierté de l’impression produitesur la communauté juive qu’il rencontre là-bas. « Le vrai sionisme, c’est devenir sur la terre d’Israël et de s’y installer.
Pas seulement d’apporter son soutien à ceux qui y vivent », déclare-t-il.
Et ne venez pas lui dire que vous attendez la venue du messie pour le faire. Ilvous répondra qu’il s’agit d’une mitsva (d’un commandement) qui concerne tousles temps, et pas seulement la venue du messie. « La mitsva d’installation surla terre d’Israël est la plus importante de toutes… Que puis-je vous dire deplus ? » 

Les 3 qualités du rabbin

 Il refuse de se laisser aller à desprédictions sur ce que seront les gros titres du Jerusalem Post dans 80 ans. «C’est très difficile à dire. Cela dépend beaucoup de la façon dont vont évoluerles relations avec ce qu’on appelle aujourd’hui “les Palestiniens”… Je ne suispas contre la paix, mais je ne veux pas renoncer au droit historique du peupled’Israël sur la terre d’Israël. Comment va-t-on résoudre ce problème, laquadrature du cercle, c’est impossible à dire. Les miracles – et les tragédies– qui se sont produits au siècle dernier ne sont pas terminés. Nous sommesencore au début du voyage. » Dans les archives du Jerusalem Post : un articleécrit par Cohen en juin 1975, à l’époque de sa nomination à Haïfa.
Le titre ? « Le rabbin et les défis d’aujourd’hui ». Il explique notammentqu’un leader religieux doit « donner l’exemple ».
« Pour être un bon leader spirituel dans sa génération, un rabbin doit possédertrois qualités : la capacité d’éclairer, celle de se faire entendre, et laflamme de l’esprit. » Ces qualités, Cohen les possède encore aujourd’hui, etelles sont plus nécessaires que jamais.