L'Autorit? Palestinienne critiqu?e pour avoir prorog? le rapport Goldstone

LAutorit? Palestinienn

L'Autorité Palestinienne a essuyé de vives critiques pour avoir accepté de déférer le rapport du Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU qui avalise les recommandations de la Mission d'établissement des Faits à propos de l'opération « Plomb Durci ». Certains Palestiniens accusent la direction palestinienne « d'aider Israël à enterrer ses crimes » commis dans la bande de Gaza, tandis que d'autres ont appelé à poursuivre en justice les responsables, pour trahison des intérêts palestiniens. Des centaines de Palestiniens ont ainsi manifesté dans la bande de Gaza, exprimant leur colère face à la décision de l'Autorité Palestinienne de « tuer le rapport ». Vendredi, lors du sommet du Conseil des Droits de l'Homme à Genève, le Pakistan, au nom de l'Organisation de la Conférence Islamique, a officiellement demandé de remettre au mois de mars prochain la résolution supportant le rapport. La décision de reporter le vote a été prise par le Président de l'Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas, sous de lourdes pressions américaines. Des membres du Fatah ont par ailleurs condamné cette décision et appelé à une réunion d'urgence du Comité Central du Fatah, afin de discuter du problème. D'après certaines informations, le Ministre de l'Economie de l'Autorité Palestinienne, Bassam Houry, a démissionné samedi, manifestant ainsi son désaccord. Sous le titre « Justice différée est justice refusée », plusieurs organisations palestiniennes pour la défense des droits de l'Homme ont publié de concert une déclaration condamnant les actions de l'autorité palestinienne, accusant ses chefs de céder aux pressions américaines. « Ce report nie le droit du peuple palestinien à un recours juridictionnel efficace et l'égale protection par la loi. C'est la représentation du triomphe de la politique sur les droits de l'Homme, une insulte à toutes les victimes et le rejet de leurs droits » clame la déclaration. Le communiqué souligne aussi que le juge sud-africain Richard Goldstone avait affirmé l'existence de preuves indiquant que des crimes contre l'humanité auraient été commis durant l'opération. « En tant qu'organisations de défense des droits de l'Homme, nous condamnons fermement la décision des dirigeants palestiniens de reporter le rapport contenant les recommandations de la Commission Goldstone, de même que la pression exercée par certains membres de la communauté internationale. Une telle pression est en opposition avec les obligations internationales des Etats-Unis et une insulte au peuple palestinien. » Jeudi dernier, le négociateur en chef de l'Autorité Palestinienne, Saeb Erekat, a nié la décision des dirigeants palestiniens de retirer la demande d'approbation du rapport Goldstone. Toutefois, l'envoyé palestinien à l'ONU, Ibrahim Khraisheh, n'a pas manqué de surprendre les Palestiniens en affirmant, au contraire, que la demande avait été retirée. La ministre de la protection sociale Majeda Al-Masri a décrit ces déclarations contradictoires comme embarrassantes pour l'Autorité Palestinienne. Elle a de même condamné cette décision, demandant à ce qu'une enquête soit menée afin d'éclaircir ses raisons. Un responsable américain, parlant sous couvert de l'anonymat, a déclaré que Washington avait exercé de fortes pressions pour persuader les dirigeants palestiniens qu'une poursuite de ces résolutions porterait préjudice au processus de paix. L'administration Obama veut en effet relancer les pourparlers interrompus l'année dernière, bien que Mahmoud Abbas rejette un retour des négociations s'il n'est pas accompagné d'un gel des implantations. Le secrétaire d'Etat Michael Posner a déclaré vendredi que le délai « est l'opportunité pour une discussion plus significative des mérites du rapport pour les deux parties ». Goldstone affirme que ses conclusions restent valables tout en espérant que le rapport ne sera pas enterré. « Le report de six mois ne signifie pas que l'impunité pour les violations graves va continuer », ajoute-t-il. « Je réitère que la prestation, et non le déni, d'une justice aux victimes de ces violations est la seule voie vers une paix durable. »