Gaza:un repositionnement tout en douceur

Tsahal met en place une nouvelle approche défensive le long de la frontière. Objectif : répondre rapidement à de futures attaques du Hamas

Entraînement nocturne pour Tsahal (photo credit: REUTERS)
Entraînement nocturne pour Tsahal
(photo credit: REUTERS)
C’est un calme trompeur. Le sud d’Israël semble connaître sa période la plus paisible en 15 ans, alors que le Hamas se remet lentement des dégâts subis lors de l’opération Bordure protectrice en 2014. Pourtant, des deux côtés de la frontière, on se prépare discrètement à de futures hostilités.
Dissimulés dans les immeubles à plusieurs étages du nord de la bande de Gaza, les membres du Hamas ont repris la construction d’un réseau de tunnels d’attaque. En cas de conflit, ils serviront à faire passer des terroristes en Israël. A l’est de la ville de Gaza, les bâtiments de quartiers comme Shejaia – théâtre de violents combats en 2014 – servent de caches d’armes et de postes d’observation. L’organisation terroriste a en outre repris la production de roquettes, grâce au financement et au savoir-faire iraniens.
Côté israélien, dans la verdoyante zone agricole qui entoure la ville de Sderot, la division nord de Tsahal a recours à un nouveau type de déploiement axé sur la défense territoriale, plutôt qu’à de simples patrouilles frontalières. L’objectif : répondre le plus rapidement possible à toute attaque surprise en provenance du territoire palestinien, et prendre le contrôle de la situation, afin d’empêcher les cellules du Hamas d’infiltrer les communautés israéliennes pour y commettre des meurtres ou y kidnapper civils et soldats. Selon ce concept, l’armée a redéployé, souvent à l’abri des regards, des unités d’infanterie, de blindés, d’artillerie et de renseignement en des lieux qui permettent un contrôle optimum de la zone. En grande partie hors de vue, mais à proximité de la frontière, elles sont prêtes à répondre à toutes attaques surprises du Hamas par des surprises de leur cru.
Hors de vue
L’armée trace, en outre, de nouveaux chemins en terre, conçus pour détecter les premiers signes de toute intrusion transfrontalière grâce aux empreintes de pas. Elle a également entrepris d’exploiter des systèmes de détection de tunnels à la frontière nord de Gaza. Ceux-ci sont reliés par un réseau de capteurs radar et vidéo placés au sommet de mâts qui fournissent des informations aux salles de contrôle, 24 heures sur 24. Des postes mitrailleurs autonomes de Tsahal, contrôlés à distance par des opérateurs, sont également prêts à répondre à toutes formes d’incidents.
L’armée israélienne commence à faire un usage très sélectif de patrouilles le long de routes comme la route de Birmanie, à la frontière nord de Gaza. Des véhicules blindés se déplacent en groupes, et toute présence inutile près des lignes de démarcation, susceptible de constituer une cible potentielle, est interdite. D’importants monticules ont été érigés pour assurer la protection des unités de Tsahal stationnées dans la région. Réparties sur toute la zone, mais hors de vue, des plates-formes de Tsahal prêtes à déployer instantanément un feu nourri (tanks et artillerie) se tiennent en embuscade. Des unités de collecte de renseignement d’infanterie et de combat opèrent le long de la frontière, afin d’assurer la protection des villes et villages côté israélien, comme Sderot, Kfar Aza, Netiv Haassara et Miflassim. La barrière de détection électronique sera bientôt doublée d’une haute clôture, semblable à celle construite le long de la frontière avec l’Egypte.
La coopération étroite entre la division du nord et la marine israélienne constitue un élément clé de la sécurité dans la région. Les navires lance-missiles et de patrouille maritime aident à surveiller les mouvements suspects dans la bande de Gaza et à répondre aux incidents, offrant, si nécessaire, une assistance de proximité par la mer.
La chasse aux oiseaux
Malgré les tensions, le calme continue à régner, et l’agriculture a repris ses droits depuis le conflit d’il y a un an et demi, lorsque les vertes étendues se sont transformées en champs poussiéreux porteurs de chars et de blindés, sous le coup des attaques non-stop de roquettes et de mortier du Hamas. Le trafic militaire a désormais cessé, et l’armée concentre ses efforts pour permettre aux agriculteurs d’assurer leur subsistance. Elle évite de se trouver sur leur route, tout en assurant leur protection et celle de leur foyer.
De son côté, le Hamas a mis en place une série de postes de garde-frontières en uniforme, armés de Kalachnikov. Régulièrement, on aperçoit des patrouilles moto de « civils » près de la ligne de séparation. De temps en temps, ce sont des groupes de jeunes Gazaouis, équipés de cages soi-disant destinées à la chasse aux oiseaux sauvages, qui gardent un œil sur les mouvements de Tsahal.
Ces dernières semaines, les émeutes à la frontière ont fortement diminué. Car l’armée israélienne a tout mis en œuvre pour empêcher que ces mouvements de foule ne dégénèrent. Parallèlement, pas loin de 900 camions par jour, transportant toutes sortes de marchandises, nourriture, médicaments et matériaux de reconstruction, pénètrent au sud de la bande par le point de passage de Kerem Shalom. S’il semble bien que le Hamas n’ait aucune envie de relancer le conflit, l’histoire de la région nous a appris que son aile militaire peut changer d’avis sur un simple coup de tête. La prudence reste donc de mise.
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