Viol fatal : l’Inde se révolte

La jeune femme victime d’un viol collectif est décédée suite à ses nombreuses blessures.

Candlelight vigil for Indian gang rape victim 370 (R) (photo credit: Ahmad Masood / Reuters)
Candlelight vigil for Indian gang rape victim 370 (R)
(photo credit: Ahmad Masood / Reuters)
Une jeune femme de 23 ans, victime d’un viol collectif dansun bus de New Dehli le 16 décembre, est morte de ses blessures. Un décès quisoulève un véritable débat sur la violence envers les femmes en Inde. Depuisl’annonce de sa mort, les manifestants se sont regroupés à New Delhi et dans lereste du pays, afin de faire pression sur le Premier ministre, appelé à mettreun terme aux violences faites aux femmes. 
Le gouvernement, craignant desréactions à l’annonce de la mort de la victime, a déployé des milliers depoliciers, fermé dix stations de métro et barré quelques rues principales de laville. Le 25 décembre, un policier a trouvé la mort au cours d’affrontementsavec les protestataires, en colère contre la justice de leur pays. La plupartdes viols restent impunis en Inde et l’opinion espère désormais que cetteénième tragédie fera évoluer les choses.
La jeune femme a été surnommée « la fille de l’Inde » par la population. Soncorps a été transporté dans cercueil jaune et or avant d’être brûlé sur unbûcher funéraire, comme le veut la tradition hindoue.
La cérémonie s’est déroulée en présence de sa famille et de responsables politiquesdans le quartier de Dwarka, au sud de la capitale indienne. Des centaines demanifestants ont ensuite défilé dans les rues pour demander une très sévèrepunition envers les auteurs du crime.
Un viol toutes les 18 heures 
Le 16 décembre, la jeune femme et son amirentraient chez eux après avoir été au cinéma. Dans le bus qu’ils empruntent,six hommes ivres les battent et violent la jeune femme à plusieurs reprises.Les deux victimes sont ensuite jetées hors du véhicule.
Au bout de quelques jours, l’étudiante en kinésithérapie est transférée àSingapour dans un état critique. « Elle a fait preuve d’un très grand courageen se battant ainsi pour rester en vie malgré ses nombreuses blessures », adéclaré Kelvin Loh, directeur de l’hôpital Mont Elisabeth de Singapour.
Cette attaque place ce sujet brûlant au coeur de l’actualité indienne. Le viol,les violences envers les femmes et les infanticides de fillettes fontmalheureusement très rarement partie du discours politique. Les leadersindiens, dont le Premier ministre Manmohan Singh, font voeu de rectifier ces «comportements sociaux honteux ».
« J’espère que toute la classe politique et toute la société sauront oeuvrerensemble pour faire de l’Inde un endroit bien meilleur pour les femmes », aajouté le dirigeant.
Une enquête menée en juin dernier par la Fondation Thomson Reuters a montré quel’Inde était le pire endroit au monde pour les femmes : les taux d’infanticidescroissants, le mariage des enfants et l’esclavage sont les principales raisonsévoquées. A New Delhi, un viol est commis toutes les 18 heures.
Sonia Gandhi, puissante présidente du Parti du Congrès indien, s’estdirectement adressée aux manifestants en affirmant qu’en tant que mère et quefemme, elle entendait leur peine. « Votre voix a été entendue », leur a-t-elledit. « Il nous faut de la détermination pour faire changer cette attitudesociale honteuse qui autorise les hommes à violer les femmes en toute impunité», a ajouté Sonia Gandhi.
Les six suspects ont été arrêtés et mis en examen pour homicide volontaire, arapporté la police. En Inde, la peine maximale pour meurtre est la peine demort.