Est-ce mentir que ne pas dire ?

Les silences des médias européens face aux diatribes délirantes de Mahmoud Abbas

Mahmoud Abbas, President of the Palestinian Authority (photo credit: FRANÇOIS MORI/POOL/REUTERS)
Mahmoud Abbas, President of the Palestinian Authority
(photo credit: FRANÇOIS MORI/POOL/REUTERS)
L’Assemblée générale de l’ONU a décidé en novembre 2005 « que les Nations unies proclameront tous les ans le 27 janvier “Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste”. Pourquoi cette date ? Parce que c’est l’anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, le plus monstrueux des camps de la mort. »
Il y a des rapprochements qui font mal. A quelques jours de cette journée du souvenir, Monsieur Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne et chef de l’OLP a été reçu à Bruxelles avec tous les honneurs dus à son rang et beaucoup de sympathie, avant de s’exprimer devant les représentants de l’Union européenne. La presse s’en serait voulu de rappeler ce que pense le dirigeant palestinien de l’Holocauste.
Après ses études d’histoire à l’université Lumumba de Moscou, il y a consacré sa thèse, L’autre côté : la relation secrète entre le nazisme et le sionisme, parue sous le même titre en 1984. On en retiendra les doutes sérieux exprimés par Abbas sur le nombre de victimes, la référence faite à des auteurs négationnistes comme Robert Faurisson, et surtout l’accusation suivant laquelle les dirigeants sionistes souhaitaient que le plus grand nombre possible de juifs soient exterminés afin d’appuyer leur demande de créer un Etat après la guerre. C’était certes il y a longtemps, mais il n’a jamais renié ce qu’il avait écrit. Aujourd’hui, dans le discours fleuve prononcé devant l’assemblée générale de l’OLP le 15 janvier, le vieux leader a eu l’incroyable audace de proclamer que pendant la Seconde Guerre mondiale, les juifs avaient préféré rester en Europe plutôt que de venir en Palestine ! Une insulte à la mémoire des centaines de milliers d’hommes et de femmes qui ont en vain tout tenté pour gagner la terre de leurs ancêtres, avant de périr dans l’enfer concentrationnaire.
Curieusement, les médias européens, qui ont longuement commenté le discours – et notamment Le Monde et Le Figaro –, n’ont pas cru bon de citer ce passage. Il est vrai qu’ils ne se sont pas attardés sur le reste des élucubrations du grand homme de la résistance palestinienne. Selon lui, si les juifs des pays arabes sont venus en Israël après 1948, ce n’est certes pas parce qu’ils en ont été chassés. C’est parce que les dirigeants du nouvel Etat s’étaient directement adressés aux dirigeants des pays arabes, et notamment de l’Irak, qu’il mentionne nommément, pour leur demander d’envoyer leurs juifs dont Israël avait besoin pour peupler les terres trop grandes dont il s’était emparé – 78 % de la surface de la Palestine mandataire. Tant qu’à mentir, pourquoi ne pas faire grand ? Tout de même, ce spécialiste de l’histoire de la Palestine, qu’il fait remonter à la préhistoire et à l’époque précananéenne, n’a toujours pas réussi à élucider un mystère pourtant essentiel : « Quand la résolution de partition de la Palestine fut acceptée », dit-il dans son discours fleuve, « l’Etat d’Israël fut établi mais le nôtre ne le fut pas. » Ne me demandez pas pourquoi, je ne sais pas.
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