Ramot, au carrefour des changements

Ce quartier nord de Jérusalem s’inscrit dans une mouvance de plus en plus religieuse

ramot (photo credit: © Marc Israël Sellem)
ramot
(photo credit: © Marc Israël Sellem)

A l’instar de nombreux secteurs de la capitale, l’histoirede Ramot est étroitement liée à celled’Israël, et aux conflits qui se sont succédé sur son territoire.

Au moment de la guerre d’Indépendance, la zone se trouve sur la ligne de front.Puis à l’issue de l’affrontement, elle est devenue propriété de la Jordanie. Lasituation évolue toutefois dans le sillage de la guerre des Six-Jours. Israëlcontrôle alors l’ensemble du territoire jordanien qui formait auparavant la Palestine sous mandatbritannique ; y compris les parties orientales de Jérusalem qui, après laguerre de 1948, se situaient au-delà des lignes de cessez-le-feu.
Aujourd’hui, Ramot, également connue sous le nom de Ramot Allon, est un grandquartier urbain au nord de Jérusalem. Elle a été fondée en 1974, dans ce quiest perçu comme le site de l’ancienne ville biblique de Rama, où le prophèteSamuel a vécu, est mort, et a été enterré. Comme il est dit : “Et Samuelmourut, et tout Israël pleura ensemble et porta le deuil. Et on l’enterra prèsde son domicile de Rama.” (Samuel 25 : 1) Selon les commentaires bibliques,Rama, qui d’après les normes actuelles n’était probablement pas plus grandqu’un village, se situait dans l’un des endroits les plus élevés des collinesde Judée. Précisément là où se trouve la Ramot moderne, à 885 mètres au-dessusdu niveau des mers. Aux abords de la ville actuelle, se trouve en outre unetombe que l’on dit être celledu prophète.
Le site, qui a été constamment habité depuis les temps bibliques, était un lieud’importance stratégique pour sa hauteur et sa proximité avec Jérusalem.L’Autorité des Antiquités bibliques a retrouvé des restes d’ustensiles deménage datant des époques hellénistique et romaine, ainsi que les vestigesd’une forteresse des Croisés, sorte de petit château ou de maison de campagnefortifiée. Les archéologues ont également découvert des tessons de poterie, desfragments de bocaux et autres pots de cuisson de la première période ottomane.
Dans le centre de Ramot, se dresse aujourd’hui un monticule que les habitantsarabes locaux ont baptisé Khirbat Tililiya. Il regroupe les restes d’uneancienne forteresse en ruine. Il n’est toutefois pas lié à la forteresse desCroisés et l’Autorité des Antiquités l’a daté de la période des Asmonéens etd’Hérode.
Evolution démographique

Ramot a vu le jour dans le cadre d’une chaîne dequartiers qui entourent Jérusalem ; la colline sur laquelle elle se trouvesurplombe les terres historiquement attribuées à la tribu de Benjamin.

Après la mort de Yigal Allon, ancien ministre et général, le quartier a étérebaptisé Ramot Allon, en l’honneur de celui qui s’était révélé un élémentmoteur dans la création de cette périphérie.
Située sur un axe nord-ouest du centre historique de Jérusalem, Ramot estconstruite sur deux crêtes allongées, d’environ 100 à 200 mètres au-dessus dela zone environnante. La route Golda Méir qui mène à Tel-Aviv divise en deux lequartier.
Point fort de Ramot : son accessibilité, en raison de son excellent réseauroutier.
A 50 minutes environ de Tel-Aviv et moins d’un quart d’heure du centre deJérusalem, le quartier est également à proximité du parc industriel Har Hotzvim(cinq à sept minutes en voiture).
Aujourd’hui, forte d’une population de plus de 60 000 âmes, Ramot compte parmiles plus grands quartiers de la capitale. Et comme nombre de ses voisins, ellea vu un changement démographique s’opérer en son sein. Au moment de safondation, comme la majorité des périphéries, ses premiers habitants étaientessentiellement des laïcs, agrémentés de quelques résidentssionistes-religieux.
Avec le temps, en partie parce que les prix des logements restaientrelativement bas, les ultra-orthodoxes se sont faits de plus en plus nombreux,jusqu’à devenir majoritaires. Aujourd’hui, 75 % de la population de Ramot estharedi.
Architectures d’hier et d’aujourd’hui

D’un point de vue architectural, diversstyles se côtoient. Les premiers bâtiments ont été construits dans le style“patio” : un ensemble d’immeubles réunis autour d’une cour centrale. D’autresont été érigés plus tardivement, indépendamment.

Dans l’intervalle, de grandes maisons ont vu le jour via notamment le projetBnei Beitecha, qui permet aux futurs propriétaires de recevoir des terres pourconstruire leurs propres habitations, familiales ou jumelées.
L’un des points de repère incontournables du quartier : la sculpture en bronzede dix mètres de haut, qui représente un drapeau américain se transformant enflammes, dévoilé dans le cadre d’un mémorial de 2 hectares pour les victimesdes attentats du 11 septembre 2001.
Situé dans ce qui est connu sous le nom de la Vallée d’Arazim, il a été lepremier monument en dehors de New York à lister les noms des 2 974 victimes. D’après lesculpteur Eliezer Weishoff, toutefois, le mémorial aurait dû être déplacé de 180mètres pour permettre le passage des gazelles en migration.
Une partie de la base de granit gris, issu des tours jumelles du World Trade Center d’origine, a été offerte par la municipalitéde New York.Parmi les personnalités qui ont assisté à la cérémonie de dévoilement dumonument à Ramot, on trouvait l’ambassadeur des Etats-Unis James Cunningham.
Ramot est toujours en expansion et abrite aujourd’hui une grande communautéanglophone. Selon Alyssa Friedland, de l’agence immobilière Re/Max Vision, lesprix dans le quartier, comme dans l’ensemble de la capitale, ont augmenté defaçon spectaculaire au cours des dernières années.
“La variété des styles de construction et de type d’appartements offre auxacheteurs un large choix”, précise-t-elle.
“Les petits appartements de trois pièces dans de grands complexes sont bonmarché et répondent aux nombreux couples jeunes, à la recherche de leurpremière habitation.”
Les logements de petite superficie sont également très prisés par la communautéultra-orthodoxe. Les prix varient de 1,2 à 1,35 million de shekels. Unappartement de quatre pièces peut coûter de 1,45 à 1,6 million de shekels, etune maison est estimée dans une fourchette de prix de 2 à 3,5 millions deshekels.
Certaines vastes propriétés bien aménagées avec un grand terrain ont même étévendues pour 6 millions de shekels.