Que s’est-il passé à l’Unesco ?

L’élection de la directrice générale revisitée par Al-Ahram Hebdo

Mohammed Salmawy, fondateur d'Al-Ahram Hebdo (photo credit: REUTERS)
Mohammed Salmawy, fondateur d'Al-Ahram Hebdo
(photo credit: REUTERS)
Monsieur Mohammed Salmawy n’est pas content. Cet éminent publiciste, fondateur d’Al-Ahram Hebdo, journal égyptien francophone créé en 1994 et dont il a été rédacteur en chef jusqu’en 2010, n’a pas digéré l’échec de la candidate égyptienne à l’Unesco. Dans une tribune vengeresse (1) parue le 18 octobre dans l’hebdomadaire où il continue à écrire régulièrement,
il s’efforce de démonter la machination qui a privé son pays d’un poste qui lui revenait de droit selon lui. Comment « la candidate française aux origines juives » a-t-elle pu, contre toute attente, l’emporter non seulement contre le Qatar, mais encore contre l’Egypte ? De toute évidence, elle était « soutenue par le lobby juif ».
On aurait pu lui faire remarquer que jusqu’ici ce lobby n’avait guère eu de succès à l’Unesco mais qu’importe. Donc le « lobby juif » a mis au point une technique machiavélique. Pour contrer la candidate égyptienne, Il se serait employé dans un premier temps à faire voter pour le Qatar, de façon à « amplifier la force de l’adversaire ». Opération réussie « à la surprise générale ». Parallèlement et paradoxalement, une campagne bien orchestrée se déchaînait contre ce même Qatar et se concentrait sur trois fronts. Des pots-de-vin seraient versés aux pays électeurs pour qu’ils transfèrent leur allégeance de l’Egypte au Qatar ; le candidat de ce pays serait un antisémite avéré ; enfin l’émirat diffuserait le terrorisme islamique. Toutes accusations somme toute largement fondées et pourtant balayées d’un revers de la main par Salmawy.
Restait un problème de taille. Comment admettre que ce maudit « lobby juif » se mobilisant en faveur d’une candidate « aux origines juives » ait pu à lui seul réussir à vaincre l’Egypte ? Impossible !
Il a donc fallu que la France intervienne. Ce qu’elle a fait en soutenant elle aussi d’abord le Qatar aux dépens de la candidate égyptienne. « Pour la France », explique Salmawy, « être en face d’un pays comme le Qatar serait inéluctablement à son profit. Alors qu’une concurrence avec un pays ayant l’histoire et la civilisation de l’Egypte aurait été plus problématique pour la candidate française. » Sous-entendu, l’histoire et la civilisation françaises pèsent bien peu face au prestigieux passé égyptien. On appréciera. Mais ce n’est pas tout : la France elle aussi chargeait le Qatar. « La concurrence entre l’Egypte et la France avait atteint son apogée lorsqu’il fallait choisir entre eux pour faire face au monstre imaginaire fabriqué de toutes pièces par la France pour effrayer le monde. » Pourtant Mohammed Salmawy semble convaincu que sa candidate, disposant de toutes les qualifications nécessaires, aurait pu triompher malgré tout si Washington et Jérusalem n’avaient pas décidé de peser de tout leur poids sur l’élection.
Sa conclusion ? « Quant au chantage politique exercé par les Etats-Unis et Israël dans cette bataille menée par l’Egypte avec performance et honnêteté, elle mérite un autre article. » Faut-il le rappeler, Mohammed Salmawy est secrétaire général de l’Union des écrivains d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. u
1. http://hebdo.ahram.org.eg/News/25975.aspx
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