France-Israël, un couple qui marche

La France affiche sa détermination à se rapprocher toujours plus de l’Etat hébreu pour un partenariat fructueux dans le domaine de la recherche et de l’innovation.

France-Israël, un couple qui marche (photo credit: Ambassade de France)
France-Israël, un couple qui marche
(photo credit: Ambassade de France)
Si l’Etat hébreu est volontiers fustigé sur le plan politique, il est plaisant de le voir courtisé sur la scène économique et dans le domaine de l’innovation. Alors côté bonnes nouvelles, à noter que la relance de l’innovation par l’Hexagone, annoncée par François Hollande lors de son dernier voyage en Terre promise, a donné le coup d’envoi à de nombreux projets qui mettent Israël au premier plan. La détermination de la France à se rapprocher du pays bleu blanc n’est pas un effet d’annonce, et se voit au contraire concrétisée par des faits.
Rencontre avec Anne Baer, attachée au ministère des Affaires étrangères, chargée des partenariats entre les deux pays dans le domaine de l’innovation et des nouvelles technologies, notamment du projet FIRAD, et Aurélie Guthmann, représentante de Bpifrance, la banque publique d'investissement et de financement des entreprises.
- En marge des dissonances politiques, Israël et la France ont-elles des perspectives communes ?
Anne Baer : Bien sûr. La diplomatie économique du ministère des Affaires étrangères confirme qu’Israël est une priorité pour le Quai d’Orsay. Au titre de l’innovation, Israël peut beaucoup apporter et échanger avec ses homologues français. Le cadre de travail entre les deux pays s’appuie sur des accords bilatéraux signés il y a plus de 20 ans déjà.
Aurélie Guthmann : Certes d’autres pays comme la Corée et le Japon éveillent aussi l’intérêt de la France. Pour autant Israël est un partenaire privilégié très prisé dans l’Hexagone par les acteurs de ce secteur.
- En quoi la détermination de la France à se rapprocher d’Israël s’est-elle concrétisée ?
A. B. : Une fois de plus, Israël sert de pilote. C’est le premier pays choisi en février pour mettre en place un nouveau dispositif appelé « Expertise Technique Innovation » déployé par les Affaires étrangères. C’est aussi pour Bpifrance, la banque française d’investissement, une première que d’avoir nommé un représentant permanent en poste à Tel-Aviv en la personne d’Aurélie Guthmann.
A. G. : Et c’est aussi une première en termes de synergie, entre Ubifrance (l’Agence française pour le développement international des entreprises) et Bpifrance. Une fusion de plusieurs acteurs de l’investissement en un seul guichet libre est une bonne nouvelle pour les entreprises qui voient leurs démarches de financement facilitées.
- Quel est l’atout majeur du couple franco-israélien ?
A. B. : Les complémentarités. La France est un vieux pays industrialisé au contraire d’Israël et elle a ses entrées, parfois dans des pays où Israël n'en a pas, et vice-versa : Israël a su mettre un pied dans certains territoires où les Français sont en grande concurrence et les Israéliens par leur agilité font d’excellents émissaires pour les technologies françaises.
A. G. : Et sur le plan culturel aussi. Malgré les fossés qu’il peut y avoir, les deux pays dialoguent très bien. Beaucoup de personnes font la passerelle et sont disponibles et actives au niveau des échanges, aussi bien économiques que financiers et culturels. Sans oublier les avantages pratiques, à savoir que ce n’est qu’à 4 h 30 d’avion avec une heure seulement de décalage horaire.
- Quelles sont les limites de ces complémentarités ?
A. B. : Il se peut que dans la culture de management il y ait des choses à prendre dans chaque pays. D’ailleurs les équipes de recherche témoignent, dans le cas de développement de projets conjoints, avoir appris les unes des autres en matière de méthode de travail. En Israël, c’est moins méthodologique, pourtant en R&D (Recherche et Développement), c’est fondamental. Les Français sont un exemple en matière de rigueur et de méthodologie.
A. G. : Les Israéliens de leur côté ont beaucoup à apporter en terme de dynamisme, réactivité, créativité et audace.
A. B. : Et les deux ont appris à faire avc leur bureaucratie !
- En quoi la France devient-elle incontournable aussi pour Israël ?
A. B. : Les Français disposent de centres de recherche et de financements publics, à un niveau qui n’existe presque nulle part ailleurs. Le CNRS représente 3,4 milliards d’euros de budget avec quelques centres à l’international et notamment celui de Jérusalem ; le CEA 4,7 milliards (Commissariat à l’énergie atomique) ; l’INSERM (domaine médical et santé), 867 millions d’euros ; le CNES (Centre national d’études spatiales) 2 milliards 880 millions ; l’INRA (agronomie, agriculture) et l’INRIA (high-tech) 265 millions.
A. G. : A cela il faut ajouter le soutien aux PME et entreprises (jusqu’à 2 000 employés) pour lesquelles Bpifrance mobilise annueement ue enveloppe de 18 milliards d'euros. Du financement à la garantie, en passant par l’investissement en fonds propres : il y a donc plusieurs outils qui permettent d’accompagner la PME depuis sa création à sa R&D et à son internationalisation.
Le dispositif FIRAD (France-Israel Industrial R&D Cooperation Framework) est le dernier de ces outils, destiné à promouvoir un programme franco-israélien de coopération en matière de recherche et développement, et qui finance des pojets conjoints d'entreprises israéliennes et françaises. Sa première édition, lancée par les deux pays en mars 2014, a remporté un succès immédiat, avec 15 projets déposés pour un budget total de 120 millions de shekels. Les projets concernés promettent une révolution dans le stockage de l'énergie solaire, la décontamination des sols par le charbon actif, les transplantations d'organes, la circulation sanguine par pompe mécanique, ou la prévention des crashs aériens, pour n'en citer que quelques-uns. "Notre approche est multisectorielle et très pragmatique; si le projet est bon, il est finançable, peu importe de quel secteur il relève", affirme Anne Baer. Initiée par le pôle scientifique du ministère de l'Economie israélien et Bpi France, une deuxième édition du dispositif FIRAD a été lancée.
Tous les israéliens porteurs d'un projet technologique, en quête d'un partenariat français, et tous les Français en quête d'un partenariat israélien, ont jusqu'au 30 novembre pour postuler et se faire connaître auprès de l'ambassade de France en Israël.

 

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