Après un tir de roquette sur Sdérot, la riposte graduée de Tsahal

Les dernières représailles de l’armée de l’air contre le Hamas traduisent un durcissement de la politique israélienne envers l’organisation terroriste

Un agent de sécurité du Hamas examine un cratère après la frappe israélienne (photo credit: REUTERS)
Un agent de sécurité du Hamas examine un cratère après la frappe israélienne
(photo credit: REUTERS)
Les intenses représailles menées par l’armée de l’air sur la bande de Gaza dans la nuit du 21 au 22 août semblent indiquer qu’Israël tente de changer les règles du jeu. Le Hamas lui-même a défini cette riposte comme « un effort de l’Etat juif visant à modifier l’équilibre des forces ».
Cette offensive particulièrement nourrie, la deuxième de Tsahal en quelques heures, a visé de nouvelles cibles de l’organisation terroriste à Gaza, en réponse au lancement d’une roquette sur la ville de Sderot plus tôt dans la journée. Une agression revendiquée sur Twitter par un groupuscule djihadiste qui défie l’autorité du Hamas.
Le Hamas surpris
Dans un premier temps, Israël a répliqué en lançant quelques missiles et en procédant à des tirs de tanks sporadiques. Il s’agissait là d’une réponse mesurée et attendue, semblable à toutes celles qui ont suivi les attaques régulières en provenance de la bande de Gaza depuis la fin de l’opération Bordure Protectrice il y a deux ans. L’essence même de ce type de riposte étant d’envoyer un message à l’ennemi sans faire trop de dégâts ou de victimes, afin d’éviter une reprise des hostilités. Au terme de ce round de représailles, le Hamas a donc certainement cru qu’Israël s’en tiendrait là, et que l’incident appartiendrait vite au passé. Mais surprise, voilà que quelques heures plus tard les avions de chasse israéliens lançaient une seconde offensive beaucoup plus importante, l’armée de l’air pilonnant les positions du Hamas durant deux heures. Bilan : plusieurs dizaines de raids et un grand nombre d’infrastructures terroristes détruites.
Le lundi 22 août, une source militaire israélienne de haut rang a confirmé aux médias que l’attaque de la nuit était différente des autres et « inhabituelle ». La manifestation, selon ses dires, d’un durcissement dans la défense de la souveraineté israélienne. En ce sens, la déclaration du Hamas arguant qu’Israël essayait de changer l’équilibre des forces semble donc largement justifiée.
Un nouvel équilibre ?
Depuis l’opération Bordure Protectrice, l’un des principaux buts de Tsahal est de se préparer au mieux en vue de la prochaine offensive à Gaza, et de trouver des solutions à la menace que représente le Hamas. En acceptant le cessez-le-feu en 2014, le groupe islamiste a voulu dicter à Israël des règles du jeu qui peuvent se définir comme suit : les deux parties se réarment dans leur coin pour préparer le prochain round, mais d’ici là un calme relatif doit être maintenu sans qu’aucun des deux camps ne viole la souveraineté de l’autre.
Seulement Israël ne pouvait accepter cette logique. Si bien qu’il a récemment décidé de changer cette politique et de chercher à prendre l’avantage en fonction des opportunités. Désormais, à chaque fois qu’une roquette sera tirée depuis Gaza, comme cela a été le cas cette semaine, Tsahal utilisera cette occasion pour affaiblir le Hamas en frappant plus fort encore ses infrastructures. Terminé le temps des ripostes limitées et prévisibles : à partir de maintenant, plus aucune cible potentielle du Hamas ne jouira d’une quelconque immunité. Si la source militaire précédemment citée a pris soin d’indiquer que cette nouvelle politique a été décidée par le chef d’état-major Gadi Eisenkot et approuvée par le Premier ministre Benjamin Netanyahou, certains médias et militants de droite y voient l’empreinte du nouveau ministre de la défense, Avigdor Liberman.
Il est intéressant de remarquer que la riposte musclée d’Israël intervient après que le parlement turc ait ratifié l’accord de réconciliation avec l’Etat juif. Pour autant, Ankara, qui soutient le Hamas, s’est précipitée pour mettre en garde Israël après ses représailles dans l’enclave côtière, prévenant que la normalisation des relations entre les deux pays « ne la ferait pas taire lorsqu’Israël attaque le peuple palestinien ». Personne ne sera donc surpris si, à l’occasion d’une prochaine réaction israélienne de même intensité dans la bande de Gaza, la relation entre les deux pays ne venait à se détériorer de nouveau.
Pour ce qui est du Hamas, il semble que cette fois-ci il soit amené à se retenir et à ravaler son orgueil. Ni l’organisation islamiste ni Israël n’ont intérêt à une escalade ; le communiqué émis par l’officier de haut rang à l’adresse des médias était aussi un moyen pour Tsahal de refroidir les esprits à Gaza.
Cependant, si l’on prend en compte les rapports complexes entre l’aile militaire et la branche politique du groupe terroriste, en désaccord notamment sur la stratégie à adopter, il n’est pas interdit de penser que la prochaine roquette ne suffise à mettre le feu aux poudres. Cette semaine, Gaza a repris le sentier de la guerre. 
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