Fraternelles frictions

Lapid-Bennett: leurs opinions divergent radicalement sur les négociations avec les Palestiniens.

P6 JFR 370 (photo credit: Reuters)
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(photo credit: Reuters)
Deux « frères », un journal. Le ministre des Finances Yaïr Lapid(Yesh Atid) et le ministre de l’Economie et du Commerce Naftali Bennett(HaBayit HaYehoudi) semblaient jusqu’à présent d’accord sur tout, se donnant du« mon frère » à tout propos. Mais les entretiens qu’ils ont tous deux donné aujournal américain The Washington Post la semaine dernière font apparaître denettes divergences.
Objet du différend ? Les négociations israélo-palestiniennes.
« Pour moi, il n’y a pas d’autre option que la solution à deux Etats. LesPalestiniens doivent avoir leur pays et les Israéliens doivent comprendre queles Palestiniens doivent avoir leur pays », a martelé Lapid. Selon le ministre,il s’agit d’arriver à « un honnête divorce », qu’il s’est engagé à promouvoir «autant que faire se peut ». Une position qu’il a visiblement revue depuis sondernier entretien avec un média américain.
Il y a quelques semaines, Lapid s’est en effet attiré les foudres de certainsde ses députés et de la gauche israélienne en affirmant au New York Times queJérusalem ne serait jamais divisée et qu’il ne s’opposerait pas à « l’expansionnaturelle » des implantations de Judée-Samarie. Cette fois-ci, il a aucontraire déclaré que « nous aurons d’autre choix que d’évacuer une grandepartie des implantations », précisant toutefois que les blocs d’Ariel, MaaléAdoumim et Goush Etzion resteraient sous souveraineté israélienne.
Mais tandis que Lapid affirmait que toute autre voie que la solution à deuxEtats signerait « la fin du sionisme », son partenaire de coalition NaftaliBennett semblait plus dubitatif. « On ne peut résoudre tous les problèmes.Parfois, il faut faire avec », a affirmé le ministre de l’Economie au mêmeWashington Post. Et de réitérer son appel à annexer la zone C de laJudée-Samarie et à donner à ses résidents arabes la pleine citoyennetéisraélienne, afin de mettre un terme au conflit territorial. « Les leaderspalestiniens n’acceptent même pas de reconnaître Israël en tant qu’Etat juif.Nous ne serons jamais d’accord, passons donc à autre chose », a poursuivil’élu.
« Dans les faits, nous sommes déjà dans une coexistence de terrain. Je vousl’accorde, on ne chante pas forcément Kumbaya tous ensemble le soir au coin dufeu, mais on arrive à s’entendre. Il y a environ 22 000 Palestiniens quitravaillent aux côtés des “colons”, comme vous dites, dans les usines et lescentres commerciaux de Judée-Samarie. En travaillant ensemble, on apprend à seconnaître et on se comprend mieux ».
« Réduire la haine » 
Selon Bennett, les Palestiniens « sauteraient surl’occasion d’obtenir la nationalité israélienne ». Le ministre ne s’est pas ditinquiet par la question démographique.
« Aujourd’hui, la croissance démographique est bonne en Israël, et elle estmême en train d’augmenter. Dans l’ensemble, le taux de fertilité arabe est enbaisse, tandis que le taux de fertilité juif est en hausse ». Quant au reste dela Judée-Samarie, Bennett a proposé d’y conférer aux Palestiniens « une pleineautonomie ». En dépit de ses objections à la solution à deux Etats, qu’ilqualifie de « suicide national », le ministre a affirmé qu’il n’empêcherait pasle gouvernement de négocier. « Je ne m’opposerai pas aux pourparlers, car c’estla direction que souhaite emprunter ce gouvernement. Parler ne fait pas de mal.Mais je doute fort que cela nous mène quelque part ».
Et d’expliquer : « Tous les leaders palestiniens se sont débinés au momentcrucial. Je doute vraiment qu’Abou Mazen (le dirigeant palestinien MahmoudAbbas) soit prêt à accepter Israël en tant qu’Etat juif. Il ne voudracertainement pas entrer dans l’Histoire pour cela ». Et Bennett de conclure : «L’heure est aux nouvelles idées. La voie actuelle nous mène depuis longtemps àl’échec et aux morts, il faut penser à une alternative. Commençons par fairedes affaires ensemble, vivre en commun, réduire la haine ».