Ne laissons pas Obama sympathiser avec l’Iran

Alors que Barack Obama multiplie les concessions sur le dossier iranien, Benjamin Netanyahou doit rester ferme face à la présidence américaine

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammed Javad Zarif au mois de novembre dernier à Vienne (photo credit: REUTERS)
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammed Javad Zarif au mois de novembre dernier à Vienne
(photo credit: REUTERS)
Personne ne devrait attendre du Premier ministre Benjamin Netanyahou qu’il baisse les bras, dans la confrontation qui l’oppose au président américain Barack Obama sur la question du nucléaire iranien. Bien au contraire.
Ces 20 dernières années, Téhéran a outrepassé toutes les lignes jaunes posées par l’Occident : mise sur pied de centrales nucléaires souterraines, construction d’usines de production d’eau lourde, enrichissement de grandes quantités d’uranium, travail sur des têtes de missiles explosives, mensonges aux inspecteurs internationaux et, plus globalement, non-respect de toutes les obligations liées à sa signature du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Et pourtant, depuis l’arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche, les Etats-Unis ont réduit chaque année un peu plus leurs exigences vis-à-vis de l’Iran. A tel point qu’aujourd’hui Washington parle de « détente » entre les deux pays.
Barack Obama ne renonce pas à son souhait avoué de se rapprocher des Iraniens, malgré la nature hégémonique et impérialiste de Téhéran, sa complicité dans le carnage syrien et la montée de Daesh, et son implication croissante dans les guerres menées aux frontières d’Israël.
Quand Obama accède au pouvoir, la communauté internationale est unie derrière une position : l’Iran n’a pas le droit d’enrichir de l’uranium, que son utilisation soit militaire ou civile, et l’usine d’enrichissement de plutonium d’Arak doit être démantelée. Tout au long de sa campagne, le candidat Obama promet qu’il travaillera à « la cessation » du programme nucléaire iranien pour « interdire » l’accès à la bombe à la République islamique.
Mais depuis qu’il a pris les rênes de la Maison-Blanche, il a concédé aux Iraniens le droit d’avoir un programme nucléaire et les infrastructures nécessaires. Et il est prêt à faire de cette décision l’emblème de sa politique étrangère : elle symbolise sa présidence, évite le recours à la guerre, restructure les relations Etats-Unis – Moyen-Orient et sauve le monde entier. Dans une interview surréaliste, Obama a récemment affirmé que l’Iran devient « une puissance régionale prospère conforme aux normes et règles internationales ». Une perspective merveilleuse… si vous vivez dans un monde imaginaire et êtes miraculeusement capables d’ignorer la nature idéologique extrémiste et les actions agressives de la République islamique.
Obama a saboté le seul outil dont la communauté internationale disposait pour faire pression contre l’Iran : les sanctions économiques à son encontre. Pas étonnant que des responsables, comme le leader des Républicains au Congrès, souhaitent remuscler la politique américaine à ce sujet. La loi Kirk-Menendez prévoit d’imposer des sanctions sur une période de six mois si un accord satisfaisant n’est pas trouvé entre les puissances occidentales et l’Iran d’ici juillet. C’est une décision intelligente, qui pourrait imposer au pays un accord diplomatique qui mettrait un point final à son programme nucléaire. Sauf qu’Obama, par peur d’offenser les Iraniens, s’oppose bruyamment aux sanctions. Il pense que ménager les Iraniens au lieu de les brusquer conduira à la signature d’un meilleur accord.
Il y croit tellement, qu’il a menacé d’utiliser son droit de veto en cas de vote de la loi, et a eu recours à des clichés antisémites pour rabrouer le Congrès : lors d’une réunion à huis clos des sénateurs démocrates à Baltimore, devant le sénateur Menendez, Obama a accusé les élus en faveur de cette loi d’agir uniquement pour faire plaisir à leurs « donateurs », comprendre les donateurs juifs et pro-Israël. Menendez s’est courageusement levé pour dire qu’il considérait l’attaque comme « personnelle » puisque lui aussi avait à cœur la défense des intérêts stratégiques des Etats-Unis. Mais Obama n’est pas revenu sur ses propos.
Rapport ou pas ? Quelle importance
C’est ici qu’entre en scène le Premier ministre israélien. Il croit au plus profond de son être que les modalités de l’accord entre les grandes puissances et l’Iran sont dangereuses pour le monde entier et menacent l’existence d’Israël. Arrêter la nucléarisation et les avancées hégémoniques de la République islamique a été et reste l’objectif principal de Netanyahou depuis le début de son mandat. Il a raison de réclamer le démantèlement complet du programme nucléaire iranien dans son intégralité. N’importe quel accord qui réduirait les sanctions tout en autorisant l’Iran à conserver ses infrastructures en activité, même minime, serait un marché fatal.
Netanyahou a encore plus raison d’exiger que Washington impose des limites au programme de missiles balistiques iranien et à l’implication de l’Iran dans la guerre terroriste contre Israël, qui se traduit par l’armement du Hezbollah et du Hamas. La Maison-Blanche ne devrait pas ignorer ces questions quand ses dirigeants parlent de « détente » avec l’Iran, et pourtant c’est exactement ce qu’Obama semble faire. Il y a donc de quoi s’inquiéter.
Certains experts sont d’avis que la détermination de Netanyahou à faire entendre la voix d’Israël dans le débat américain sur les sanctions et le futur accord avec l’Iran dessert l’Etat hébreu ; parce que, ce faisant, il s’aliène 80 % des juifs américains, qui se décrivent comme Démocrates ou progressistes, ce qui risque d’accroître le nombre d’entre eux qui « prennent leurs distances » avec Israël. Ce serait dommage. Mais Netanyahou est tout à fait dans ses droits lorsqu’il cherche à placer la sécurité d’Israël devant toute autre considération, y compris les sentiments, pourtant importants, des juifs américains.
D’autres experts ont pointé du doigt un « rapport du Mossad » qui s’oppose à de nouvelles sanctions contre l’Iran. Sauf que ce soi-disant rapport a fuité dans une dépêche non confirmée d’un média étranger, issu d’une source inconnue, probablement l’administration Obama elle-même. Le directeur du Mossad a nié l’existence du rapport. Et même s’il est vrai, quelle importance ? Tout le monde sait que des rapports aux conclusions différentes sont produits par les services israéliens sur l’Iran, que ce soit sur les négociations ou sur les sanctions. Si le Mossad est arrivé à cette conclusion, il est très possible qu’il en soit autrement pour les services de Tsahal. Mais les lecteurs n’en sauront rien, puisque les opposants de Netanyahou n’ont intérêt qu’à faire fuiter l’un des deux points de vue.
© Jerusalem Post Edition Française – Reproduction interdite