Un roi à Sion ?

Arié King, directeur du Fonds pour la Terre d’Israël, estime être le seul candidat en qui Juifs et Arabes peuvent avoir confiance

P16 JFR 370 (photo credit: DR)
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Les spéculationsvont bon train quant aux chances du maire sortant de Jérusalem, Nir Barkat,face à son opposant Moshé Lion, récemment installé dans la capitale. Mais,alors que les pronostics sont encore flous, un troisième candidat a fait sonapparition sur la scène.

Arié King est le directeur du Fonds pour la terre d’Israël – un organismefinancé par le philanthrope américain Irving Moskowitz, qui s’efforce deracheter les biens immobiliers détenus par les Juifs avant 1948, dans la partieest de Jérusalem. Il est entré dans la course en clamant haut et fort que niBarkat ni Lion ne peuvent fournir un meilleur travail que lui.
Arié King est âgé de 40 ans. Il habite Maalé Hazeitim, un nouveau quartier juifsitué face au cimetière du mont des Oliviers. Depuis plusieurs années, ilconcentre ses efforts pour qu’un nombre croissant d’anciens biens immobiliersjuifs à Jérusalem-Est repassent sous contrôle juif.
Il ne cesse de répéter que Barkat, malgré ses nombreuses déclarations surl’indivisibilité de la ville entièrement placée sous souveraineté israélienne,est loin d’avoir tenu ses promesses sur le terrain. Et l’a même traitépubliquement de « dangereux gauchiste », prêt à renoncer à la souverainetéjuive sur la Vieille Ville et ses environs.
Ces cinq dernières années, King a failli, à plusieurs reprises, entrer auconseil municipal en tant que représentant du mouvement Union Nationale (ducourant de HaBayit Hayehoudi), mais en a été empêché pour des raisons internes.Aujourd’hui, il s’estime prêt à partir en campagne. Fin août, il aofficiellement annoncé sa candidature au poste de maire de Jérusalem.
Contre les constructions illégales

King est catégorique. Il assure être le seulcandidat à même de préserver l’unité de Jérusalem, tout en suscitant le respectet le soutien silencieux de la population arabe de la capitale.

« Les Arabes me font confiance. Ils me croient quand j’affirme que je vaisdéfendre leurs droits, en tant qu’habitants de la ville, pour obtenir des ruespropres, des conditions décentes pour la scolarité de leurs enfants etpréserver la sécurité dans leurs quartiers », soutient-il.
King est également opposé à la politique du maire, qui a retardé de nombreuxordres de démolition de construction arabe illégale. Il n’hésite pas à établirun parallèle avec la controverse qui entoure Beit Yonatan, un bâtiment de septétages construit sans les permis requis, dans le quartier de Silwan àJérusalem-Est, et propriété de résidents juifs.
« Nous savons tous que ce qui justifie le retard [de la démolition desconstructions arabes] — c’est la volonté d’empêcher la destruction des deuxderniers étages de Beit Yonatan, comme requis par le tribunal. Mais je dis aucontraire qu’il faut démolir ces deux étages. Si je suis élu, je le feraimoi-même de mes propres mains. Qui a besoin de ce bâtiment là-bas ? Si onaffirme que les mêmes mesures doivent être appliquées des deux côtés, on netouche pas à Beit Yonatan — et on ne touche pas non plus aux constructions arabesillégales. Je dis au contraire qu’il faut détruire les deux étages illégaux deBeit Yonatan et démolir de la même façon toutes les constructions arabesillégales. Si je suis élu, ce sera la première chose que j’entreprendrai. »

Dupain ou des jeux

Mais ce qu’il place en tête de liste de sa campagne, ce sontses préoccupations pour les habitants juifs de la capitale qui constituent lecœur de sa campagne. King s’attache en particulier aux besoins des résidentsdes quartiers périphériques de HaGuiva HaTsarfatit, Guilo et Talpiot-Est, lescirconscriptions qu’il représente sur sa liste au conseil municipal.

Pour le moment, aucune femme sur sa liste. Une situation que King entend biencorriger. Même s’il précise ne pas avoir encore trouvé de candidate appropriée.
Arié King ne manque pas de critiquer la politique du maire sortant à l’égard dela vie culturelle de Jérusalem. « Dans une ville où les ultraorthodoxesreprésentent 40 % de la population juive et les Arabes 36 % de la populationglobale – soit deux importants secteurs qui ne fréquentent ni les événementsculturels de la ville, ni les festivals – il ne reste qu’une minorité, dont unepartie en dessous du seuil de pauvreté qui ne peut, de toute façon, pass’offrir ce luxe. Alors, pour qui toutes ces dépenses ? Qui a vraiment besoind’une arène sportive, du Festival du vin, de la fête de la bière ou d’unecourse de Formule 1 ? Les habitants de Jérusalem ont besoin d’éducation, derues propres et de logements abordables, pas de divertissements », souligne-t-il.
Interrogé sur ses chances de victoire face au maire sortant et à un candidatsoutenu par le Likoud-Beiteinou (l’ancien ministre des Affaires étrangères,Avigdor Lieberman, est tout particulièrement derrière Moshé Lion), Arié King nesemble pas particulièrement inquiet. Il affirme jouir d’un très bon contactavec la population, bien maîtriser la situation sur le terrain et recevoir deséchos très positifs.
Pour autant, son choix est fait. Il ne cache pas que s’il n’est pas élu commeprochain maire, il préférerait se joindre à une coalition dirigée par Lionplutôt que par le maire sortant, Nir Barkat.