Les 7 différences

Burkini et rentrée des classes

Une rentrée sous haute surveillance (photo credit: REUTERS)
Une rentrée sous haute surveillance
(photo credit: REUTERS)
Comme prévu, les terrifiantes images de ce qui se passe en Syrie, où le martyre des populations continue dans l’indifférence totale, ont quitté la première page des quotidiens français. Il y a des sujets bien plus intéressants. Le burkini d’abord, cette étrange tenue de bain venue d’Australie il y a une quinzaine d’années à peine et qui se veut une improbable synthèse entre burka et bikini.
La burka, signe distinctif d’appartenance à la religion musulmane et de la soumission de la femme à la volonté des maris, des pères ou des frères, est le voile intégral qui couvre aussi le visage. Le port en est interdit en France depuis 2011. Le burkini, lui, ne cache ni le visage ni les mains. Droite et Gauche se déchirent en France sur le port de ce vêtement à la mer. D’ores et déjà, il est clair que ce sera là l’un des thèmes phare de la campagne présidentielle de l’an prochain. Le reste du monde observe avec une certaine gêne les arguments des uns et des autres. En Occident, la gauche libérale est contre. En Israël, ce pays si souvent montré du doigt, les femmes arabes le portent sans états d’âme et sans crainte sur les plages publiques.
Le hasard du calendrier a fait que, cette année, un peu plus de deux millions de petits Israéliens et de douze millions de petits Français, ont pris le chemin de l’école en ce même jeudi 1er septembre. Dans l’un et l’autre pays, les journaux télévisés ont fait une large part à cet événement. En Israël d’abord, où la rentrée a eu lieu dans la joyeuse pagaille habituelle. Saluant le garde bon enfant à l’entrée, papas et mamans émus ont accompagné jusque dans la salle de classe les plus jeunes, fiers de leur nouveau cartable à roulette ou sac à dos à l’effigie des héros à la mode, bourré de cahiers et de crayons. Quantité de selfies ont commémoré le grand jour et les grands-parents ont été littéralement « bombardés » de clichés qui seront précieusement conservés dans les albums de famille.
De l’autre côté de la Méditerranée, en France, l’ambiance est bien différente. On assiste à une mobilisation sans précédent des forces de l’ordre : policiers ou soldats en faction devant certains établissements, contrôles rigoureux à l’entrée des maternelles, où les parents, le cœur serré, ne peuvent parfois pas accéder aux classes et doivent dire au revoir aux petits sur le trottoir. Pour les grands, on a prévu des cartes magnétiques déclenchant l’ouverture de tourniquets ou encore des postes de commande qui vérifient l’identité des élèves avant d’ouvrir grilles ou portes. Partout, des caméras placées à des emplacements stratégiques et reliées directement au commissariat local. Partout aussi, des parents inquiets. Le mot terrorisme est sur toutes les bouches. On parle aussi d’Islam radical, de Jihad. On évoque les terribles attentats qui ont frappé la France ces dernières années et les menaces proférées ouvertement sur les sites de l’Etat islamique. Au même moment, encore en Israël, c’est par dizaines que l’on compte les écoliers venus de France qui vont devoir affronter l’apprentissage d’une nouvelle langue et s’habituer à un nouveau pays.
Quel rapport avec l’interdiction du burkini ?, demanderont certains. D’autres auront compris qu’il s’agit peut-être de la réaction épidermique d’un public exaspéré devant un phénomène parfois perçu non pas seulement comme une atteinte à
la laïcité, mais encore comme une provocation sinon une menace diffuse de la part d’une minorité qui refuse l’intégration.
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