Un quartier où l’histoire se mêle à l’affectif

Dans une zone sans réelle perspective de développement, les logements du quartier juif sont rarement disponibles.

 P23 JFR 370 (photo credit: DR)
P23 JFR 370
(photo credit: DR)
Si la superficie du quartier juif de la vieille ville estphysiquement réduite, grande, en revanche est son importance. La zone couvreune minuscule partie du terrain total de la capitale – environ 1 %, soit 129000 m2 – avec une population de seulement 2 500 âmes, soit 0,3 % de lapopulation totale de la ville. Quoi qu’il en soit, elle occupe une positioncentrale dans la religion juive et le sentiment national.
La Vieille Ville, aire urbaine encerclée par les vieux remparts ottomans, datede la période du Second Temple, et est antérieure à sa destruction par lesRomains. En conséquence, un lien existe entre la Vieille Ville et la Jérusalemédifiée hors des murailles, de même que pour certains la cité relie les cieuxet la terre.
Jérusalem a été habitée de manière remarquablement continue par les Juifs, etce, depuis le règne du roi David.
Malgré des périodes, comme lors de la destruction romaine ou durant l’époquedes croisades, où la présence des juifs s’est faite rare, voire inexistante, laVieille Ville est restée pour une large part leur demeure privilégiée.
Au début du XXe siècle et même bien avant, la surface surpeuplée et lesconditions d’hygiène peu favorables incitent ceux qui ont les moyens d’acheterdes terrains à construire leurs maisons à l’extérieur des murailles. Lequartier juif, situé au centre sud, est l’un des quatre « carrés »traditionnels de la Vieille Ville, qui abrite : le quartier chrétien aunord-ouest, autour de l’église du Saint-Sépulcre ; le quartier arménien ausud-ouest, entourant la cathédrale Saint-James ; et le quartier musulman, quicouvre une large partie de la zone est de la Vieille Ville.
Le quartier juif actuel est peu peuplé comparé aux 19 000 résidents qu’ilabritait au tournant du XXe siècle. Durant la guerre d’Indépendance de 1948, laLégion arabe jordanienne conquiert la Vielle Ville, dont la plus grande partieest dévastée. Dans les années 1960, la Jordanie entreprend de transformer lazone en parc. Puis quand Israël prend possession de la Vieille Ville durant laguerre des Six Jours, un plan ambitieux est alors mis en route pourreconstruire le quartier juif et lui rendre sa splendeur originelle.
D’anciennes bâtisses transformées en duplex luxueux 
En avril 1968, legouvernement exproprie les 12,9 hectares (31,8 acres ou 129 000 m2) deterrains, propriété du Waqf ; l’« OEuvre de bienfaisance musulmane de Jérusalem» ne se montrera guère satisfaite de cette décision. En 1969, le ministère dela Construction et du Logement fonde la « Compagnie de développement duquartier juif », corps gouvernemental, en charge de la reconstruction de lazone.
Le quartier est donc reconstruit, et les maisons existantes sont remises enétat. L’une d’entre elles, la « Batei Mahaseh », ou maison de refuge, avait étéédifiée à la fin du XIXe siècle pour accueillir des familles juives aux revenusmodestes.
L’intérieur a depuis été reconverti en duplex luxueux, et la façade a étérestaurée comme à l’origine.
Les autres immeubles résidentiels ont eux aussi été restaurés à l’image de laplupart des habitations du quartier, vastes demeures familiales, aux intérieursmodernes et façades d’origine.
Les grandes maisons ont été divisées en un maximum de quatre unitésd’habitation de deux ou trois étages, et la « Société pour le développement duquartier juif » construit également des appartements jumeaux, commeindépendants, tous dans le style arabe commun à l’ensemble de la Vieille Ville.
Les propriétés ne sont pas vendues de manière classique.
En effet, les « propriétaires » acquièrent des baux à long terme de l’Autoritédes Terres d’Israël. La plupart des appartements sont des quatre-pièces de 100m2 d’habitation, les appartements jumeaux bénéficiant d’une superficielégèrement plus grande.
Le quartier juif, qui est à la fois le berceau du judaïsme et le site du murdes Lamentations, compte un certain nombre de yeshivot et de synagogues. L’unedes plus importantes demeure l’imposante synagogue de la Hourva, édifiée en1701, détruite durant les batailles de 1948, puis rebâtie et inaugurée en 2010.
En fait, le quartier n’a cessé d’être habité durant un millénaire.
En 1967, avant que les vastes travaux de reconstruction ne démarrent, uneéquipe d’archéologues dirigée par Nahman Avigad, de l’Université hébraïque, alargement excavé la zone. Leurs découvertes sont visibles dans les musées, maisaussi sur site, et certaines se trouvent deux ou trois étages en dessous duniveau de la rue.
Un marché immobilier a son propre rythme 
« Le marché immobilier situé dans lequartier juif de la Vieille Ville a son propre tempo », rapporte Rafael Blochde l’agence immobilière Re/Max. « La demande est généralement supérieure àl’offre, ceci a pour conséquence de gonfler fortement les prix.
Il existe environ 500 maisons, et l’offre est provoquée directement en généralpar la décision de vendre des propriétaires – il n’y a pas de nouveaux projetsen développement et le volume des transactions reste limité ».
« Ceux qui désirent vendre veulent céder leurs biens à un très haut prix, ilssont donc sur le marché depuis déjà très longtemps. Les prétentions despropriétaires sur les prix limitent de ce fait le volume des transactions. Unemaison de famille de 2 étages avec une terrasse sur le toit et une superficiede 140 m2 peut atteindre 2,5 millions de dollars.
Des appartements de quatre pièces construits il y a 45 ans sont mis sur lemarché pour 1 million de dollars. » Ceci précisé, il poursuit : « Il est trèsdifficile aujourd’hui d’avoir accès aux prix du marché immobilier dans lequartier juif, car la majeure partie de la demande est souvent d’ordre“affectif”, ce qui rend si difficile les estimations. »