La Paix, encore et toujours

Considérations et réflexions autour du conflit israélo-palestinien.

Peres and Hollande 370 (photo credit: Moshe Milner/GPO)
Peres and Hollande 370
(photo credit: Moshe Milner/GPO)

Le fatalisme peut l’emporter, le scepticisme dominer. 20 ans d’échecs ont laissé des traces, comme les sommets, les promesses sanslendemain. Ceux qui ont voulu jusqu’au bout la paix l’ont parfois payé de leurvie, comme Sadate ou Rabin. Les obstacles, les divergences, loin de se résorberavec le temps, restent à vif. On ne croise pas plus d’Israéliens à Ramallah quede Palestiniens à Tel-Aviv : l’ignorance aussi fait son travail de sape. Laviolence et le terrorisme ont heurté les corps mais aussi meurtri les esprits,tué les croyances et endurci les mieux disposés.

Faut-il en conclure qu’il ne faut rien faire, que le sujet n’est pas mûr ? Ceserait, je crois, se tromper lourdement. Le statu quo actuel est dangereux pourles Israéliens comme pour les Palestiniens. Le calme apparent, illusoire. Pources deux peuples, il n’est pas d’autre solution que de consommer le divorcepour mieux ensuite, un jour, sur un pied d’égalité, réconciliés, établir des relationsde partenariat. Le constat n’est certes pas nouveau, mais il est désormaispressant. Il n’y a pas d’autre alternative à la construction de deux Etats pourdeux peuples, comme l’ont rappelé vendredi à Paris les présidents FrançoisHollande et Shimon Peres. Il faut à la fois répondre aux besoins existentielsde sécurité du peuple juif, dont l’histoire tragique hante la conscience dechacun d’entre nous, comme il faut répondre à l’appel légitime à la liberté, àla souveraineté du peuple palestinien, soumis à l’occupation, à la poursuite dela colonisation.
Faire taire la suspicion 
Rien n’est bien sûr simple. Les racines du conflit nesont pas que territoriales, elles sont aussi identitaires. Les contours d’unesolution sont certes approximativement connus, mais la paix est dans lesdétails, surtout quand on vit sur place. Pour accepter les sacrificesdouloureux que la solution requiert, assumer les risques inhérents, il faut quechacun puisse être convaincu qu’elle est à la fois juste et durable, qu’ellemet un terme définitif au conflit, qu’elle garantit le caractère indépendant etviable d’un Etat palestinien comme la sécurité d’Israël. Dans une région enébullition, privée de ses repères habituels, il faut aussi établir laconfiance, faire taire la suspicion.
L’implication de la communauté internationale est légitime et nécessaire.Jérusalem est chère aux trois religions du Livre ; la Méditerranée est notrebassin commun. Personne n’est en mesure d’imposer la paix, mais personnen’entend s’en détourner : le concours du monde est plus qu’utile,indispensable. Non pour négocier à la place des parties un accord surl’ensemble des questions du statut final, mais pour garantir la sécuritéd’Israël comme la viabilité et la souveraineté de l’Etat palestinien, pourfinancer la paix comme pour apporter si nécessaire les hommes pour la fairerespecter.
La France est déterminée à contribuer à la relance des efforts de paix au seinde l’Union européenne, aux côtés des Etats-Unis et des Etats de la région debonne volonté. En amie d’Israël et de la future Palestine. Les Européensn’épargneront aucun effort pour travailler avec le prochain gouvernementisraélien et l’Autorité palestinienne à la reprise tant attendue du processusde paix. La visite du Président Barack Obama à Jérusalem, comme à Ramallah,marque l’engagement américain dans la région. Faisons en sorte, ensemble, qu’ilpermette une relance de discussions substantielles, authentiques entreIsraéliens et Palestiniens sur leur sort commun.