« Il est temps de prouver que l’Amérique tient ses engagements »

Barack Obama se déclare en faveur d’une intervention en Syrie. Mais attend le feu vert du Congrès américain.

p4 350 (photo credit: Reuters)
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Punir la Syrie pour son usage d’armes chimiques, mais non sans l’accord préalable du Congrès. Tel était le message du président américain Barack Obama, samedi 31 août, alors qu’il s’exprimait depuis la Roseraie de la Maison Blanche, à 13 h 30 heure locale. « J’ai décidé que les Etats-Unis doivent entreprendre une action militaire à l’encontre du régime syrien », a déclaré le dirigeant. Avant d’ajouter : « Je vais demander l’autorisation aux élus américains du Congrès pour faire usage de la force ». Anticipant l’opposition du parti républicain, Obama a affirmé qu’« il est des choses plus importantes que les divergences partisanes. Il est temps de prouver que l’Amérique tient ses engagements. » La loi sur les pouvoirs de guerre (votée en 1973) permet aux présidents américains de lancer une offensive militaire sans le feu vert législatif. Un dispositif dont se sont notamment servis Ronald Reagan, H.W. Bush et Bill Clinton. Mais pour Obama, sa décision de solliciter l’approbation des élus était une démonstration démocratique face au reste du monde. « C’est le droit qui fait loi et non l’inverse », a martelé le leader.
La décision présidentielle est survenue après la défection du Royaume-Uni. Jeudi 29 août, le Premier ministre britannique David Cameron n’a pas réussi à obtenir l’autorisation du parlement à faire usage de la force contre la Syrie – une défaite majeure pour son gouvernement. « La démocratie est plus forte lorsque le président et les élus du peuple sont solidaires », a déclaré Obama lors de son allocution.
Suite à l’annonce, le président de la Chambre des représentants a déclaré que les élus débattront de la question à leur retour de vacances parlementaires, le 9 septembre prochain.
Il s’agissait là de la première déclaration officielle d’Obama sur la crise syrienne depuis l’attaque chimique qui a tué près de 1 500 civils près de Damas le 21 août dernier. « Nous ne pouvons et ne devons pas fermer les yeux sur ce qui s’est passé à Damas. Il s’agit d’une attaque contre la dignité humaine, qui présente également une menace pour notre sécurité nationale », a lancé le président.
Son équipe sécuritaire, dont le secrétaire d’Etat à la défense Chuck Hagel, le secrétaire d’Etat John Kerry et le chef d’état-major Martin Dempsey, s’était réunie samedi à la Maison Blanche. Obama a assuré que les forces militaires étaient opérationnelles. « Je suis prêt à lancer l’ordre », a-t-il déclaré. Selon le Pentagone, 5 vaisseaux de guerre américains sont stationnés le long de la côte syrienne et prêts à agir immédiatement en cas d’ordre d’attaquer. Des missiles BGM-109 Tomahawk ont déjà été programmés à destination, indiquant que des cibles appartenant au régime ont d’ores et déjà été choisies.
Réactions en cascade 
Samedi, le gouvernement d’Assad se préparait à l’attaque en dispersant ses arsenaux militaires et en coordonnant une éventuelle réponse sur le terrain avec l’Iran.
De son côté, David Cameron a réagi à l’annonce américaine via Twitter. « Je comprends et soutiens la position d’Obama sur la Syrie », a-t-il écrit. La défaite parlementaire du Premier ministre britannique a surpris et choqué les commentateurs de la scène politique. « Il ne s’agissait pas d’entrer en guerre », a commenté le député conservateur britannique Bob Stewart, « il s’agissait de condamner le régime d’Assad et nous avons rejeté cette motion. Quel message envoie-t-on à la communauté internationale ? » s’est-il désolé. Une opinion que ne partageait visiblement pas le parti travailliste britannique, dont le dirigeant, Ed Miliband, a accusé Cameron de vouloir « contourner les Nations unies », alors que l’équipe d’experts onusiens n’avait pas encore achevé son travail d’inspection, jeudi 29 août.
Le Sénat américain devrait voter en faveur de la mesure, les Démocrates y possédant la majorité et les Républicains étant divisés sur la marche à suivre. L’issue du vote est beaucoup moins certaine à la Chambre des représentants.
En Israël, Netanyahou a demandé à ses ministres de ne pas publiquement évoquer la Syrie, et la plupart d’entre eux s’y sont tenus. Même le vice-ministre de la Défense Danny Dannon, qui n’hésitait pas à s’en prendre violemment au président américain avant sa nouvelle nomination, a déclaré qu’il ne réagirait pas aux « questions sur la Syrie et Obama ». Du côté de l’opposition, si la présidente travailliste Shelly Yachimovich a salué l’attitude « responsable, morale et impressionnante » du dirigeant, la présidente de Meretz, Zehava Gal-On a, étonnamment, émis un autre son de cloche. « Le recours aux armes chimiques pourrait enfin représenter une excuse légitime pour une intervention américaine, mais les raisons éthiques d’agir contre les crimes d’Assad existent depuis longtemps », a-t-elle écrit sur sa page Facebook. « A ceux qui doutent de la légitimité d’une intervention internationale en Syrie, je rappelle que l’implication internationale existe sous la forme du soutien honteux que la Russie, la Chine et l’Iran fournissent au régime. Il ne s’agit pas d’adorer l’un ou l’autre des belligérants, qui ne sont pas exactement des lumières démocratiques. Il s’agit de tout faire pour mettre un terme aux meurtres de dizaines de milliers d`innocents.