Le retour du « maire préféré d’Israël » ?

Il concourt une cinquième fois pour la mairie de Raanana : Zeev Bielski espère reconquérir le cœur des habitants.

P11 JFR 370 (photo credit: Marc Israel Sellem)
P11 JFR 370
(photo credit: Marc Israel Sellem)

Zeev Bielski veutêtre, à nouveau, le maire de Raanana. Elu une première fois en 1989, puisreconduit dans ses fonctions trois fois, il quitte son poste lorsque l’ancienpremier ministre Ariel Sharon lui propose de diriger l’Agence juive en 2005.Bielski est alors l’un des édiles les plus populaires du pays, selon YediotAharonot qui lui décerne le titre de « maire préféré d’Israël » en 2005.

Le caractèreparticulier de la ville de Raanana tient en partie à son origine : une coloniefondée par des immigrants américains. Près d’un siècle plus tard, un dixième deses habitants sont encore anglophones, mais nombre de francophones les ontrejoints.

Aujourd’hui, lacité est résolument prospère, dotée d’un parc technologique qui fournit desemplois haut de gamme par le biais d’entreprises comme Microsoft etHewlett-Packard. Et à une époque où les tensions religieuses sont souvent misesen avant dans le pays, la majorité laïque de la ville et la minorité orthodoxemoderne sont souvent présentées comme un modèle de coexistence.

La ville accusecependant un déficit de centaines de millions de shekels, et sa populationdiminue. Quelques-uns des points auxquels Bielski affirme vouloir s’attaquers’il est réélu.

Agé de 64 ans,Zeev Bielski se positionne à bien des égards comme un candidat anglophone. Ilcite fréquemment sa femme et ses beaux-parents sud-africains, tous venus enIsraël avec lui, après son passage comme émissaire chargé de l’aliya au sein del’Agence juive, en Afrique du Sud, à la fin des années 1970. Ancien gradé del’armée israélienne et diplômé de l’Université hébraïque de Jérusalem, il estaussi israélien que l’on puisse l’être, mais, par son expérience à l’étranger,ses liens familiaux et sa résidence de longue date à Raanana, il se sentepartie prenante de la communauté anglophone.

« J’ai été mairependant près de 17 ans ici, et j’ai adoré chaque minute passée à ce poste »,explique-t-il pour justifier les raisons qui le poussent à solliciter unnouveau mandat. « J’ai été élu à quatre reprises, et la dernière fois, j’aiobtenu un vote de confiance de près de 80 %… Je n’envisageais pas de devoirquitter un jour Raanana. »

« Retourne à Raanana ! »

Cependant, quand ArielSharon fait appel à lui pour diriger l’Agence juive, il « ne pourra pas refuser». Il se souvient avoir eu les larmes aux yeux en quittant la municipalité,mais pense que « les habitants ont vraiment apprécié le fait que je parte enmission, une nouvelle mission juive et sioniste ».

Après un passageà la Knesset suite à son mandat à la tête de l’Agence juive, il se retrouvesans emploi. « Je n’ai pas cherché à renouveler mon mandat parlementaire,plusieurs options s’offraient alors à moi : me lancer dans les affaires,travailler pour une ONG, voire partir pour une autre ville. J’ai reçu denombreuses invitations d’autres municipalités. Beaucoup m’ont demandé : «Bielski, faites pour nous ce que vous avez fait pour Raanana », explique-t-il.

« Cependant,Raanana m’attirait irrésistiblement », poursuit-il. « Mon cœur me disait :“Zeevik, retourne là-bas, c’est un endroit que tu aimes”. Je connais chaquepierre de Raanana, chaque arbre, chaque jardin d’enfants, chaque école. J’aibeaucoup construit ici. J’étais impliqué dans de nombreux projets, et cela merendait très heureux. » Maintenant lancé dans la campagne pour un cinquièmemandat non consécutif, il parcourt les rues, assiste à des réunions et espèreêtre réélu prochainement.

La communautéimmigrante de la ville est particulièrement importante à ses yeux.

« Tout monentourage est anglophone », explique-t-il. « Toute ma vie je me suis occupé del’aliya. J’ai servi comme émissaire en Afrique du Sud. J’ai ensuite été nommé àla tête du département de l’aliya en Afrique du Sud. Quand je suis revenu, j’aiété l’un des fondateurs du Forum israélien, une organisation à but non lucratifqui traite des relations entre la jeune génération de la diaspora et la jeunegénération en Israël. »

Olim, un vivier précieux pour Israël

Sa belle-mère a toujoursinsisté pour qu’il tende la main à la communauté anglophone et ceci semble êtretout naturel pour un maire qui a passé la plus grande partie de deux décenniesà maintenir une politique de porte ouverte.

Il détaille : «Qui dit “Zeev Bielski” dit “porte ouverte, téléphone ouvert, 24 heures sur 24au service de la population”. J’ai bien l’intention de continuer à agirexactement comme je le faisais auparavant », promet-il. « Je répondraipersonnellement à chaque lettre adressée au maire dans les 24 heures. Je listous les courriers qui me parviennent. Je réponds personnellement, et fais ensorte que tout ce qui doit être fait le soit. Je parle avec les administrés. »Au cours de son précédent mandat, il lui arrivait de décrocher lui-même laligne de téléassistance municipale et de donner son numéro de téléphonecellulaire librement.

« J’écoutais lesélecteurs, qui me faisaient part personnellement de leurs problèmes », sesouvient-il. « Il ne faut pas attendre qu’une catastrophe se produise pour agir.S’il y a trop de plaintes sur un sujet particulier, il faut tâcher decomprendre le problème pour y remédier avant que cela ne prenne de l’ampleur.C’est ce que je vais m’employer à faire de nouveau. » Cette façon de faire,selon lui, « procure une énorme satisfaction aux habitants ».

Revenant sur laquestion des nouveaux immigrants, il souligne : « J’explique toujours auxIsraéliens qui sont nés ici, “écoutez, vous ne comprendrez jamais le ressentide celui qui fait son aliya”. Ceux qui arrivent en Israël de pays développésviennent par pure motivation sioniste. » Pour cette raison, il entend soutenirla communauté immigrante autant que faire se peut.

« Le processus del’aliya est un processus difficile », souligne-t-il. « C’est pourquoi je vaisêtre avec les Olim Hadashim. Je vais soutenir cette communauté, l’aider. Jesais combien leur présence est précieuse pour l’Etat d’Israël et pour la villede Raanana. »

Contrer l’exode

Bielski estime « regrettables » les difficultésbudgétaires actuelles de la ville et précise qu’il « n’aurait jamais puimaginer que Raanana puisse se trouver dans une situation financière commecelle d’aujourd’hui. » Une fois élu, il prévoit « d’apporter les changementsnécessaires pour stabiliser la situation financière. Certaines dépenses sontsuperflues, et je vais essayer d’œuvrer pour générer plus de revenus, fairevenir davantage d’entreprises à Raanana. A l’époque, j’avais réussi à amener lehigh-tech à Raanana.

Nous n’avonsjamais été une ville technologique, et regardez aujourd’hui la ligne d’horizonde Raanana. Vous voyez tous ces grands bâtiments ? J’ai personnellementcontribué à l’établissement de chacun d’entre eux. Je veux convaincre lesIsraéliens de venir s’installer ici et ainsi, augmenter les revenus de la villede façon spectaculaire. » Bielski déclare vouloir réduire les dépenses,notamment celles des consultants externes, et créer davantage d’emplois. « Lamunicipalité dépense beaucoup d’argent en experts extérieurs, en avocats etconseillers de toutes sortes. Pour ma part, j’estime que nous avonssuffisamment de personnel qualifié au sein de la municipalité pour ne pas avoirà investir de si grosses sommes » souligne-t-il. Une telle initiative « va nouspermettre d’économiser des millions et de favoriser l’éducation et l’aidesociale ».

Egalement parmises propositions : la construction d’une rocade autour de la ville pourdétourner le trafic de banlieue d’Herzliya et de Kfar Saba qui met à rudeépreuve les infrastructures locales.

Mais l’une de sesprincipales priorités, ajoute-t-il, reste d’attirer les jeunes par un programmedynamique de développement de logements. « Malheureusement, au cours des huitdernières années, les données démographiques n’ont pas été en notre faveur. Ily a eu plus de départs de Raanana que d’arrivées. Cela a été un choc pour moi», avoue-t-il. « Au début de mon premier mandat, Raanana comptait 50 000habitants. Quand je suis parti pour l’Agence juive, la population était passéeà 80 000. Depuis, ce chiffre a baissé – 68 300 aujourd’hui –, parce quemalheureusement, ces dernières années, nous n’avons pas construit de nouveauxappartements à Raanana. C’est pourquoi la plupart de la jeune génération nousquitte pour Kfar Saba, Hod Hasharon ou Herzliya. » Pour ce faire, il estpersuadé d’obtenir le soutien du Premier ministre, avec qui il dit avoir déjàabordé la question, et espère « relancer la construction de nouveaux quartiersà Raanana ».

« Dans cesnouveaux immeubles, nous prévoyons aussi de petits appartements, ce quipermettra à la jeune génération de rester à Raanana et de ne pas chercher à seloger ailleurs », ajoute-il.

Le train et lehigh-tech

Il réplique durement à son adversaire Eitan Gluck, qui a récemmentdéclaré : « Si la ville prospérait sous Bielski, c’était à une époque où lamunicipalité avait de l’argent. Maintenant, personne ne peut garantir depouvoir gérer la ville car les ressources sont épuisées. » « Ce n’est pas vrai», répond Bielski, « il n’y avait pas d’argent » quand il a été élu la premièrefois. « Il n’y avait pas de projets. Nous avons commencé à zéro, à partir derien, et nous avons construit une ville qui a servi de modèle à toutes lesmunicipalités d’Israël », affirme-t-il.

« Vous devezcomprendre, une cité comme Raanana dispose d’un budget annuel de 600 à 700millions de shekels. Il faut le traiter avec respect. Il faut savoir commentfaire fonctionner une organisation de cette taille, avec ses 1 800 employés.Nous avons su gérer cela comme il le fallait et c’est pourquoi la situationfinancière était si saine. C’est ce qui a attiré les nouveaux habitants. »Bielski ne résiste pas au désir de décocher une flèche à Eitan Gluck, etsoutient que ce serait une bonne idée pour les candidats à la mairie decommencer par siéger au conseil municipal pour « se faire les dents » avant deviser le plus haut poste.

En réponse à ladéclaration de son adversaire, pour lequel il existe à peine quelques moteursde croissance naturelle à Raanana et donc une possibilité réduite d’expansion àl’heure actuelle, au-delà de 3 000 à 4 000 unités de logement, Bielski affirmeque le potentiel est beaucoup plus important que ce qu’envisage Gluck.

« Nous avons dela place pour des milliers d’unités, nous avons de la place pour les centainesde milliers de mètres carrés de high-tech que je vais amener à Raanana. Nousallons aussi faire venir le train à Raanana d’ici deux ans, et je vaisdévelopper le high-tech là où se trouve le train, cela va de pair. Ce sera lemoteur de Raanana », explique-t-il. « Je vais encourager les commerces et lesentreprises à s’installer à Raanana… et grâce à cela nous allons connaître lacroissance. »