Coalition : une lente progression

Naftali Bennett a présenté ses excuses à Sara Netanyahou, après certains commentaires peu flatteurs. Le Premier ministre a enfin accepté de le rencontrer.

Heads of party lists for 19th Knesset 370 (photo credit: Knesset spokesperson)
Heads of party lists for 19th Knesset 370
(photo credit: Knesset spokesperson)
Enfin. Lundi 11 février, le Premier ministre Binyamin Netanyahou devaitfinalement rencontrer le leader d’Habayit Hayehoudi à Tel-Aviv. Mais Bennett ad’abord dû s’excuser publiquement devant Sara Netanyahou, l’épouse du Premierministre, pour avoir déclaré qu’il avait enduré un « cours de terrorisme » avecelle.
Bibi avait déjà rencontré les leaders des 12 factions de la Knesset depuisl’élection du 22 janvier, à l’exception de Naftali Bennett. Et même si, jeudi 7février, le Likoud avait annoncé une rencontre entre Netanyahou et le nouvelélu, le bureau du Premier ministre n’a pas contacté l’équipe de Bennett jusqu’àce que ce dernier s’excuse.
Le dernier face à face entre les deux hommes date d’il y a 5 ans, avant queBennett ne démissionne de son poste de directeur de cabinet de Netanyahou, pourcause de mésentente avec Sara. Dans une interview avec la radio militaire,dimanche matin, le leader d’Habayit Hayehoudi est revenu sur ses propos : « Lesattaques contre Sara Netanyahou sont inacceptables », a-t-il affirmé. « C’estune femme bonne qui aime son mari. Netanyahou a le droit de consulter sonépouse, tout comme je consulte la mienne. Si l’on veut critiquer la politiquede Netanyahou, c’est à lui qu’il faut s’adresser et non à elle ».
Selon les collaborateurs de Bennett, celui-ci entendait consacrer la réunion àses vues socio-économiques, qui comprennent la baisse du coût du logement, laréhabilitation des quartiers pauvres, une réforme de l’espace aérien pourouvrir à la concurrence face à El Al, et une réforme anticartel pour luttercontre le monopole des « tycoons » (comme sont surnommées les grandes fortunesisraéliennes).
Côté Netanyahou, il s’agissait surtout de savoir si Bennett serait prêt àrejoindre la coalition sans Yesh Atid. La rumeur rapporte en effet que Bennettet Yaïr Lapid auraient conclu un accord politique. Mais selon certains membresdu Likoud, le parti de la majorité serait prêt à accorder d’avantage deportefeuilles ministériels au leader d’Habayit Hayehoudi si celui-ci était lepremier à rejoindre la coalition.
La formation de Bennett vise la présidence de la commission parlementaire desFinances, ainsi que le ministère du Logement pour son leader. Celui-ci seraitégalement prêt à diriger un autre portefeuille économique d’importance tel queles Transports, ou encore l’Industrie, le Commerce et le Travail.
L’enrôlement des harédim, toujours au centre des discussions
Les négociationsavec Yesh Atid devaient également reprendre lundi. Au coeur des discussions :le ministère des Affaires étrangères, convoité par Lapid et Liberman. Unbrasde- fer est ainsi engagé entre les 2 hommes. A l’origine des tensions :l’insistance du chef d’Israël Beiteinou, Avigdor Liberman, qui a rappelé samedi9 février sur le plateau de Rencontrez la presse d’Aroutz 2, que Netanyahou luiavait promis le poste et le lui réservait jusqu’à son acquittement dans sonprocès en cours pour corruption. Lundi matin, Lapid rappelait son intérêt pourle ministère, faisant fi des affirmations du leader russophone et déclarant : «Liberman est le problème de Netanyahou, pas le mien ».
Selon Aroutz 10, si Lapid n’obtenait pas le ministère des Affaires étrangères,il pourrait accepter les Finances pour le donner à un économiste de professionet s’installer à la tête d’un ministère de moindre envergure. Il aurait déclaréaux membres du Likoud ne pas posséder les compétences nécessaires pour dirigerles Finances ou la Défense.
Dimanche, Liberman continuait ses attaques à l’égard de Lapid. « Sa présence auprochain gouvernement est recherchée, tant qu’il sait qu’il serait unpartenaire de coalition de premier plan, et non le Premier ministre par intérim», a lancé l’ancien ministre lors d’une conférence de presse à la Knesset.Liberman s’est également rapproché de Shas au cours des dernières semaines,après avoir, dans un premier temps, appelé à un gouvernement sans harédim.
En parallèle, Bennett a condamné les récentes attaques du mentor spirituel deShas, le rabbin Ovadia Yossef, à l’encontre d’Habayit Hayehoudi et de YeshAtid. « Ces déclarations de Shas contre notre parti et contre Lapid ne sont pasnécessaires », s’est indigné Bennett. « Je ne les prends pas personnellement.Mais il n’y a pas de monopole de la Torah.
Le monde de la Torah ne m’est pas moins cher qu’à Shas. On peut très bienétudier la Torah tout en faisant l’armée puis en travaillant ».
Samedi soir, le rav Yossef s’en est également pris à Lapid, le déclarant «condamnable » et l’accusant de « haïr les yeshivot ». Des commentaires qui fontsuite à l’insistance du chef de Yesh Atid pour augmenter le nombre de jeunesultra-orthodoxes enrôlés dans l’armée, dans le cadre des négociations en vued’une coalition. Lapid n’est pas le premier politicien à faire l’objet desattaques d’Ovadia Yossef lors de son sermon hebdomadaire du samedi. Au cours dela campagne électorale, le rabbin avait pointé du doigt Habayit Hayehoudi,l’accusant d’être une « demeure pour les goyim », pour laquelle les Juifsreligieux ne devraient pas voter.
Au cours de son entretien radiophonique, Bennett a expliqué la chute de sonparti à 12 mandats parlementaires (les sondages lui en prédisaient 15) par lamauvaise presse que lui ont personnellement fait deux personnalités médiatiques: le journaliste d’Aroutz 2 Amnon Abramovich et Mouli Seguev, créateur del’émission satirique Eretz Nehederet (Pays merveilleux).
Avant le scrutin, Abramovich a réalisé un reportage dépeignant le candidatd’Habayit Hayehoudi, Jeremy Gimpel, comme un extrémiste, revenant sur deuxdéclarations de ce dernier sur le Mont du Temple hors de leur contexte.
Quant à Eretz Nehederet, Bennett y est caricaturé comme un personnage illuminé,à l’extrémisme latent.