Le rabbin et le philosophe

Plusieurs surprises attendaient la communauté juive de France la semaine passée. De rebondissement en rebondissement, le Grand Rabbin.

French Chief Rabbi Gilles Bernheim 370 (photo credit: Wikimedia Commons)
French Chief Rabbi Gilles Bernheim 370
(photo credit: Wikimedia Commons)
Gilles Bernheim a vu sa réputationdurablement entachée Une fin de Pessah amère pour le Grand rabbin de France. Le2 avril, il faisait parvenir un communiqué depuis Jérusalem où il se trouvaitpour célébrer la sortie d’Egypte, admettant la faute. Ses Quarante méditationsjuives (Stock, 2011) plagient plusieurs passages d’un livre d’entretiens,dirigé par Elisabeth Weber (université de Santa Barbara) et intitulé Questionsau judaïsme, paru en 1996. Ces passages copient notamment des propos duphilosophe Jean-François Lyotard (1924-1998).
Un extrait d’un entretien retranscrit mot à mot entre Weber et Lyotard a ainsiété repéré.
Scrutant l’ouvrage du rabbin, le site « Strass de la philosophie » signaleégalement des reprises de Jean- Marie Domenach, Elie Wiesel, Charles Dobzynski.Ces premières révélations, le 20 mars, suscitent un tel tollé que Bernheim,après un premier démenti, avoue finalement avoirs eu recours à un nègre. Et dedéclarer : « Je me suis appuyé, par manque de temps, sur un étudiant dont jetairai le nom et à qui j’ai confié des travaux de recherche et de rédaction ».Le rabbin se dit « trahi », mais prend ses responsabilités et fait retirer lelivre des ventes ainsi que de sa bibliographie.
Son répit ne sera que de courte durée. Deux jours plus tard, le magazineL’Express révèle une autre duperie de Gilles Bernheim, cette fois-ci sur sonparcours.
Partout, au dos de ses ouvrages, comme lorsqu’il reçoit la Légion d’honneur desmains de l’ancien président Sarkozy, le rabbin se présente comme un agrégé dephilosophie. Mais selon l’hebdomadaire français, le dignitaire religieux auraitusurpé le titre.
Car, affirme-t-il, ni les archives de la Société des agrégés, ni les « fichiersadministratifs du ministère de l’Education nationale » ne font mention deBernheim. Les journalistes de L’Express ont pourtant décortiqué les documentsde 1968 à 1986, sachant que le rabbin est né en 1952.
Depuis, l’affaire fait couler beaucoup d’encre. Selon une autre version desfaits : il aurait bien réussi le concours, mais pour ne pas avoir enseigné lesannées réglementaires, son agrégation n’aurait pas été validée. Un argument quisatisfait certains, mais ne suffit pas à d’autres. Un appel à la démission aété lancé.
A l’heure où nous mettions sous presse, le Consistoire n’avait pas encore officiellementréagi.