Mauvaise passe

Depuis des décennies, les organisations pro-palestiniennes tentent de distiller leur volonté de délégitimation d’Israël sur les terrains de sport de la planète

sport (photo credit: (© Reuters))
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(photo credit: (© Reuters))

Le sport alongtemps été pensé comme un instrument politique au service de la paix. Lelien entre les deux est attesté dès la Grèce antique. Dès leur premièreédition, au 7e siècle, les Olympiades étaient constitutives d’une trêve : quandbien même des populations étaient en guerre, les hostilités s’arrêtaient aumoment des Jeux, quitte à reprendre plus tard.

Mais le sport est aussi, hélas, un instrument politique permettant la continuationde la guerre par d’autres moyens. Le conflit israélo-palestinien ne connaîtpoint de trêve olympique pour le nationalisme palestinien et le sport est uneformidable tribune politique internationale, son terrain favori pour frapperles esprits et les intérêts israéliens.
Marqué au fer rouge de l’ignominie, le massacre des onze athlètes israélienspar des terroristes palestiniens lors des Jeux olympiques de Munich en 1972 esttoujours dans les esprits.
Israël s’apprête dans quelques semaines à marquer les quarante ans de ce bainde sang et ce, dans l’indifférence du Comité olympique qui a refusé d’honorerleur mémoire par une minute de silence au cours des JO de Londres, cet été.
Puis en 1974, vainqueur de la Coupe d’Asie des nations en football, Israël sevoit, deux ans après le massacre de Munich, boycotté par les équipes nationalesarabes, provoquant, ainsi son éviction progressive de la zone Asie. LesIsraéliens devront alors se tourner vers la zone Océanie pour finalement êtreintégrés dans la zone Europe, trente ans après leur seul et unique trophéeinternational.
La vague d’attentats anti-israéliens sur son sol, lors de la seconde Intifada,donne le prétexte aux instances internationales du football pour obliger lefoot israélien à jouer ses matchs à domicile sur terrain neutre aux quatrecoins de l’Europe. Alors que de nombreuses capitales européennes, frappéeségalement par des actes terroristes, ne se voient pas signifier la même mesuresécuritaire.
Plus récemment, depuis l’annonce par l’UEFA de l’organisation du championnatd’Europe des espoirs par Israël en juin 2013, les autorités palestiniennesn’ont eu de cesse, avec les organisations pro-palestiniennes à travers lemonde, d’exiger le retrait d’Israël de ce tournoi.
Preuve en est : Jibril Rajoub, le président de la fédération palestinienne defootball, qui a pour sa part écrit ce 12 juin au président de l’UEFA, MichelPlatini, lui demandant : “de ne pas donner à Israël l’honneur d’accueillir leprochain championnat de l’UEFA”.
Mais Platini n’est pas tombé dans le piège. Non seulement il a maintenul’organisation de la compétition par Israël, mais il a notamment dénoncél’attitude de Rajoub “mal conseillé et mal inspiré d’avoir publié sa lettredans les médias internationaux avant même qu’elle ne lui parviennepersonnellement au siège de l’UEFA”.
Footballeur et djihadiste : le cas Mahmoud Sarsak

Autre exemple dela mobilisation pro-palestinienne dans sa stratégie insidieuse dedélégitimation et d’isolement de l’Etat d’Israël qui s’exprime aussi par lesappels au boycott des sportifs ou événements sportifs israéliens : le cas“Mahmoud Sarsak”.
Qui est donc ce Mahmoud Sarsak ? Si l’on en croit le narratif palestinien, cejeune homme de 25 ans, originaire de la bande de Gaza, serait un footballeurprofessionnel, international palestinien (une seule sélection contre l’Irak en2008). Le 22 juillet 2009, il s’apprête à rejoindre son nouveau club enJudée-Samarie, mais lors d’un contrôle sécuritaire israélien, au terminald’Erez, il est arrêté et placé en détention administrative. Accusé par Israëld’appartenir au Djihad islamique (organisation terroriste palestinienneinscrite sur la liste noire de l’Union européenne et des Etats- Unis). Et doncplacé en détention administrative en tant que “combattant illégal”, uneaccusation qu’il nie depuis son arrestation alors qu’il se considère lui-mêmecomme un “prisonnier de guerre”, statut du droit international reconnu pour lescombattants armés.
Le 14 mai dernier, un accord avait pourtant été trouvé entre les détenuspalestiniens et l’administration pénitentiaire israélienne afin de lever unegrève de la faim de deux mille d’entre eux, pour dénoncer le recours à ladétention administrative, une mesure sécuritaire régie par l’ordonnance de 1924du Code de procédure pénale (arrestations et perquisitions), promulguée àl’époque du mandat britannique sur la Palestine. Mais, malgré cet accord,Mahmoud Sarsak poursuivit sa grève de la faim.
Après près de trois mois de grève de la faim, les autorités israéliennesenvisageraient de le libérer le 10 juillet prochain.
Les services de sécurité israéliens ont des raisons légitimes de ne prendreaucun risque, non seulement en raison de la fiabilité de leurs renseignements,mais aussi, et surtout, pour avoir déjà été confrontés par le passé à desfootballeurs palestiniens djihadistes.
Lors de la seconde Intifada, plusieurs dizaines de civils israéliens ont ététués dans des attentats suicides de joueurs issus d’un club de foot palestiniend’Hébron : le Djihad Soccer Club. Et lors de l’opération “Plomb durci” à Gazaen 2009, trois footballeurs internationaux palestiniens (Ayman Al-Kurd, WajehMoshtahi et Shadi Sbakhe) ont trouvé la mort lors de violents échanges de tirsavec l’armée israélienne.
Ils étaient tous combattants du Djihad islamique qui s’était empressé de saluerleur mémoire à l’annonce de leur décès.
La FIFA : une bonne conscience “bon marché”

A cesprotestations contre Israël, en faveur de Mahmoud Sarsak, deux voix se sontparticulièrement faites entendre ces derniers jours : celle de l’ex-bad boy dufootball français Eric Cantona, proche de la cause palestinienne depuis sacollaboration avec le réalisateur britannique pro-palestinien, Ken Loach, etcelle, plus troublante, du président de la FIFA, Sepp Blatter.
La prise de position de la FIFA est hypocrite et cynique.
Hypocrite : en 2006, un certain Sepp Blatter déclarait : “Nous ne commenceronspas à faire des déclarations politiques.
Nous, au football, si nous nous mêlions de telles discussions, ce serait contrenos statuts. Nous ne faisons pas de politique”. Une déclaration qui faisaitsuite aux demandes de responsables politiques allemands d’exclure l’Iran de laphase finale de la Coupe du Monde 2006, en Allemagne, après les nombreusesprovocations de son président Ahmadinejad d’appeler à rayer Israël de la cartedu monde.
Cynique : cette prise de position de la FIFA n’est en aucun cas le fruit duhasard, le même jour, l’ONG Human Rights Watch (HRW) publiait un rapportaccablant de 146 pages pour le Qatar et la FIFA. La FIFA a accordé au Qatarl’organisation de la Coupe du Monde de football 2022, une attribution faisantl’objet de graves et sérieux soupçons de corruption, sans compter que, pourbâtir toutes les infrastructures routières, hôtelières et sportives, l’émiratexploite des centaines de milliers de travailleurs étrangers quasiment réduitsau travail forcé dans des conditions inhumaines et, souvent, à leurs risques etpérils.
La FIFA, en prenant position pour les Palestiniens le jour même de lapublication de ce rapport très embarrassant, s’est offerte une bonne conscience“bon marché” sur le dos d’Israël et sur celui de tous ces travailleurs esclavesdes temps modernes.
Où est donc la voix de la FIFA pour mettre en garde le sanguinaire régimesyrien d’assassiner le gardien de but Abdel Basset Sarout, traqué dans la villede Homs, capitale de la révolution syrienne ? Il échappe chaque jour à la mortet continue à manifester avec les siens et à chanter pour la liberté. Sa maisonbombardée par l’armée du régime est complètement détruite, son frère etplusieurs membres de sa famille assassinés. Blessé à deux reprises, il estaujourd’hui le “gardien de la révolution” comme le nomment ses supporteurssportifs et politiques.
Les instances internationales du football et les organisationspro-palestiniennes jouent contre le camp de la paix en stigmatisant l’Etatd’Israël. Ce n’est pas à coup de tacles assassins contre le seul véritable Etatdémocratique de la région qu’Israéliens et Palestiniens quitteront les terrainsminés, mais en les aidant à bâtir une confiance mutuelle en leur avenir commun,en leur proposant, pourquoi pas, la co-organisation d’une coupe du monde defootball.
Un projet utopique diront certains mais, cette folle idée fait déjà son cheminpuisqu’une ONG internationale, OneVoice, s’est mobilisée autour de ce projetfédérateur pour qu’Israéliens et Palestiniens puissent organiser la Coupe duMonde de football 2018, que la FIFA a attribuée à la Russie.
Le père fondateur du sionisme moderne, Theodor Herzl, a longtemps été considérécomme un utopiste pour avoir affirmé, à propos de la reconquête de l’Etat Juif,un demisiècle avant l’Indépendance du jeune Etat d’Israël : “Si vous le voulez,ce ne sera pas un rêve”...