“Irrévérence et provocation” : le nerf du dessin de presse L’aventure plaît à Kichka. “J’ai aimé ce regard déjanté, critique, sur la vie et le quotidien”, confie-t-il, même s’il n’est pas toujours évident de traiter de l’actualité.“J’étais sur le plateau, par exemple, au moment de l’Intifada. Et l’Intifada, ce n’est pas mai 68 !” Le dessin de presse, c’est autre chose que le dessin en général, expliquet- il. “Il se passe tellement d’événements forts en Israël, et dans le monde”, souligne Kichka. “Ce plateau de télévision, c’était un privilège. Je pouvais exprimer mes idées. L’objectif, ce n’est pas de faire rire, c’est de livrer son point de vue.Et si cela peut faire sourire, c’est bien.Enerver : encore mieux.”Le monde du dessin traverse également les aléas du millénaire naissant. Il est secoué par les événements du 11 septembre 2001.“Comment dessine-t-on ce genre de choses ?”, s’est-on alors interrogé. Peu après, éclate l’affaire des caricatures de Mahomet. Difficile de trouver un équilibre, semble-til.En parallèle, indique Kichka, un concours de dessin négationniste est organisé à Téhéran. Le monde est en mouvement, qui donne du fil à retordre au dessin de presse.“Attiser la haine, c’est la solution de facilité.”La difficulté réside plutôt dans la volonté de rompre cette chaîne malfaisante.En 2006, Plantu fonde une association en ce sens. Le premier séminaire de “Cartooning for peace” a lieu aux Nations unies, à New York, sous le parrainage de Kofi Annan. Le thème : “Désapprendre l’intolérance”.Sur place, douze dessinateurs de toutes origines se retrouvent : ils sont américains, européen, arabe, israélien, japonais et africain. Les artistes arrivent tous à une même conclusion : les religions se radicalisent dans le monde entier. Les extrémistes cherchent à s’imposer. Et la communication est la clé pour désamorcer les tensions.“Construisons des ponts avec nos crayons”, appelle Plantu lors du congrès.“Les artistes ont le pouvoir de fédérer”, complète Kichka, largement impliqué dans le projet. “Parmi eux, on trouve les personnages les plus ouverts !” Désormais enseignant à l’école des Beauxarts de Jérusalem, l’illustrateur reste un profond humaniste. Sa seule arme pour agir : un crayon de papier. Le dessin de presse, s’il peut être grinçant, revêt une fonction thérapeutique. Surtout dans une région en conflit, insiste-t-il.Le fait est que son travail plaît. Jusqu’aux hautes sphères du gouvernement français qui décide de l’élever au rang de Chevalier des Arts et des Lettres. “Une très grande surprise”, commente Kichka dont les yeux brillent à la simple évocation de la soirée du 8 novembre. “Je ne m’y attendais pas du tout... La nouvelle m’est tombé dessus comme la foudre !” L’honneur est grand, et le dessinateur en est conscient. “C’est une grande émotion.Parce que c’est une décoration que vous ne demandez pas : on estime que vous la méritez et on vous la remet. C’est beaucoup de fierté, et quelque part, davantage de responsabilités.”La pression est forte pour Michel Kichka, déjà investi dans un nouveau projet. Un roman graphique autobiographique verra le jour en mars prochain, aux éditions Dargaud.
Un crayon pour lutter
Des dessins qui parlent, des caricatures qui dénoncent, des images qui font sourire ou effraient...
“Irrévérence et provocation” : le nerf du dessin de presse L’aventure plaît à Kichka. “J’ai aimé ce regard déjanté, critique, sur la vie et le quotidien”, confie-t-il, même s’il n’est pas toujours évident de traiter de l’actualité.“J’étais sur le plateau, par exemple, au moment de l’Intifada. Et l’Intifada, ce n’est pas mai 68 !” Le dessin de presse, c’est autre chose que le dessin en général, expliquet- il. “Il se passe tellement d’événements forts en Israël, et dans le monde”, souligne Kichka. “Ce plateau de télévision, c’était un privilège. Je pouvais exprimer mes idées. L’objectif, ce n’est pas de faire rire, c’est de livrer son point de vue.Et si cela peut faire sourire, c’est bien.Enerver : encore mieux.”Le monde du dessin traverse également les aléas du millénaire naissant. Il est secoué par les événements du 11 septembre 2001.“Comment dessine-t-on ce genre de choses ?”, s’est-on alors interrogé. Peu après, éclate l’affaire des caricatures de Mahomet. Difficile de trouver un équilibre, semble-til.En parallèle, indique Kichka, un concours de dessin négationniste est organisé à Téhéran. Le monde est en mouvement, qui donne du fil à retordre au dessin de presse.“Attiser la haine, c’est la solution de facilité.”La difficulté réside plutôt dans la volonté de rompre cette chaîne malfaisante.En 2006, Plantu fonde une association en ce sens. Le premier séminaire de “Cartooning for peace” a lieu aux Nations unies, à New York, sous le parrainage de Kofi Annan. Le thème : “Désapprendre l’intolérance”.Sur place, douze dessinateurs de toutes origines se retrouvent : ils sont américains, européen, arabe, israélien, japonais et africain. Les artistes arrivent tous à une même conclusion : les religions se radicalisent dans le monde entier. Les extrémistes cherchent à s’imposer. Et la communication est la clé pour désamorcer les tensions.“Construisons des ponts avec nos crayons”, appelle Plantu lors du congrès.“Les artistes ont le pouvoir de fédérer”, complète Kichka, largement impliqué dans le projet. “Parmi eux, on trouve les personnages les plus ouverts !” Désormais enseignant à l’école des Beauxarts de Jérusalem, l’illustrateur reste un profond humaniste. Sa seule arme pour agir : un crayon de papier. Le dessin de presse, s’il peut être grinçant, revêt une fonction thérapeutique. Surtout dans une région en conflit, insiste-t-il.Le fait est que son travail plaît. Jusqu’aux hautes sphères du gouvernement français qui décide de l’élever au rang de Chevalier des Arts et des Lettres. “Une très grande surprise”, commente Kichka dont les yeux brillent à la simple évocation de la soirée du 8 novembre. “Je ne m’y attendais pas du tout... La nouvelle m’est tombé dessus comme la foudre !” L’honneur est grand, et le dessinateur en est conscient. “C’est une grande émotion.Parce que c’est une décoration que vous ne demandez pas : on estime que vous la méritez et on vous la remet. C’est beaucoup de fierté, et quelque part, davantage de responsabilités.”La pression est forte pour Michel Kichka, déjà investi dans un nouveau projet. Un roman graphique autobiographique verra le jour en mars prochain, aux éditions Dargaud.