Colère d’olé

Entretien avec Sammy Ghozlan, président du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA), et son cofondateur

Sammy Ghozlan (photo credit: DR)
Sammy Ghozlan
(photo credit: DR)
Sammy Ghozlan est président du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA), et son cofondateur. Ancien policier, infatigable défenseur des Juifs de France, il ne cesse de dénoncer la montée de l’antisémitisme et d’exhorter les pouvoirs publics à prendre leurs responsabilités. Il vient de faire son aliya il y a une semaine, et confie son émotion suite à la tragédie qui a, une fois de plus, frappé les juifs de France.
Certains disent que le terroriste s’en est pris par hasard au supermarché Hypercacher de Vincennes ?
Pas du tout. La cible juive était programmée. Celle qui était visée initialement, c’était l’école juive de Montrouge. Nous le savons. L’accident providentiel qu’a eu le terroriste en se rendant sur les lieux a évité un carnage, malheureusement, une jeune policière a perdu la vie. Ensuite, le terroriste s’est trouvé une nouvelle cible juive à Vincennes.
Quel est votre état d’esprit après cette nouvelle tragédie ?
Je suis en colère. De voir que des musulmans radicalisés peuvent en toute impunité circuler dans Paris, lourdement armés de Kalachnikov. Je suis en colère parce que tous les assassins de nos enfants, Abdel Amastaibou, l’assassin de Sébastien Sellam, Youssouf Fofana, l’assassin d’Ilan Halimi, Merah, l’auteur de la tuerie de l’école juive de Toulouse, Nemouche l’assassin de Bruxelles, tous étaient connus des services de renseignement qui n’ont rien fait pour empêcher ces tragédies. Je suis en colère pour tous ces actes contre des juifs que les pouvoirs publics ont passés sous silence ou minimisés pour éviter la panique. Je suis en colère quand on veut nous faire croire que ce sont des actes isolés de déséquilibrés. C’est un fait qu’ils sont faciles à endoctriner et à manipuler et que ces milieux de délinquance sont un terreau fertile pour les recruter.
Je suis en colère parce que j’ai prévenu le CRIF que cette accumulation d’actes d’intimidation commis contre les juifs ces derniers temps était inquiétante et qu’on m’a répondu que j’étais trop alarmiste. Mais ce n’est pas la gravité de l’acte qui doit seule être prise en compte, c’est le geste et l’intention déjà qui sont coupables. On m’a reproché de vouloir faire paniquer les gens. Or, je suis un ancien policier, je sais ce qu’il faut dire ou pas, et quand il faut le dire ou pas.
Je suis en colère parce que des maires communistes osent nommer des rues, des places à la mémoire de terroristes et ériger des stèles pour les glorifier au motif qu’ils sont palestiniens. De fait, ils en font des modèles à imiter pour les potentiels terroristes. Les islamistes qui décapitent sont célébrés en France et les drapeaux islamistes brandis impunément. Je suis en colère parce qu’on nous dit de ne pas faire d’amalgames. Mais quand ils tuent, c’est bien en criant Allah Akhbar et au nom de leur prophète.
Pensez-vous que cette dernière tragédie va contribuer au réveil de la France ?
Il faut intervenir en amont. Les repris de justice, il faut les mettre hors d’état de nuire. Leur enlever la nationalité, supprimer les avantages sociaux à leurs familles. Expulser les prédicateurs radicaux. L’Europe pense qu’en baissant la tête, elle obtiendra de la considération, mais au contraire, cela ne lui attire que mépris. Elle veut livrer Israël au Hamas, mais cela ne lui épargnera pas la guerre. Il faut prendre le problème à la racine. Le patriotisme a été combattu, suspecté d’être fasciste, l’identité française méprisée. Voilà le résultat. 10 millions de musulmans ne se reconnaissent pas dans les valeurs françaises.
Que doit faire la communauté juive en France ?
Elle n’a plus d’autre choix que de se barricader encore plus et vivre dans une forteresse. Les synagogues et les écoles sont sous surveillance. Ça fait longtemps que j’ai prévenu que les magasins casher deviendront une cible, nous y sommes. Je crains aussi pour les restaurants. Mais ce n’est pas une solution sur du long terme.
Quel est l’avenir des juifs de France ?
Pour les juifs désargentés qui habitent dans des endroits dominés par les populations musulmanes, elle est dramatique. Boîtes aux lettres taguées, excréments dans les poussettes, ils sont obligés de raser les murs. Sous la contrainte, beaucoup se marranisent ou se convertissent à l’islam. Nous avons aidé quelques juifs menacés à partir en Israël, mais il y a beaucoup à faire.
Vous venez de faire votre aliya, il y a une semaine, n’avez-vous pas l’impression de les abandonner au moment où ils ont le plus besoin de vous ?
Je travaille à distance avec Sylvain Zenouda et une équipe sur place très aguerrie et très compétente. Nous continuons le combat. Le problème n’est pas mon éloignement géographique. Avec les moyens actuels mis à notre disposition, cela ne pose aucun problème en termes d’efficacité. Le problème, c’est le déni qui malheureusement domine encore le discours en France. Le problème avec l’islam n’est pas nommé.
Conseillez-vous aux juifs de France de suivre votre exemple ?
Je n’ai pas de mot d’ordre à donner. Les juifs de France sont lucides et malgré tous les discours lénifiants qu’on entend, entre le confort et la sécurité de leurs enfants, ils sauront faire leur choix. Ce que je peux dire, c’est que je suis convaincu qu’il vaut mieux partir que fuir. 
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