L'union fait la force

L’histoire l’a prouvé. L’union nationale n’est pas une mauvaise option. Souvenez-vous de Shimon Peres et d’Itzhak Shamir

Herzog et Netanyahou en haut de la même affiche? (photo credit: REUTERS)
Herzog et Netanyahou en haut de la même affiche?
(photo credit: REUTERS)
C’est ainsi que cela marche. Un parti remporte le plus de suffrages, plus ou moins au coude à coude avec son adversaire principal. Puis il se tourne vers les plus petites formations pour tenter de former un gouvernement. Le but : parvenir au nombre magique, 61 sièges à la Knesset, et de préférence un peu plus, pour s’assurer une majorité confortable.
Mais rien n’est gratuit : les partenaires de coalition conditionnent souvent leur entrée au gouvernement à des prix excessifs, que ce soit en termes de portefeuilles ministériels ou de mesures concrètes. Une série de tractations dont le parti au pouvoir sort rarement indemne.
Mais il y a une alternative à ces négociations complexes : un gouvernement d’union nationale qui rassemblerait le Likoud et le Camp sioniste. Netanyahou et Herzog dirigeraient le pays tout à tour, dans le cadre d’une rotation : deux ans chacun à la tête du pays. Il leur suffirait alors de faire la cour à un ou deux partis pour bénéficier d’une coalition stable. Les extrémistes, à droite comme à gauche de l’échiquier, seraient laissés dans l’opposition. Les deux leaders se sont jusqu’à présent opposés à cette option, campagne oblige. Mais au lendemain des résultats, une nouvelle partie commence. En fonction des résultats, toutes les options sont de nouveau étudiées.
Loin d’être paralysé
Les détracteurs d’une telle solution prédisent un gouvernement de « paralysie nationale », qui ne pourrait avancer sur aucun sujet. L’histoire pourtant, a prouvé le contraire. Lors des élections de 1984, le parti travailliste (sous un nom différent), dirigé par Shimon Peres, obtenait 44 mandats, et le Likoud d’Itzhak Shamir, 41. Peres a d’abord tenté de composer une coalition de centre gauche, sans résultat. Le président de l’Etat, Haïm Herzog, le père du leader travailliste actuel, est alors intervenu, exigeant la formation d’un gouvernement d’union. Peres et Shamir ont enterré la hache de guerre, mis animosités et différences de côté, pour suivre le conseil avisé du président.
Ce gouvernement a été un réel succès. Peres a officié comme Premier ministre au cours des deux premières années, puis Shamir a pris le relais. Le gouvernement est allé jusqu’au terme de son mandat de quatre ans – fait rare en Israël – et a même été reconduit après les élections de 1988 – avant d’être, il est vrai, renversé en 1993 par Shimon Peres, contre l’avis d’Itzhak Rabin. Rabin était ministre de la Défense et Itzhak Modaï du Likoud, aux commandes des Finances. Peres a lui gardé le portefeuille des Affaires étrangères.
Le gouvernement d’union était loin d’être paralysé. Il est parvenu à stopper une terrible inflation et Tsahal s’est retiré du Liban en conservant une zone tampon dans le Sud. Quand l’Intifada a éclaté en 1987, Rabin a été autorisé à gérer la crise avec le soutien de l’ensemble du cabinet, des deux côtés de l’échiquier.
Savoir enterrer la hache de guerre
L’histoire est de notre côté. Netanyahou et Herzog pourraient choisir d’unir leurs forces et d’envoyer ainsi un message d’unité au pays tout entier. Le chef du parti travailliste pourrait suivre l’exemple donné par son père il y a 30 ans.
Une rotation à la tête du pays serait tout à fait gérable. Netanyahou entamerait les deux premières années, au cours desquelles Herzog pourrait se voir confier le portefeuille des Finances, un poste qui sied à merveille à un parti qui s’est engagé à améliorer la situation socio-économique du pays.
En ce qui concerne les questions de sécurité-défense – et les menaces que représentent pour l’Etat hébreu l’Iran, le Hezbollah et le Hamas – il n’y a pas tant de différences de fond dans l’approche des deux partis, hors période de campagne électorale. Les deux formations s’accordent également sur le fait que des mesures drastiques doivent être urgemment mises en œuvre pour gérer les questions sociales et économiques, de la vie chère au logement, en passant par le système de santé. Un gouvernement d’union devrait justement être capable de lancer des réformes controversées et compliquées. Le conflit israélo-palestinien sera, encore une fois, le sujet de toutes les disputes.
Shamir et Peres ne s’appréciaient pas plus à l’époque que Netanyahou et Herzog aujourd’hui. Néanmoins, leur gouvernement a été stable. Sa plus grande crise a été celle de l’« Accord de Londres » signé par le chef de la diplomatie Shimon Peres avec le roi Hussein de Jordanie en 1987. Shamir pensait que cet accord — censé régler le problème de la Judée-Samarie et mettre Israël sur la voix de la paix – avait été fomenté dans son dos. Le gouvernement n’a pas été dissous pour autant.
Et, dernier point non négligeable, Netanyahou et Herzog devraient également tenter de faire avancer le processus de paix. La tâche sera ardue, mais un gouvernement d’union aura de meilleures chances d’y parvenir qu’un gouvernement de droite – qui n’en aura certainement pas la volonté – ou qu’une coalition de gauche – qui ne bénéficiera pas d’un consensus au sein de l’opinion publique.
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