4 Mds de dollars pour l’économie palestinienne

L’initiative a été annoncée au Forum économique mondial par le secrétaire d’Etat américain John Kerry.

P5 JFR 370 (photo credit: Reuters/Jim Young)
P5 JFR 370
(photo credit: Reuters/Jim Young)
Un plan de relance de 4 milliardsde dollars. C’est ce qu’a annoncé le secrétaire d’Etat américain John Kerry auForum économique mondial, dimanche 26 mai. Le plan vise à relancer l’économiepalestinienne moribonde. « Ce projet est plus large, plus courageux et plusambitieux que tout ce qui a été proposé depuis les accords d’Oslo, il y a 20ans », a déclaré le diplomate lors de la séance de clôture du Forum, qui s’esttenu pendant 3 jours sur les rivages jordaniens de la mer Morte.
Le président Shimon Peres et le leader de l’Autorité palestinienne MahmoudAbbas étaient assis côte à côte au premier rang et se sont également exprimésau cours de la séance de clôture.
Economie et politique, main dans la main Selon Kerry, ce plan économique, qui aété approuvé par le Premier ministre Binyamin Netanyahou, est viable. Il seradirigé par l’envoyé spécial du Quartet, Tony Blair, avec le soutien de lacommunauté des affaires internationales.
Objectif : se concentrer sur le secteur privé palestinien, un facteur clef pourdévelopper l’indépendance économique de Ramallah. Les chiffres affichés sontambitieux : augmenter le PIB palestinien de 50 % en 3 ans, et faire tomber lechômage de 21 % à 8 %, soit une réduction de deux tiers. Une dynamique quiprofiterait également à Israël et à la Jordanie, a souligné John Kerry, enévoquant un nouveau modèle consistant à investir économiquement pour créer unchangement.
« Ceci contribuera à bâtir le futur. Est-ce fantaisiste ? Je ne le crois pas »,a lancé le diplomate. Avant de rappeler qu’une bonne économie palestinienne neserait rien sans processus de paix. « L’approche politique est centrale, etc’est notre priorité », a-t-il martelé. « L’absence de paix », a poursuiviKerry, « c’est en réalité la guerre perpétuelle, même de faible intensité.Sommes-nous prêts, et voulons-nous vivre dans une intifada permanente ? » Laplus grande menace pour les Israéliens et les Palestiniens est l’absence depaix, a martelé le secrétaire d’Etat, qui a dévoilé son plan après deux mois denégociations intenses pour relancer les pourparlers entre Jérusalem etRamallah, gelés depuis décembre 2008.
Au début de son discours, Kerry a plaisanté en agitant un bout de papier : «J’ai ici un accord, vous êtes invités à signer si vous le voulez bien ». Puisd’ajouter plus sérieusement : « Les négociations ne peuvent réussir si vous nenégociez pas ».
« Asseyons-nous ensemble » 
De son côté, Abbas est monté à la tribune muni d’unecopie de l’Initiative de Paix arabe, basée sur les frontières de 1967 avecéchange de territoires mineurs. Exhortant Israël à accepter ce plan, le leaderpalestinien a ajouté que l’Etat hébreu obtiendrait ainsi la paix, non seulementavec les Palestiniens mais aussi avec tout le monde arabe et musulman. Et desouligner deux points cruciaux à ses yeux : la justice pour les réfugiéspalestiniens ainsi que pour les prisonniers, en dépit de « tentatives poursortir la question des réfugiés des pourparlers ». Le dirigeant a égalementaccusé Israël de ne pas respecter son engagement de 1993 à libérer lesprisonniers. Les Palestiniens, a conclu Abbas, n’accepteront pas l’idée d’unesolution intérimaire, et en particulier, de frontières temporaires.
Peres a modifié son discours original pour réagir aux propos d’Abbas, sanstoutefois lui répondre point par point. Le président a rappelé qu’à unecertaine époque, il avait eu le sentiment, face à l’OLP que la solution à deuxEtats était impossible. Mais aujourd’hui son sentiment est différent. Et delouer l’Initiative arabe.
« Asseyons-nous ensemble. Vous serez surpris de constater tout ce qui peut êtreréalisé par des échanges directs, ouverts et coordonnés », a affirmé leprésident. « Mes amis, nous et nos voisins palestiniens devons retourner à latable des négociations aussi vite possible et faire la paix. Président Abbas,vous être notre partenaire et nous sommes le vôtre.
Vous partagez nos espoirs et nos efforts pour la paix, et nous partageons lesvôtres. Nous pouvons et nous devons rendre cela possible. Nous ne pouvonslaisser les obstacles remporter la bataille. L’histoire nous jugera sur lesrésultats, et non sur le processus ». Peres a reçu une ovation à la fin de sondiscours.
« Frontières d’Auschwitz » 
Un enthousiasme loin d’être partagé par tous lesmembres du gouvernement Netanyahou. Interrogé à ce sujet dimanche 26 mai, leministre des Relations stratégiques Youval Steinitz (Likoud-Beiteinou) a bottéen touche : « Je ne savais pas que Peres était devenu porte-parole dugouvernement ». Et de continuer : « La position du président d’Israël estrespectée, mais c’est le gouvernement qui prend les décisions politiques, et jepense que ce genre de déclarations nuit à notre position, certainement à laveille d’une reprise de négociations ».
De son côté, le ministre du Tourisme Ouzi Landau (Likoud- Beiteinou) a qualifiéles lignes pré-1967 de « frontières d’Auschwitz », une référence à une célèbrecitation de l’ancien ministre des Affaires étrangères Abba Eban en 1969. « Quelgenre de pays voudrait se lancer dans des négociations qui in finel’empêcheront de se défendre ? » Côté palestinien, le négociateur en chef del’OLP Saeb Erekat s’est félicité des propos de Shimon Peres, mais s’est dit «troublé », par les réactions de certains ministres du gouvernement. « Je saisque vous êtes une démocratie, mais, en général, une coalition a un programme »,a taclé Erekat, avant d’ajouter que « le monde entier sait qu’un Etat dans lesfrontières de 1967 est la solution. Mais, apparemment, nous devons encore enconvaincre Netanyahou ».
Ce que le ministre de la Défense passive Guilad Erdan (Likoud- Beiteinou) aensuite qualifié de « Houtspa » (impertinence), venant du Fatah, le partipalestinien étant lui-même en cours de négociations de réconciliation avec leHamas, qui rejette la solution à deux Etats et même le droit d’Israël àexister.