J’ai suivi la carrière de cette sirène d’orient éblouissante dont la volonté et la ténacité m’ont toujours émerveillée. Même si nos destins ont été différents, elle sait que je suis là quelque part dans sa galaxie, et qu’elle n’a qu’à tendre la main… Voilà Ronit en quelques signes et pour sa décoration.La voici décorée et nommée chevalier de la Légion d’honneur par Monsieur l’ambassadeur de France en Israël Patrick Maisonnave. C’était dans sa résidence à Tel-Aviv.
« La France salue vos choix et votre impressionnante carrière d’actrice et de réalisatrice qui représente si bien, incarne même si j’ose dire, la force des liens étroits qu’entretiennent la France et Israël dans le domaine du cinéma ». Et le diplomate ajoute dans son habile et éloquent discours, comme s’il l’avait connu toute une vie : « Femme engagée, vous avez déclaré en 2004 au journal Le Monde : “Je n’ai jamais été attirée par les rôles de belle femme. Je suis attirée par la difficulté, la saleté, ce qui gratte, ce qui saigne”. Vous avez joué plusieurs rôles de femmes, dans Mariage tardif, Mon Trésor ou Prendre femme, en rébellion contre une forme de patriarcat qui opprime. Vous avez dit aussi : “Je suis une femme qui aime avancer et qui est très exigeante avec elle-même. Ce qui compte pour moi, c’est de faire bouger les choses. J’aime travailler sur des thèmes politiques et sociaux, car le cinéma, qui s’adresse à un large public, peut parler au cœur des gens et faire évoluer la société” ».Cette information m’est arrivée par mail accompagnée de photos, la partie visible de l’iceberg. Je regarde le premier cliché. Elle est là si sage, entre l’ambassadeur et son frère Schlomi qu’elle aime tant, et qui est si talentueux. C’est avec lui qu’elle a écrit la trilogie : Prendre femme, Les sept jours et enfin le dernier volet des aventures de Viviane Amsallem, son procès : c’est son troisième long-métrage Gett, dans laquelle elle incarne Viviane, le personnage principal. Le film coproduit par Elzevir Films sortira à l’automne prochain dans les salles françaises sous la bannière des Films du Losange.Une femme orientale qui porte la fierté de ses origines
Les mains de Ronit sont posées à plat le long de son corps et la Légion accrochée à son manteau. On dirait une petite fille sage recevant, pour la distribution des prix, la suprême récompense, et on lit dans ce regard moiré et encore rempli par les rêves de l’enfance toute la fierté de ce jour. On devine aussi qu’il faut bien rattraper le temps et sourire à cette autre adolescente qui devait, on l’imagine, courir les genoux écorchés, et l’on pense à ces vers de Rimbaud qui lui vont si bien : « J’allais sous ton ciel Muse et j’étais ton féal. Oh lala que d’amours splendides j’ai rêvées ». La voilà avec son mari, enfin l’homme de sa vie, en femme accomplie en mère de jumeaux adorables, installée dans cet appartement sublime dans un quartier chic de Tel-Aviv où, comme un bateau ivre qui avance sur la mer, une terrasse noyée dans la verdure offre un panorama étonnant de cette ville électrique. Ronit nous ramène toujours à la poésie et cet homme, architecte bâtisseur des nouvelles métropoles est bien son prince charmant, qui aura réveillé cette diva prisonnière d’un sort maléfique. Finie l’image d’immortelle au teint blafard qui semblait sortie d’une crypte, finie cette Pénélope échouée sur le rivage.© Jerusalem Post Edition Française – Reproduction interdite