Pas de répit dans l’immédiat

Depuis sa victoire, dimanche 6 mai, François Hollande doit déjà faire face aux attentes françaises, européennes, voire américaines

SarkozyHollande (photo credit: © Reuters)
SarkozyHollande
(photo credit: © Reuters)

Ils étaient deux, mardi 8 mai, à assister à la cérémonieofficielle de commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Deuxprésidents pour une seule France: Nicolas Sarkozy, président sortant après un mandat controversé de cinq ans,et François Hollande, qui endossera ses nouvelles fonctions dès le mardi 15mai.

Traditionnellement, c’est le chef de l’État en fonctions qui participe àl’événement organisé par l’armée. Mais cette année, deux jours après le secondtour de l’élection présidentielle, Sarkozy a pris le parti d’inviter celui quirestait jusqu’alors son challenger, pour déposer, ensemble, une gerbe de fleurssur la Tombe du soldat inconnu. Une initiative saluée par la classe politique.
Le lendemain, mercredi 9 mai, se tenaient à Paris deux importantes réunionsgouvernementales.
Au palais de l'Élysée, c’est un cabinet à la grise mine qui se réunissait pourla dernière fois autour du président sortant. Ultime séance de travail pourSarkozy, ses 32 ministres et ses conseillers. Certains se sont même présentés,armés d’appareils photo, histoire d’immortaliser ces instants historiques.
De nombreux membres du gouvernement, les yeux humides, ont tenu des discoursélogieux à l’égard de Nicolas Sarkozy, le félicitant pour ses actions enverseux et le pays. “Quand on aime la France, on ne peut que souhaiter bonnechance à l’équipe qui arrive”, a répondu le président. Et d’ajouter, philosophe: “On est toujours trop triste dans les défaites, et trop victorieux dans lesvictoires... Quand il y a du soleil on ne voit pas grand chose...
Pensez, après les législatives, à vous occuper de votre famille”.
David Douillet, ministre des Sports et ancien champion de judo, a comparé lasituation du président à la sienne : “Nous sommes tous un peu orphelins. Jepense à lui : ce n’est pas facile d’arrêter sa carrière du jour au lendemain.Je l’ai vécu en tant qu’athlète à 31 ans. Il va rebondir après une petite phasede déprime.”
Quant à Frédéric Mitterrand, actuel ministre de la Culture et neveu de l’ancienprésident socialiste François Mitterrand (1981 - 1995) il a préféré tempérersur le ton de la plaisanterie, déclarant que Sarkozy emportera avec luiquelques souvenirs “tels que des enveloppes et des crayons” ; tandis que LucChatel, ministre de l’Éducation nationale, précise : “Il (Nicolas Sarkozy) nous a dit dene pas être tristes, car c’est le jeu de l’alternance démocratique.”
Après une longue période de “sarkophobie”, la France s’engage-t-elle dans une“sarkostalgie” ?, comme l’interroge le journal Le Parisien. Selon le quotidien,le président s’apprête à tourner la page, après quelques jours de vacances dansla maison de son épouse sur la Côte d’Azur. Il commencera à rechercher desbureaux dans le centre de Paris pour reprendre ses activités d’avocat.
Les Européens, les Américains et les Chinois...
Les réactions des proches du président sortant ne sont pas les seules àdéferler suite au scrutin. L’Europe s’inquiète, tout comme les États-Unis et laChine.
Angela Merkel rencontrera Hollande pour la première fois, mardi 15 mai, justeaprès sa prise de fonctions officielles.
Il y a cinq ans, Sarkozy en avait fait de même.
Jusqu’à présent, le dirigeant socialiste ne s’est jamais entretenu entête-à-tête avec la chancelière allemande.
Merkel était une fervente partisane de Sarkozy, qui appartient à la même droitepolitique qu’elle. Elle était même intervenue en sa faveur lors de la campagne.
A Washingtonaussi, on regrette la perte d’un proche allié. L’époque de “Sarko l’Américain”,comme on l’appelait en France,est bel et bien révolue. Et de l’autre côté du Pacifique on se demande si lenouveau président fera preuve de pragmatisme ou signera un idéologisme pur.
Ce qui met la Maison Blanche et Berlinen berne ? Le fait qu’Hollande souhaite renégocier le pacte budgétaire européenpour y inclure “des mesures de croissance”, en pleine crise grecque. MaisAngela Merkel a annoncé son refus et se montre inflexible sur le sujet. D’aprèscertains spécialistes toutefois, ces fameux “éléments de croissance” pourraienttrouver grâce aux yeux des dirigeants européens.
Autre mesure susceptible d’être acceptée par les Européens et par le présidentObama : le retrait des troupes françaises d’Afghanistan, d’ici fin 2012. Telleque proposée, la mesure n’est pas contraire aux propres objectifs du Pentagone.
Les plus inquiets restent finalement les Chinois, qui observent d’un mauvaisoeil l’insistance socialiste sur le respect des droits de l’Homme. Et d’autressujets risquent de fâcher Hollande et Hu Jintao, quand ils se réuniront en juinprochain lors du G20, au Mexique.
Notamment ceux de la non-convertibilité du yan, la monnaie chinoise, et lenon-respect des entreprises du pays du soleil levant des normesenvironnementales.
Pas le temps de chômer

François Hollande a décidément du pain sur la planche.Quatre jours seulement après son arrivée au Palais de l’Elysée, se tiendra unsommet de l’Otan, puis le G8.

Mercredi 9 mai, dans ses bureaux de campagne avenue de Ségur à Paris, il préparait lasuite. Le premier conseil des ministres pourrait ainsi avoir lieu le jeudi del’Ascension. Au programme : premières mesures politiques, socio-économiques etsurtout internationales ; et surtout prises de fonctions et composition duprochain gouvernement. Il faudra toutefois attendre jusqu’au mercredi 16 maipour connaître la liste sacrée.
En attendant, les petites anecdotes vont bon train et les langues jasent.Julien Dray s’est vu refuser fermement, en milieu de semaine, l’entrée de lapetite fête finale de l’équipe de campagne du candidat socialiste par ValérieTrierweiler. L’écologiste Cécile Duflot est pressentie au ministère del’Ecologie, malgré les plaintes émises par ses détracteurs ; et pour habiter lefauteuil du Premier ministre, c’est le nom du député-maire de Nantes Jean-MarcAyrault que l’on chuchote, avant ceux de la première secrétaire du PS MartineAubry et du député Manuel Valls. François Hollande a confié avoir déjà choisile prochain locataire de Matignon, tout comme le secrétaire général del’Elysée. Fin du suspens mardi 15 mai.