Corrompus : pourquoi sont-ils réélus ?

Un texte de loi prévoit de forcer les maires incriminés à se retirer.

Un des meilleursmoyens pour être élu maire d’une ville israélienne ? Etre mis en examen pourcorruption. Telle a du moins été la bonne stratégie pour Shlomo Lahiani (BatYam), Itzhak Rochberger (Ramat Hasharon) et Shimon Gafsou (Nazareth Illit).Tous 3 ont été suspendus pendant la campagne électorale par la Cour suprêmepour divers crimes financiers. Dans le cas de Lahiani, la suspension a même eulieu 2 jours avant le scrutin. Mais tous 3 ont été réélus, en tout bien touthonneur, dans leurs municipalités respectives.

Que faut-il penser de ce résultat, moralement parlant ? Et que nousenseigne-t-il sur la façon dont les Israéliens perçoivent le système judiciaireet la Cour suprême en particulier ? On pourrait d’abord répondre qu’après lesavoir renvoyés, la Cour, notablement mal à l’aise, leur a néanmoins permis dese présenter à leur propre succession et que la présomption d’innocence aprévalu aux yeux des électeurs.
Mais on pourrait tout autant prétendre qu’entre les élus et la Cour, le publica tranché en faveur des premiers aux dépens de la seconde. Une analyse àprendre en considération. Voilà près d’un an que l’instance suprême estrégulièrement malmenée, attaquée de tous bords pour ses arrêtés sur des sujetsaussi sensibles que les implantations et les émigrants en situationirrégulière. L’image des magistrats a également été écornée par différentsscandales et les récents propos du président de la Cour suprême lui-même, AsherD. Grunis ; il a laissé entendre que certains juges en exercice étaient de «véritables bombes à retardement » prêtes à exploser au visage de la justice.
Tout n’est pas perdu

Enfin, une autre réponse, plus troublante, ne peut êtreécartée : les électeurs seraient prêts à fermer les yeux sur des scandales decorruption, voire même des peines de prison, tant que les candidats sontcharismatiques et sympathiques. Le retour réussi d’Arié Déri, après une peinede prison et 7 ans d’interdiction de se représenter, pourrait en attester. Cetétat de fait représente un véritable camouflet pour la justice et, enparticulier cet arrêté de la Cour suprême datant de 1993, au cours duquel leprésident Aharon Barak avait déclaré : « La pureté d’esprit est le fondement duservice public et de l’Etat ».

Ses répercussions sur l’avenir de la politique israélienne sont égalementinquiétantes. Tout n’est cependant pas perdu. Actuellement à l’étude, unefuture loi pourrait forcer les maires officiellement mis en examen àdémissionner. De plus, le Mouvement pour une gouvernance de qualité en Israël asaisi la Cour suprême dès mercredi 23 octobre afin de faire renvoyer les élusincriminés.
Dans le cas de Lahiani, son procès a débuté dimanche 27 octobre et devrait aumoins durer jusqu’en juin 2014, à raison de 3 audiences par semaine. Lesmagistrats le laisseront-ils exercer jusque-là ? Réponse dans les semaines àvenir.