Contenir les flammes

La crainte de voir la violence à Jérusalem gagner la Judée-Samarie semble plus que jamais d’actualité après la tentative d’assassinat du militant juif du mont du Temple Yehouda Glick

Contenir les flammes (photo credit: REUTERS)
Contenir les flammes
(photo credit: REUTERS)
L’escalade de la violence dans la capitale soulève de nombreuses inquiétudes. En effet, le risque est grand de voir les troubles se propager rapidement de Jérusalem aux villes et villages de Judée-Samarie.
Ces craintes semblent d’autant plus réelles après la tentative d’assassinat du militant juif du mont du Temple Yehouda Glick, à Jérusalem mercredi 29 octobre au soir. Et ce, quelques jours à peine après l’effroyable attentat de l’arrêt de tram de Guivat Hatahmoshet, au cours duquel un terroriste du Hamas de Jérusalem-Est a intentionnellement écrasé plusieurs personnes au volant de sa voiture. L’attentat a fait deux morts : une petite fille de trois mois et une jeune Equatorienne de 22 ans.
Ces derniers jours n’ont pas non plus été exempts d’incidents meurtriers en Judée-Samarie. A Silwad, près de Ramallah, un adolescent palestinien a été abattu vendredi 24 octobre par des soldats de Tsahal, alors qu’il lançait des cocktails Molotov sur des véhicules israéliens, le long de la route 60.
Plus tôt ce mois-ci, un garçon de 13 ans a été tué par l’armée israélienne à Beit Likya, également près de Ramallah, après que des soldats aient été la cible de bombes incendiaires à la sortie de la ville.
« Ces incidents auraient pu enflammer toute la région. Mais cela n’a pas été le cas », déclare une source militaire. « Cependant, si un autre Palestinien était tué, il est fort possible qu’après coup, l’on regarde en arrière sur tous ces événements comme ce qui a mis le feu aux poudres. La Judée-Samarie est comme une batterie qui se recharge très rapidement. »
Toutefois, pour le moment du moins, aucun signe sur le terrain ne laisse à penser que cet embrasement est imminent, ajoute-t-il.
Le calme avant la tempête ?
Depuis la fin de l’opération Gardiens de nos frères, lancée par Tsahal en réponse à l’enlèvement et l’assassinat de trois adolescents israéliens en juin dernier, le degré de violence a connu des hauts et des bas.
L’armée a réussi à contenir les émeutes à grande échelle et note une forte baisse des incidents violents. Cela serait dû d’une part à une augmentation des forces sur le terrain, et d’autre part à la prise de conscience par les organes de sécurité de l’Autorité palestinienne que tout enlèvement entraînerait une réponse israélienne des plus fermes.
En juillet, cependant, les tensions explosent dans la bande de Gaza. Les barrages de roquettes du Hamas sur les communautés du Sud du pays forcent Israël à lancer l’opération Bordure protectrice.
Les répercussions ne tardent pas à se faire sentir en Judée-Samarie. Des émeutes massives éclatent, avec notamment les troubles de Qalandiya en juillet où 10 000 Palestiniens sont impliqués.
Le lien direct entre les combats intensifs dans la bande de Gaza et la montée de la violence en Judée-Samarie ne fait de doute pour personne.
Pourtant, un mois et demi après la fin du conflit de Gaza (le 26 août dernier), le Commandement central de Tsahal note une nouvelle diminution de tous les paramètres de violence à travers le territoire. En fait, les sources militaires remarquent que le niveau de violence aujourd’hui est le même que celui observé avant le lancement de l’opération Gardiens de nos frères en juin.
Si l’on compare cela au temps nécessaire pour apaiser les violences en Judée-Samarie après l’opération Pilier de défense – la campagne aérienne lancée contre le Hamas et le Djihad islamique dans la bande de Gaza en 2012 – les données sont claires.
Il a fallu trois à quatre mois à l’armée israélienne pour revenir au niveau de calme d’avant le conflit en 2012, soit plus du double de ce qui a été nécessaire cette année pour éteindre les flammes.
Cela ne veut pas dire, bien sûr, que Jérusalem n’est pas à même de propager le conflit à la Judée-Samarie.
« Nous comprenons tout à fait le lien potentiel », déclare une source militaire. « Mais nous ne constatons pas, pour l’instant, de débordements conséquents sur le terrain. Si de tels incidents devaient cependant survenir, nous sommes cependant complètement prêts à y faire face et tout à fait conscients du danger potentiel. Les points chauds, comme le mont du Temple, nous sont connus. Mais pour le moment, nous n’observons pas de changement sur le terrain. »
Empêcher une troisième intifada
Plusieurs facteurs semblent contribuer au calme relatif actuel. Tout d’abord, il est dans l’intérêt de l’Autorité palestinienne d’empêcher l’escalade de la violence en Judée-Samarie.
Ensuite, de nombreux Palestiniens se souviennent encore du coût élevé de la deuxième Intifada (2000-2005). Or la situation économique en Judée-Samarie est relativement stable ces temps-ci. Il est donc logique de penser que bon nombre de Palestiniens ne souhaitent pas voir cette stabilité mise en péril pour revenir à l’époque des fermetures et des couvre-feux.
En outre, l’armée israélienne a effectué des raids nocturnes et procédé à des arrestations, agissant en toute liberté d’action dans la zone A, où, malgré un contrôle total de la sécurité palestinienne, Israël maintient fermement son emprise sur le plan du renseignement et bénéficie d’une complète latitude de mouvement.
« Mais tout cela pourrait bien changer », avertit notre interlocuteur. Si quelqu’un souhaite un tel changement, c’est bien le Hamas. Le mouvement terroriste cherche à déclencher une troisième intifada en Judée-Samarie, jusqu’à présent, sans succès. Bien qu’il bénéficie d’un large soutien auprès des populations autochtones de Cisjordanie, ils sont cependant peu nombreux à rejoindre activement ses rangs.
« La foule s’identifie avec le Hamas. On voit partout apparaître leurs drapeaux. Cependant, il n’y a pas vraiment de recrutement sur le terrain. Nous faisons tout pour y faire obstacle et beaucoup refusent d’y adhérer. Il est plus facile d’aimer une équipe de football depuis les tribunes que de jouer avec elle sur le terrain », précise-t-on.
De source sécuritaire bien informée, on note également que l’action de l’Autorité palestinienne en Judée-Samarie, combinée avec les arrestations continues effectuées par l’armée, empêche le Hamas de relever la tête et l’instabilité à grande échelle de s’installer dans la région. La plupart des incidents à Jérusalem sont considérés comme localisés et impliquent seulement quelques jets de pierres mineurs. Les émeutes de Silwan ou Shouafat ne concernent que les résidents locaux, indique-t-on.
Le Hamas est fortement impliqué dans les troubles autour du mont du Temple, tout comme le Mouvement islamique dans la branche Nord d’Israël.
Le Hamas multiplie constamment ses tentatives de regroupement en Judée-Samarie, mais les arrestations nocturnes l’empêchent de reconstruire son infrastructure terroriste, nous dit-on. Et d’ajouter : « Ils essaient toutefois de refaire surface. Tout le temps. » 
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