Faut-il tuer les leaders du Hamas ?

Nul ne sait si Muhammad Deif est mort, mais la tentative d’assassinat du commandant militaire du Hamas soulève certaines questions sur l’efficacité de telles attaques

Faut-il tuer les leaders du Hamas? (photo credit: REUTERS)
Faut-il tuer les leaders du Hamas?
(photo credit: REUTERS)

Mort ou vif ?

Muhammad Deif, le chef légendaire des brigades Izzadin al-Qassam, la branche armée du Hamas, a-t-il été éliminé au cours d’une attaque ciblée d’Israël ou a-t-il survécu ?

Israéliens et Palestiniens se posent la question depuis les premières heures de mercredi 20 août, lorsque la nouvelle d’une tentative d’assassinat a commencé à circuler. Une semaine plus tard, le flou demeure pourtant, même si l’hypothèse tend vers sa mort probable.

Selon les sites web et le porte-parole du Hamas, Deif est bien vivant. Certains d’entre eux ont même fait une parodie de ce qu’ils décrivent comme une nouvelle tentative d’assassinat manquée de la part d’Israël.

Comme un chat à neuf vies, Deif a survécu à au moins quatre, si ce n’est plus, tentatives du Shin Bet (’Agence israélienne de sécurité) de mettre fin à ses jours. Les responsables israéliens ajoutent, pour leur part, à l’aura de mystère en laissant planer l’ambiguïté. Ils laissent entendre qu’il a probablement été tué, mais n’en sont pas certains, et ne souhaitent pas s’engager plus avant dans une déclaration qu’ils pourraient regretter.

Israël semble attendre un élément d’information supplémentaire. La preuve formelle du Hamas sur ce qui s’est réellement passé à 10 heures le 19 août dernier, quand un avion de l’armée de l’air israélienne a largué cinq tonnes de bombes sur une maison de Gaza, la réduisant à néant et tuant l’une des épouses de Deif et leur bébé, ainsi que quatre membres de la famille d’accueil.

Supposons un instant que Deif ait été tué pendant l’attaque. Quelles seraient les implications et conséquences d’un tel succès ? Gravement handicapé, Deif a survécu à quatre attentats israéliens. Il était, ces dernières années, plus un commandant « d’honneur » de l’aile militaire que son chef par intérim. Il était néanmoins impliqué dans les grandes décisions stratégiques du mouvement, comme la transformation du Hamas en une organisation paramilitaire de bataillons et de brigades (deux des six commandants de brigade ont été tués dans une opération commune du Shin Bet et de l’armée de l’air mercredi soir). Il a également participé aux programmes de tunnels et de roquettes.

Sa mort marquerait des points pour Israël et serait un choc psychologique pour le Hamas. Car la guerre de Gaza se joue davantage sur le terrain des médias, des relations publiques, des images et de la sensibilisation que sur les succès sur le champ de bataille. Chacun des protagonistes rêve d’une « photo de victoire », et la mort de Deif pourrait fournir cette image à Israël.