De quel côté de la barrière ? La crise identitaire des jeunes Bédouins israéliens ?

Rahat, la ville bédouine du Néguev, n’est qu’à quelques kilomètres de l’Université de Ben-Gourion. Pourtant, la plupart de ses jeunes étudient à Hébron

Haneen Alkarnawi, 20 ans à la bibliothèque de l'école secondaire Alnajah (photo credit: HADAS PARUSH)
Haneen Alkarnawi, 20 ans à la bibliothèque de l'école secondaire Alnajah
(photo credit: HADAS PARUSH)

«En ce moment, je ne sais pas qui je suis, ni ce que je suis, je ne sais même pas si j’ai une identité. Parfois, je me sens palestinienne, d’autres fois, j’ai l’impression de vraiment faire partie d’Israël ». La jeune femme qui s’exprime ainsi s’appelle Haneen Alkarnawi. Elle a 20 ans et étudie dans un institut de formation professionnelle à Rahat, une ville bédouine du désert du Néguev. C’est un beau dimanche ensoleillé et je bavarde avec elle autour d’un café à la bibliothèque du lycée Alnajah, où elle effectue un stage pour devenir professeur d’anglais. Elle me parle des sentiments contradictoires qui l’animent en tant que jeune bédouine commençant sa vie d’adulte en Israël.

Haneen est née à Rahat, la plus grande des sept communes créées par le gouvernement pour urbaniser les Bédouins du Néguev. Une ville qui, dès le départ, en 1972, s’est posée comme une anomalie.
Avec une population de 65 000 habitants, c’est la plus grande agglomération bédouine du monde, un gigantesque noyau urbain qui réunit une population traditionnellement nomade et semi-rurale. La ville est moderne, dotée de magasins, d’écoles et de centres de soins médicaux ; on y voit des publicités en arabe pour Pizza Hut ou Fried Chicken. Ce qui ne l’empêche pas d’abriter des divisions profondes : à une seule exception près, chacun de ses 33 quartiers est le fief d’une seule tribu, dont les membres ne conçoivent pas de se mélanger.
Les enseignants et les dirigeants de communautés, mais aussi les jeunes eux-mêmes tels qu’Haneen, le proclament d’une seule voix : la jeunesse de la ville traverse une grave crise d’identité. Prise en étau entre tradition et modernité, entre le monde arabe et Israël, sa population se demande qui elle est. Et sachant que 57 % des habitants ont moins de 18 ans, le problème ne fera apparemment que s’amplifier si rien n’est fait.
Les racines de cette crise sont profondes et multiples et le problème est encore exacerbé par les difficultés rencontrées par les jeunes, même les plus brillants, lorsqu’ils cherchent à intégrer la société israélienne.
La barrière des psychométriques
A bien des égards, l’histoire de Haneen illustre bien le problème. Lorsqu’elle obtient son baccalauréat au lycée Alnajah, en 2011, la jeune fille rêve de devenir médecin, tout en n’imaginant pas un instant poser sa candidature à la faculté de médecine de l’université Ben-Gourion, à Beersheva. Pourtant, l’établissement n’est qu’à quelques kilomètres de Rahat. Mais Haneen s’inscrit plutôt à l’université de Hébron, en Judée-Samarie, et choisit d’étudier l’anglais.
Pourquoi une jeune fille douée, apte à étudier la médecine, décide-t-elle de parcourir des kilomètres en passant des check-points pour aller étudier l’anglais en Judée-Samarie ? « Je n’avais aucune chance d’obtenir une bonne note aux psychométriques », explique-t-elle. Les psychométriques, ce sont les tests obligatoires qu’il faut passer pour pouvoir s’inscrire dans une université israélienne. Certes, Haneen aurait pu consacrer une année à préparer cet examen, mais pour cela, il fallait de l’argent et elle n’en avait pas. A Hébron, en revanche, on ne demande pas de psychométriques.
« Elle n’est pas la seule dans ce cas », affirme Khanan Alkirinawy, qui gère le programme pour jeunes en danger à la municipalité de Rahat. « Beaucoup préféreraient de loin s’inscrire à l’université Ben-Gourion, mais les psychométriques leur apparaissent comme un obstacle insurmontable. Et puis, il serait plus difficile pour eux d’étudier en hébreu, qui n’est que leur deuxième langue. » A en croire Khanan, il y a à Rahat 200 jeunes qui, comme Haneen, se rendent chaque week-end en Judée-Samarie pour suivre les cours spéciaux pour étudiants arabes israéliens à l’université de Hébron. Ainsi, chaque vendredi matin, Haneen prend le bus de 6 heures et doit patienter une bonne heure au check-point qui mène en Judée-Samarie. Les cours durent deux jours et elle rentre chez elle le samedi soir.
Ce phénomène ne se limite pas à la seule communauté bédouine, affirme Yousef Jabareen, directeur du Disarat Arab Center for Law and Policy, ONG basée à Nazareth. Plus de 8 000 Arabes israéliens étudient en Jordanie, et 2 000 autres en Judée-Samarie. Et la barrière des psychométriques en est la principale cause : « Culturellement, cet examen est biaisé », précise-t-il. « Aussi les jeunes ont-ils l’impression que le système éducatif israélien les rejette, et ils ne tentent même pas leur chance… »
Pour lui, cet exode vers les universités de Jordanie et de Judée-Samarie commence à avoir des conséquences significatives sur l’identité et la cohésion sociale des Arabes israéliens. « Il y a des répercussions psychologiques », explique-t-il. « Nos sondages montrent que la plupart des étudiants arabes israéliens inscrits à l’université de Hébron auraient préféré étudier en Israël. Ces jeunes se sentent frustrés, et cela affecte toute la société. »
70 % de chômage
En étudiant hors d’Israël, les Arabes israéliens se forgent une identité de Palestiniens, poursuit Jabareen. Et quand, leur diplôme en poche, ils reviennent en Israël, ils ont toutes les peines du monde à réintégrer la société et à se faire une place sur le marché du travail. De plus, n’ayant pas étudié dans cette langue, ils parlent mal l’hébreu et ne bénéficient pas des contacts et des conseils que leur auraient procurés des études en Israël.
Une situation qui bloque l’entrée dans la société israélienne à des Bédouins doués. Car, une fois diplômé, on ne trouve pas de travail facilement. « Il n’y en a pas à Rahat », déplore Khanan Alkirinawy, de la municipalité. « La ville n’abrite que de petites entreprises, actives seulement à l’intérieur même de la communauté. Cela ne suffit pas. Alors les gens partent travailler à l’extérieur, mais obtiennent surtout des emplois peu qualifiés, parce qu’ils ne savent pas mener une recherche d’emploi qui leur permettrait de trouver mieux. »
A Rahat, le taux de chômage est extrêmement élevé (70 %), affirme encore Alkirinawy, et l’échec scolaire est nettement supérieur à celui de la population juive en Israël. Un récent rapport du Meyers JDC Brookdale Institute a établi que, chez les Bédouins, 43 % des garçons et 32 % des filles ne parviennent pas jusqu’au bac.
Ce sentiment de discrimination qu’éprouvent les jeunes de Rahat alimente directement leur crise d’identité, estime Haneen. « Ici, ils ne savent pas qui ils sont. S’ils sont israéliens ou arabes, palestiniens ou bédouins… » Elle-même en souffre, puisqu’elle considère avoir été bel et bien exclue de l’enseignement supérieur d’Israël.
La vie après le lycée est très différente pour un Bédouin et pour un Israélien juif. Alors qu’à cet âge, les Juifs sont directement enrôlés dans Tsahal, les Bédouins, eux, ont le choix. Haneen en connaît « un ou deux » qui se sont portés volontaires pour effectuer le service militaire, et l’immense majorité bédouine les regarde d’un très mauvais œil. Voilà pourquoi, sur les 1 400 Bédouins servant dans Tsahal (la plupart comme pisteurs aux frontières nord et sud), seuls un tiers sont originaires du Néguev. Les autres viennent du nord du pays, qui jouit d’un niveau de vie supérieur. Haneen déplore aussi que les soldats opérant aux check-points entre Israël et la Judée-Samarie traitent moins bien les étudiants bédouins que les Israéliens juifs, renforçant encore l’hostilité latente. « Je leur dis : “Regardez, je suis israélienne, j’ai une carte d’identité israélienne !” Mais à chaque fois, ils nous font attendre pendant des siècles alors que les citoyens juifs, eux, passent sans être inquiétés », s’indigne-t-elle.
Sans parler du récent projet de déloger les Bédouins installés dans des villages non légaux, qui a exacerbé l’antagonisme de cette population vis-à-vis des autorités israéliennes…
Avec ces expériences au quotidien, il n’est pas étonnant que Khanan s’identifie davantage aux Palestiniens qu’aux Arabes israéliens. « Oui, je crois que je me sens palestinienne », commente-t-elle. « J’adore les Juifs, mais la façon dont ils nous traitent me fait mal. »
L’illettrisme recule
Kasem Alshafiee, qui dirige le département d’anglais au lycée d’Alnajah, ne se fait aucune illusion. Moins de 10 % de la population bédouine est passée par l’enseignement supérieur, précise ce jeune homme à la voix douce et au front déjà sillonné de rides soucieuses. « Ce qui signifie que la plupart des jeunes ne sont pas qualifiés pour trouver du travail hors de la communauté. « Le tableau est extrêmement sombre à Rahat », soupire-t-il. « Il faut que les choses changent. »
Tout comme Alkirinawy, il approuve les réformes proposées par le ministre de l’Education Shaï Piron, qui vont changer le système d’admission aux universités. Les examens des psychométriques cesseront d’être obligatoires et les universités pourront accepter les étudiants sur la simple base de leurs résultats au baccalauréat. Une révolution, qui facilitera l’accès des Bédouins à l’enseignement supérieur israélien et constituera un premier pas important vers une meilleure intégration dans la société majoritaire du pays.
Hélas, ces modifications du système n’entreront pas en vigueur avant cinq ans. Entre-temps, Arabes et Bédouins israéliens auront droit à des cours spéciaux destinés à les préparer aux examens. Mais pour Merav Shaviv, du Conseil israélien pour l’enseignement supérieur, une chose est sûre : dans les tests psychométriques, les Bédouins partent avec un sérieux handicap. « Les Arabes obtiennent en général 100 points de moins que les Israéliens juifs », précise-t-elle. « Les Bédouins, eux, sont 200 points au-dessous ! »
Bien que frustrés de devoir attendre le changement encore si longtemps, éducateurs et travailleurs sociaux admettent qu’en matière d’éducation, de grands pas en avant ont été réalisés à Rahat ces dernières années. En dix ans, l’illettrisme a beaucoup régressé, constate Alkirinawy.
Suzi Ben-Harosh, porte-parole du ministère de l’Education pour le sud d’Israël, renchérit : le niveau d’éducation des Bédouins s’est élevé de façon significative ces dernières années. La moitié des élèves de Terminale décrochent désormais leur baccalauréat, indique-t-elle, et la formation des professeurs s’est bien améliorée dans le district : ceux-ci ne peuvent plus enseigner sans un diplôme d’études supérieures obtenu dans la matière qu’ils professent. Par ailleurs, le ministère a lancé un programme destiné à réduire les retards de niveau des élèves. Il encourage ceux qui ne se sont pas présentés aux examens du baccalauréat en fin d’année scolaire à les repasser plus tard.
L’université Ben-Gourion propose de son côté un programme d’aide aux étudiants arabes israéliens, également ouvert aux Bédouins, qui leur permet de contourner les tests psychométriques. Ces cours intensifs sont prévus pour 100 étudiants, explique le Pr Riad Agbaria, directeur du département de Pharmacie de l’université Ben-Gourion et conseiller pour les problèmes des étudiants arabes. Ceux qui obtiennent de très bonnes notes sont ensuite autorisés à se joindre aux cours réguliers dans les différents secteurs d’enseignement de l’université, sans avoir à passer les psychométriques.
Bizarrement, seuls 45 étudiants se sont inscrits à ce programme, malgré les avantages destinés à les y inciter : bourses pouvant couvrir jusqu’à 70 % du prix d’inscription et cours particuliers à volonté.
Si des étudiants comme Haneen se plaignent de la barrière que représentent pour eux les tests psychométriques, pourquoi le nombre d’inscriptions est-il si bas ? Pour Agbaria, la réponse tient sans doute à l’extrême difficulté de cet apprentissage intensif : « La vérité, c’est que beaucoup préfèrent s’inscrire dans des instituts professionnels et suivre des cours moins intensifs dans des domaines comme l’enseignement, ou encore faire le trajet jusqu’à Hébron, où tout est plus facile. »
Selon lui, l’université Ben-Gourion est déterminée à accroître le nombre d’étudiants bédouins enrôlés dans ses programmes de mise à niveau, et elle travaille résolument dans ce sens. Actuellement, 450 Bédouins y étudient, dont 300 filles, mais ce chiffre semble encore très insuffisant. Comme nos jeunes se sentent exclus, expliquent les responsables des communautés de Rahat, ils éprouvent un complexe d’infériorité vis-à-vis des étudiants juifs et ne se sentent pas de taille à entrer en concurrence avec eux. Ibrahim Abo Shareb, directeur du centre communautaire, sait que les gens de sa ville ont du talent et il déplore leur manque de motivation, d’ambition et de confiance en eux. « Ils ont le sentiment de subir une immense injustice, ce qui les pousse à renoncer à leurs rêves », ajoute-t-il.
Prendre sa vie en main
Le centre communautaire est un vaste bâtiment clair situé près du grand centre commercial de la ville et du restaurant Pizza Hut. C’est une sorte de microcosme de toutes les contradictions que l’on trouve à Rahat. Au moment où nous le visitons, c’est la semaine du livre en langue arabe, et quelques personnes (deux jeunes femmes et un homme d’un certain âge portant le keffieh traditionnel) furètent parmi les livres à vendre, qui sont autant de preuves de la hausse du taux d’alphabétisation dans la ville. Dehors, de petits groupes de jeunes chômeurs boivent du café, avec l’air de s’ennuyer profondément.
Abo Shareb, qui jongle avec les téléphones, parlant tantôt en hébreu, tantôt en arabe, affirme ne pas être étonné de cette confusion des identités et des valeurs dont souffrent les habitants de sa ville. La communauté, explique-t-il, est en plein processus de mutation. Tandis que les plus âgés ont conservé leur style de vie et leurs valeurs bédouines traditionnelles, les jeunes, eux, se trouvent plus exposés qu’avant au monde environnant. « Ils sont confrontés à la culture juive, qui est toute proche, et découvrent aussi de nouvelles idées par les médias et internet. Alors, ils se développent des identités multiples : arabe, palestinienne, israélienne, bédouine, et ils n’arrivent pas à décider laquelle leur correspond. »
Selon lui, les problèmes que pose le système éducatif israélien sont cruciaux pour les jeunes de Rahat. Le sentiment d’être discriminés et isolés du reste d’Israël rend la cause et l’identité palestiniennes plus séduisantes pour eux, ajoute-t-il. « Ils se sentent très proches des Palestiniens et s’identifient de plus en plus avec eux. »
Les propos d’Abo Shareb font écho à ceux d’Alkirinawy, de la municipalité, ou d’Alshafiee, du lycée de la ville : pour lui comme pour les deux autres, il faut faciliter l’accès à l’enseignement supérieur dans le système israélien et étendre les possibilités d’emploi lorsque les jeunes arrivent sur le marché du travail. Toutefois, estime-t-il, cela ne dépendra pas seulement du ministère de l’Education et des universités elles-mêmes, mais aussi des éducateurs et des dirigeants de communautés de Rahat. « Bien sûr, le gouvernement doit multiplier les efforts, investir davantage. Mais c’est également notre rôle et notre responsabilité d’éduquer nos jeunes à prendre leur vie en main. »
Au lieu d’abandonner avant même d’avoir essayé de se confronter avec les jeunes Juifs israéliens, les jeunes de Rahat devraient commencer par prendre la responsabilité de leurs ambitions, ajoute-t-il. Dans ce but, lui-même travaille par exemple à établir des relations entre les jeunes de Rahat et le mouvement de jeunesse juif Hanoar Haoved pour mener de concert des projets de bénévolat. Il planche par ailleurs sur un autre projet visant à améliorer l’éducation des jeunes et la recherche d’emploi, en collaboration avec Jamal Alkarnawi, conseiller pour les étudiants arabes à l’université Ben-Gourion, lui-même originaire de Rahat. Avec la municipalité, il a obtenu un financement de l’Institut national d’assurances afin d’établir la première association de jeunes de la ville, qui propose des formations et des stages professionnels pour accroître les compétences des demandeurs d’emploi.
« Nous avons l’esprit plus ouvert ici »
Jamal, qui tient à voir les jeunes prendre des initiatives pour améliorer leur situation, a créé l’ONG Une Nouvelle Aube, afin de leur fournir des outils.
« En regardant autour de moi, j’ai vu ce qui se passait et j’ai compris que tous ces jeunes estimaient ne pas avoir d’avenir. Et j’ai voulu faire quelque chose pour eux. »
Dès lors, il récolte des fonds pour le Club des Jeunes et fait venir des professeurs d’anglais bénévoles dans les lycées de Rahat afin d’élever le niveau. « Nous voulons nous attaquer aux problèmes via des programmes culturels et éducatifs, mais aussi à travers du bénévolat, en impliquant des partenaires internationaux dans le processus », explique-t-il.
Jamal et Abo Shareb font partie de cette nouvelle génération de dirigeants communautaires qui veillent à préserver l’identité bédouine, mais s’efforcent parallèlement de faire participer des organisations juives et étrangères à des initiatives propres à élever le niveau éducatif des jeunes. Et s’ils savent qu’il importe de donner à la jeunesse les outils adéquats pour intégrer l’enseignement supérieur et le marché du travail israéliens, ils pensent aussi que les jeunes eux-mêmes ont un rôle personnel à jouer dans leur propre développement.
« Bien sûr, nous devons leur donner un sentiment d’appartenance, mais ils doivent aussi se voir comme des citoyens actifs », insiste Jamal.
Toutes ces initiatives suffiront-elle à permettre aux jeunes Bédouins de Rahat de s’intégrer ? Ceux-ci pourront-ils développer une identité propre de « citoyens bédouins de l’Etat d’Israël » ? Ou vont-ils s’identifier de plus en plus avec la cause et la culture palestiniennes ? Pour sa part, Haneen affirme que, si elle se sent palestinienne dans une certaine mesure, elle préfère de loin la vie en Israël à celle qu’elle voit à Hébron. « Quand nous sommes à Hébron, les Palestiniens nous appellent les Juifs », dit-elle. « Et c’est vrai que nous avons l’esprit plus ouvert ici, à Rahat. Beaucoup de choses me paraissent bien mieux ici. J’aurais vraiment aimé pouvoir étudier ici. » 
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