Potins de campagne

A un mois seulement des élections, la campagne électorale se poursuit. Encore moins axée sur l’essentiel, et toujours plus croustillante…

A l'image de la campagne : "Bouji" et Tzipi pastichés par des comiques de la célèbres émission satirique Eretz Néhédéret (photo credit: REUTERS)
A l'image de la campagne : "Bouji" et Tzipi pastichés par des comiques de la célèbres émission satirique Eretz Néhédéret
(photo credit: REUTERS)
C’est la crise au sein du Camp sioniste. Au point qu’Itzhak Herzog a envisagé d’imposer à certains membres de son parti – y compris à des candidats sur la liste à la prochaine Knesset – un test polygraphique. Le but de cette manœuvre : découvrir l’identité de celui ou de ceux qui ont informé la presse du rififi au sein du nouveau parti.
Le directeur de la campagne du Camp sioniste, Eitan Cabel, a cependant refusé pour l’heure d’utiliser les grands moyens, préférant se concentrer sur les élections et passer l’éponge sur les guerres intestines.
Dimanche soir, la 2e chaîne de télévision israélienne révélait les secrets du budget de la campagne. Ainsi Boaz Cabel, le frère d’Eitan Cabel, recevrait un salaire mensuel de 25 000 shekels, pour ses fonctions de « conseiller politique » du leader Itzhak Herzog. Sauf que dans les faits, il ne remplit pas ce rôle.
La 10e chaîne rapportait, quant à elle, que sur 17 bureaux de campagne aux quatre coins du pays, certains avaient trois directeurs, le parti ne parvenant pas à régler des disputes internes. 32 millions de shekels auraient ainsi été dépensés pour faire taire les insatisfaits. Comme Amir Peretz, qui aurait reçu un budget de 250 000 shekels. Ce qui lui permet, entre autres, de verser un salaire mensuel de 14 000 shekels à son frère Albert Peretz, nommé directeur du bureau de campagne du Sud d’Israël. Pas étonnant que le budget du Camp sioniste soit passé de 27,5 à 32 millions de shekels. Mais l’essentiel est que ça reste dans la famille...
A un mois du scrutin, ces révélations ne sont pas du meilleur goût pour le parti qui espère battre la droite à plate couture. Même si dans les sondages, l’écart se creuse avec le Likoud. Alors Herzog a sorti son joker. Il vient de faire appel au célèbre publicitaire et stratégiste Reouven Adler. Ce dernier devrait réveiller la campagne un peu plate du Camp sioniste, mais ses conseils auront un prix. Adler ne serait pas un grand admirateur de l’idée de rotation avec Tzipi Livni. Il aurait déjà conseillé au chef du parti travailliste de demander à sa numéro 2 de faire profil bas jusqu’au 17 mars…
Et pendant ce temps, à droite de l’échiquier…
A droite, le Likoud aussi compte ses sous. Après avoir été accusé de dépenser l’argent public pour assouvir ses goûts de luxe, le couple Netanyahou se défend. Dans un nouveau clip, Sara « la mal aimée » fait faire un tour du propriétaire au célèbre décorateur israélien Moshik Glamin. Tapis élimé, porte qui grince et peinture écaillée, le manoir de la rue Balfour perd de son brillant. On aurait presque les larmes aux yeux d’imaginer le Premier ministre israélien vivre dans un tel taudis… Heureusement, le contrôleur de l’Etat Yossef Shapira devrait publier dans les prochains jours son rapport sur les dépenses de la résidence du Premier ministre. On en saura alors plus sur le train de vie du couple au pouvoir. Un suspense insoutenable…
Suspense encore au sujet de l’avenir politique de la députée Balad, Hanin Zoabi, et du candidat Yahad, Baroukh Marzel. La Commission centrale des élections a interdit leur candidature à la prochaine Knesset. Une décision qui sera soumise dans les prochains jours à la Cour suprême, qui a l’habitude de rejeter de tels décrets.
La campagne vole donc bas. Les candidats se tirent dans les pattes, à coup de clips humoristiques et de scandales. Mais à un mois du scrutin, il est temps de passer aux choses sérieuses. La 2e et la 10e chaînes de télévision ont invité les principaux prétendants à participer à un débat télévisé. Pour l’heure Itzhak Herzog, qui appelle le chef du gouvernement à un débat depuis plusieurs semaines, a confirmé sa présence, aux côtés de Yaïr Lapid, Moshé Kahlon, Avigdor Liberman, Naftali Bennett, Zehava Gal-On et Eli Yishaï. Un seul nom manque à la liste : celui du Premier ministre. Benjamin Netanyahou, au départ très récalcitrant, pourrait finalement céder à la pression. Mais ce ne sera pas sans condition. Le chef du Likoud aurait exigé que la numéro 2 du Camp sioniste, Tzipi Livni, participe également à l’échange. Et le débat devra avoir lieu après son discours au Congrès du 3 mars prochain. D’ici là, la campagne risque bien de ne pas décoller…
Un vote informé
Pendant que les candidats évitent les sujets de fond, un nouveau site internet prend le relais. Les volontaires de l’organisation Kol Oleh ont traduit les plateformes des 11 partis en lice en anglais, français, espagnol et italien. Objectif : donner aux olim la possibilité de se documenter dans leur langue maternelle sur les sujets clés de ces élections.
Kol Oleh part du principe que les immigrants en général, et les Français en particulier, ont souvent un vote de diaspora, inspiré par des préoccupations sécuritaires, un vote instinctif et pas forcément informé. Le nouveau site Kololeh.com propose donc de vérifier ce que les différents partis proposent et de s’ouvrir au paysage politique israélien dans son ensemble. A préciser : l’association se dit apolitique et défend une égalité face à l’information.
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