Israël cherche leader désespérément

Netanyahou, l’indécis, ou Livni, l’opportuniste ? Herzog, le timoré, ou Bennett, le pseudo-idéologue ? Liberman, le condamné ? Kahlon ou Lapid, les faux sauveurs ? La campagne bat son plein, mais les Israéliens ont-ils un vrai choix ?

Il n'y a pas si longtemps, la Knesset célébrait sa 19ème rentrée... Qui peut réellement concurrencer Netanyahou? (photo credit: REUTERS)
Il n'y a pas si longtemps, la Knesset célébrait sa 19ème rentrée... Qui peut réellement concurrencer Netanyahou?
(photo credit: REUTERS)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a servi son pays de façon admirable. Mais au cours de son dernier mandat, beaucoup l’ont accusé d’être indécis, jetant un voile sur sa carrière entière. Son incapacité à trancher n’a jamais été aussi évidente qu’au cours de ces deux dernières années. Celui que l’on appelait « l’homme de droite » s’est transformé en un politicien opportuniste qui n’avait qu’un seul souci : conserver sa place. Quand cela s’est avéré adroit, il a viré à gauche – en 2009, il a embrassé le projet d’un Etat palestinien et gelé pendant 10 mois les constructions en Judée-Samarie – ou à droite – c’est à son entêtement à construire à l’extérieur de la Ligne verte que l’on doit l’actuelle belligérance des Palestiniens. Mais ce que Netanyahou préfère, c’est ne pas faire de vagues et maintenir le statu quo. Une solution à sa survie politique, mais pas à la survie de la nation.
Ce qui est inquiétant, ce sont les différences croissantes entre la rhétorique du Premier ministre et ses actions sur le terrain. Malgré des discours va-t’en guerre au sujet de la situation sécuritaire, les récentes attaques terroristes ont souligné l’incapacité du gouvernement à assurer la protection de ses citoyens. Sans parler de la dernière guerre contre le Hamas, qui s’est avérée être un échec cuisant, à tous points de vue. L’hésitation du Premier ministre aux premières heures de l’opération était peut-être une preuve de sagesse, mais quand la lumière a été faite sur la menace des tunnels et que les tirs de roquettes se sont poursuivis, sa constante indécision est devenue injustifiable, perçue comme une preuve de faiblesse qui a certainement fait durer le conflit quelques semaines supplémentaires.
Enfin, Netanyahou n’a pas atteint ce qui était son principal objectif, à savoir, stopper la marche de l’Iran vers l’arme nucléaire. On peut certes le féliciter d’avoir mis le sujet iranien au cœur des préoccupations de la communauté internationale, mais la République islamique est tout de même parvenue à développer son programme nucléaire pendant l’ère Netanyahou, jusqu’à flirter dangereusement avec la production de la bombe atomique. Selon plusieurs rapports très crédibles, une réelle opportunité d’attaquer les infrastructures nucléaires iraniennes existait en 2012. Mais Netanyahou n’a pas appuyé sur le bouton. Aujourd’hui, tout porte à croire que cette fenêtre s’est refermée. En l’absence d’une menace militaire crédible, et au vu de la volonté de l’administration Obama de sauver la face en parvenant à un accord de façade avec Téhéran, il est presque certain que les mollahs accéderont à la bombe atomique.
Ces échecs étaient prévisibles. Netanyahou n’a jamais donné une vision claire d’un meilleur avenir pour Israël. Sa qualité de leader est analogue à celle d’un capitaine qui dirige son bateau dans la tempête. Sauf que le navire n’a pas de cap. Netanyahou remportera néanmoins les prochaines élections. Simplement parce qu’il est le moins pire d’entre les candidats.
Bibi, Tzipi et les autres
A titre de comparaison, un gouvernement dirigé par Tzipi Livni conduira le pays vers l’iceberg le plus proche. Livni est certainement la pire figure politique de l’histoire d’Israël. Son CV est une longue liste d’échecs colossaux. En tant que ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement d’Ehoud Olmert, Livni est à l’origine de la résolution 1701 des Nations unies, qui a laissé la sécurité du Sud Liban aux mains de la Finul, après la guerre contre le Hezbollah en 2006. Moins d’une décennie plus tard, le mandataire de l’Iran a amassé plus de 100 000 roquettes et perfectionne ses techniques guerrières en se battant pour le régime d’Assad, dans la guerre civile qui fait actuellement rage en Syrie.
Après sa victoire en 2009, la chef de file de Kadima a été dans l’incapacité de former un gouvernement. Elle a également été totalement insignifiante à la tête de l’opposition. Plus récemment, elle a échoué dans son rôle de négociateur avec les Palestiniens, chapeautant un inutile processus de 9 mois, qui comme tous les efforts de paix avant lui, s’est terminé par un élan de terrorisme palestinien. Ses récentes attaques contre Netanyahou – alors qu’elle a été la première à rejoindre sa coalition – sont les faits d’une politicienne en manque de confiance qui refuse de prendre les responsabilités de sa propre inefficacité, si ce n’est de son entière incompétence.
Et puis il y a les autres : Avigdor Liberman, Yaïr Lapid et Moshé Kahlon. Bien qu’il tente de modifier son image, Liberman est en perte de vitesse. Lapid n’a pas vraiment d’avenir politique, après un échec cuisant en tant que ministre des Finances. Au moins la moitié de ses mandats iront dans les bras de Kahlon, le nouveau héros de la justice sociale, qui comme Lapid avant lui, se présente sans agenda ; candidat caméléon qui sera au centre des débats jusqu’à ce que lui aussi échoue à changer le « système » et que la rue se tourne vers son prochain sauveur.
De pseudo-idéologues
Ce qui nous mène à ceux qui représentaient les deux espoirs des élections à venir, aux antipodes du spectre politique. Mais malheureusement, Itzhak Herzog et Naftali Bennett ont récemment prouvé qu’ils n’étaient pas prêts à assumer un mandat de leader.
Herzog est de loin le plus décevant. Trempé dans la tradition sioniste, il aurait pu être le premier leader de gauche depuis des décennies. Mais en joignant ses forces à Tzipi Livni, et en acceptant le principe d’une rotation, il a averti les citoyens qu’il n’avait pas l’étoffe pour assumer seul le poste. Qu’il prétende l’avoir fait pour le bien du pays, pour faire tomber Netanyahou à tout prix, n’a pas de sens puisque, selon les sondages, la liste commune ne rapporte que 5 à 7 mandats de plus au parti travailliste – le positionnant coude à coude avec le Likoud. De plus, le bloc de centre gauche ne parvient pas à former une coalition stable.
Le cas de Bennett est plus complexe. Bien qu’il soit devenu le visage de la droite dure, un présumé féroce opposé à tout compromis territorial, de récentes déclarations laissent penser qu’il n’est pas l’idéologue accompli qu’il prétend être. Lors de son apparition au forum Saban début décembre, Bennett a contredit ses positions précédentes en affirmant que, s’il est élu Premier ministre, il n’annexera pas la zone C de Judée-Samarie, suggérant que ce processus pourrait prendre plus de quatre décennies. En même temps, il a appelé à renforcer la coopération avec le leadership palestinien. En d’autres termes, s’il se voit donner l’opportunité de diriger le pays, Bennett comme Netanyahou, tentera de conserver le statu quo, autorisant la construction d’un millier de logements supplémentaires dans les implantations de Judée-Samarie déjà existantes. D’après ses déclarations, il n’est qu’un autre pseudo-idéologue, dont les actions s’éloigneront des discours de campagne à la minute où il accédera au pouvoir.
L’amère vérité est donc qu’Israël souffre aujourd’hui de l’absence d’un vrai leadership.
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