Sauvés par les Psaumes

Moshé David Schwartz a son armure spéciale : un livre de psaumes qui a accompagné son père et son grand-père

P15 JFR 370 (photo credit: DR)
P15 JFR 370
(photo credit: DR)

Le petit livresaint, avec sa couverture sombre, tient dans la paume de la main. Ses pagessont jaunies et sa reliure si fragile, qu’elle semble vouloir céder à chaqueinstant. Mais cette relique en la possession du capitaine des Forces de défenseisraéliennes, le rabbin Moshé David Schwartz, qui pourvoie aux besoinsspirituels de centaines de soldats des bataillons d’élite, sert de lienfamilial entre trois générations de défenseurs de la Terre d’Israël. Ce recueildes psaumes, que son grand-père a d’abord transmis à son père lequel à son tourl’a transmis à Moshé, a été lu assidûment par les trois hommes qui ont prispart aux batailles historiques d’Israël.

Selon la tradition juive, les psaumes sont récités en vue d’obtenir la clémencedivine, clémence d’autant plus nécessaire quand les temps sont troublés etqu’on se trouve exposé à des dangers physiques. Sa lecture régulière s’est donctout naturellement imposée à cette génération de soldats très religieux etSchwartz se dit lui-même protégé par la sainteté de l’ouvrage.
De génération en génération 

C’est tout d’abord son illustre aïeul qui, lepremier, a gardé ce livre sur lui, tout le temps de son service commevolontaire dans l’unité de défense passive, dont la mission était d’alerter lapopulation telavivienne lors de bombardements imminents au cours de la guerred’Indépendance. Et il l’a gardé lorsqu’il a rejoint le régiment deparachutistes. Puis Schwartz affirme que son père Mordechaï aurait eu la viesauve, grâce au livre lui-même, glissé dans la poche de son uniforme.Mordechaï, aujourd’hui âgé de 64 ans, participait à des manœuvres en tant queréserviste. Il était alors stationné dans le Golan juste avant que n’éclate laguerre de Kippour en 1973.

Au cours d’un exercice à balles réelles, dans une zone militaire dédiée àl’entraînement, une grenade a accidentellement explosé, propulsant des débrisde métal à la ronde qui ont déchiré ses vêtements et lui ont causé de sérieusesblessures sur tout son corps. Mais grâce au livre des psaumes logé dans lapoche de sa chemise, à la hauteur de sa poitrine, il a échappé à un impactfatal. Pour Mordechaï et ses compagnons d’armes, il s’agit à l’évidence d’unmiracle. Schwartz affirme que son père a aujourd’hui encore des éclats d’obusdans le corps.
Mais malgré ses blessures, Mordechaï ne s’est pas soustrait à son devoir demédecin combattant. Il a activement participé à l’évacuation des soldatsblessés dans le Sinaï au cours de la guerre de Kippour qui allait éclater unmois à peine après l’explosion accidentelle de la grenade. Il a également soignéles blessés pendant la première guerre du Liban en 1982.
Selon le porte-parolat de Tsahal, après avoir embrassé la carrière militaire aulendemain de la guerre de Kippour, et servi dans l’armée plus d’une vingtained’années pendant lesquelles il va accéder au grade de commandant, Mordechaï nes’est jamais séparé de son recueil de psaumes. Jusqu’au jour où il l’a offert àson fils, enrôlé dans une unité de tankiste en mars 2002.
Les psaumes sur tous les fronts 

Schwartz, aujourd’hui âgé de 35 ans, marié etpère de trois enfants, évoque sa carrière pour le Jerusalem Post ainsi que lerôle central joué par ce recueil de psaumes dans sa vie. Il tient le précieuxouvrage en main tout le temps de l’entretien, dans la synagogue de la based’entraînement antiterroriste Mitkan Adam, située près de Modi’in.

Schwartz n’était qu’au début de ses classes, quand Tsahal a lancé l’opération «Rempart », suite à l’attaque terroriste commise au Park Hotel de Netanya unsoir de Seder, le 27 mars 2002, qui avait coûté la vie à trente Israéliens ettouristes et fait 140 blessés.
Au vu de la situation tendue qui régnait, son unité a suivi un entraînementaccéléré avant d’être affectée à la surveillance de la frontière syrienne. Puiselle a été appelée en renfort dans les zones contrôlées par l’Autoritépalestinienne à Djénine et les villages alentours, une zone particulièrementsensible où Schwartz se souvient avoir été sur le terrain dans son tank, 18heures d’affilées.
A la suite de cela, son unité a été envoyée à Jéricho, puis à Bethlehem, pourune mission spéciale au cours de laquelle son commandant a perdu la vie, abattupar un sniper ennemi qui l’a pris dans son viseur alors qu’il poursuivait ungroupe de terroristes dans une ruelle.
Puis, après s’être illustré alors qu’il servait comme tankiste au cours de ladeuxième guerre du Liban, Schwartz a rejoint la vie civile. Il a repris sesétudes de Torah pour obtenir son ordination rabbinique. Alors qu’il faisait sondevoir en tant que réserviste, il a décidé de suivre les cours de formationpour devenir officier, avant de s’engager dans la carrière de rabbin del’armée, avec, selon ses propres mots, « le désir profond de servir son pays. »Schwartz est convaincu d’avoir un rôle crucial à jouer en tant que rabbin dansles Forces de défense israélienne. Il travaille à donner un sens aux combatsque mènent les soldats. Il leur enseigne qu’ils sont les dignes héritiers deleurs illustres ancêtres qui ont combattu pour protéger la Terre d’Israël etles encourage à mettre leurs pas dans les leurs.
« Avant une bataille, quand je m’adresse aux commandants, je leur conseille delire le Tanakh (la Bible) et leur fais remarquer que nos leaders bibliques onttoujours été contraints de combattre », confie-t-il en soulignant combien lamotivation spirituelle est précieuse, comme cela fut le cas à Gaza, lors desopérations « Plomb durci » en 2008-2009 et « Pilier de défense » en 2012. Etd’ajouter, « que ce soit Moïse, Josué, David ou Salomon, il suffit d’ouvrir leTanakh pour voir qu’il y est beaucoup question de batailles décisives qu’ontmenées les leaders bibliques ».
David, guerrier psalmiste 

Schwarz fait remarquer que dans la Torah, il y a unseul cas où le pikouah nefesh – commandement selon lequel sauver une vie doitprendre le pas sur tout le reste – ne s’applique pas : lorsqu’il s’agit dedéfendre la Terre d’Israël. Dans ce cas il faut sacrifier sa vie. Ce quiconfère au jeune aumônier une lourde responsabilité dans le cadre de sa missionmilitaire.

Schwartz passe beaucoup de shabbatot sur le terrain en compagnie de diversgroupes de soldats, un moment important pour bon nombre d’entre eux. Unecamaraderie très forte se développe et, à la faveur de cours et de lectures, illui est offert de donner un sens plus profond à leur engagement et de leurrappeler pourquoi ils se battent. Il est convaincu de l’importance detravailler avec toutes sortes de juifs dans l’armée, qu’ils soient religieux oulaïques, hommes ou femmes, pour donner un sens à leur engagement.
Mais quels que soient son rôle et le terrain sur lequel il évolue, son petitlivre de psaumes ne le quitte pas. « Les psaumes me protègent », affirme-t-il.Il me suffit d’ouvrir mon livre pour me sentir renforcé. Je prie aussi souventque possible, que ce soit pendant mes gardes ou au cours de missions spéciales.Les psaumes ont été écrits par un soldat, le roi David, dont nous savons qu’ila pris part à des guerres saintes tout au long de sa vie. Et d’ajouter : « ilest vrai que le roi David n’a pas été autorisé à construire le Temple parce quesa vie était dédiée au combat et qu’il a fait couler le sang. Mais il en aérigé les fondations pour son fils Salomon. Le Psalmiste a toujours étéconscient de se tenir à chaque instant debout devant Dieu et c’est pourquoi ilpriait pour que le Très Haut lui assure sa protection.