Raviver la flamme du souvenir

A l’initiative de l’Association des fils et filles de déportés juifs de France, une cérémonie s’est tenue à Yad Vashem le 27 janvier pour commémorer la libération du camp d’Auschwitz

La flamme éternelle dans la crypte de Yad Vashem (photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
La flamme éternelle dans la crypte de Yad Vashem
(photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
La crypte de Yad Vashem se remplit peu à peu en ce mardi 27 janvier, Journée internationale de la Shoah et 70e anniversaire de la libération d’Auschwitz. Des dizaines de Français ont répondu à l’invitation de l’Association des fils et filles de déportés juifs de France (FFDJF). Ses membres arborent fièrement un autocollant jaune portant le nom de l’association, rappel de l’étoile de David devenue infamante sous le régime nazi.
A l’invitation de Valérie Shapira, représentante – aux côtés de son père Robert Spira – de l’association en Israël, Patrick Maisonnave, ambassadeur de France en Israël, dépose une gerbe de fleurs, suivi par Gesine Lötzsche, coprésidente du parti allemand de gauche Die Linke, puis par Serge Klarsfeld, le célèbre « chasseur de nazis » fondateur de l’association.
La cérémonie continue dans l’amphithéâtre de Yad Vashem et se teint d’une amertume particulière, quelques semaines à peine après l’assassinat de quatre juifs à Paris, dans un supermarché cacher. Une « honte », une « insulte à nos valeurs » selon Patrick Maisonnave, qui rend également hommage « au travail des historiens et associations » qui permettent au souvenir de ne pas s’estomper. La France a appris « des leçons universelles de la Shoah » et « ne permettra pas que les juifs de France vivent dans la peur », conclut-il.
Les leçons de la Shoah
Cette montée de l’antisémitisme en Europe est également soulignée par Gesine Lötzsche : elle rappelle les actions menées par son parti, les visites annuelles sur les lieux de mémoire comme Oradour-sur-Glane, des endroits où les jeunes Allemands se montrent « impressionnés » par le poids de l’Histoire. La députée a également exprimé son « inquiétude » face aux nombreuses manifestations antisémites et xénophobes organisées en Allemagne : elle parle d’un « signal d’alarme » pour toute l’Europe, preuve que nous ne devons pas « rester passifs dans le seul espoir que l’humanité apprenne de son histoire ».
La valeur de l’association est également évoquée par Miry Gross, responsable des relations avec les pays francophones à Yad Vashem. Vient le tour de Serge Klarsfeld qui se dit « confiant dans l’avenir de la mémoire » grâce à tous les lieux et fondations dédiés au souvenir, mais se montre toutefois plus pessimiste quant à l’avenir proche, car « aujourd’hui les menaces, les mises à mort recommencent ». Selon lui, l’islamisme radical n’est pas la seule menace pour les juifs, « pris en étau » entre ces groupes et les partis d’extrême-droite.
De plus, bien qu’il exprime sa « confiance » dans le gouvernement français, Serge Klarsfeld se désole du manque d’intérêt des Français pour les victimes juives : selon lui, « les millions de Français n’ont pas défilé pour les victimes juives ».
Enfin, l’avocat et historien a abordé le délicat problème de l’aliya des juifs français, prophétisant que « si les événements se dramatisent, devant une vague puissante d’antisémitisme, les juifs quitteront la France, quitteront l’Europe ». C’est une « leçon de la Shoah » : face à la vague, il ne reste « que le départ ». « L’avenir est incertain », a-t-il conclu, applaudi par la salle. 
© Jerusalem Post Edition Française – Reproduction interdite