Enterrement de Ron Nachman : l’ascension d’un grand maire

Premier et dernier maire d’Ariel, Nachman était entièrement dévoué à la construction de sa ville en Samarie et à la reconquête du peuple juif sur sa terre.

Ron Nachman 370 (photo credit: Wikimedia Commons)
Ron Nachman 370
(photo credit: Wikimedia Commons)
Après une longue et difficile lutte contre lecancer, Ron Nachman a trouvé la mort vendredi à l’âge de 70 ans. Sonenterrement a eu lieu à 15 heures dimanche 20 janvier, à Ariel, la ville qu’ila fondée, fruit de ses rêves, depuis que, au printemps de 1978, il avaitinstallé deux tentes sur une colline rocailleuse de Samarie.
Dans les années 1990, Nachman avait abandonné sa carrière à l’hémicycle pour seconsacrer à Ariel, une nouvelle loi interdisant aux politiciens de concilierles sphères municipales et parlementaires. Les dernières années de sa vie, ilprenait à coeur son rôle de maire. Allongé sur son lit d’hôpital, uneintraveineuse dans le bras lui injectant sa chimiothérapie, il répondaittoujours aux questions des journalistes par téléphone. Le Premier ministreBinyamin Netanyahou, s’est attristé de la mort de Nachman : « Aujourd’hui j’aiperdu un ami cher. Ron était un grand patriote sioniste. Je l’ai beaucoup aimé.Il a établi la ville d’Ariel selon ses préceptes et s’est employé à larenaissance des Juifs sur leur terre en construisant une ville florissante enSamarie. Jusqu’au dernier moment, il a oeuvré au renforcement et audéveloppement de l’implantation. Récemment encore, nous parlions de lareconnaissance de l’université d’Ariel et il était passionné par ce nouveaudéfi qu’il avait réussi à accomplir. »
L’ascension d’Ariel
Pour Nachman, sondévouement à Ariel et à l’Etat d’Israël était une forme d’héritage familial. Ilétait issu d’une famille de fondateurs de Ness Ziona, où son père étaitdéputémaire.
« Ce fut un privilège de suivre les traces de mes aînés, et de créer une villeen Israël, nommée Ariel », avait-il ainsi déclaré à l’occasion de son 70eanniversaire, l’an dernier.
Dans une vidéo diffusée par le conseil municipal de la ville, il se rappelaitavoir répondu à un appel de Moshé Dayan, au début des années 1970, qui voulaitalors peupler la région : « Quand le ministre de la Défense Moshé Dayan aproposé deux idéaux aux jeunes du pays : celui des implantations et celui de lasécurité, moi et deux autres hommes, sommes partis à la recherche d’une unitéd’implantation. Je l’ai appelée “Tel-Aviv”, car nous étions alors connectés àla ville », expliquait-il.
Puis de poursuivre avec nostalgie : « Ariel et Lilly Sharon ont alors fait leurapparition pour nous annoncer que les Américains nous avaient donné le “feuvert” afin de créer 6 avant-postes. Sharon avait tapé du poing sur la table etcrié “Allez-y en uniforme, en civil, nus s’il le faut, mais allez-y !” ».
Aux premières élections municipales de l’implantation, en 1985, Nachman est éluà la tête du conseil. Ce qui lui permettra d’ailleurs de faire son entrée à la13e Knesset sur les listes du Likoud, où il fait partie de ceux qui s’opposentaux accords d’Oslo. « Cela n’apportera qu’un bain de sang, et jamais la paix »,avait-il ainsi déclaré au Premier ministre de l’époque, Itzhak Rabin.
En 1998, quand Ariel obtient le statut de ville, il en devient maire. Un postequ’il occupera jusqu’à sa mort. Sous sa direction, la cité forte de 20 000résidents laïcs et religieux, va absorber plus de 9 000 immigrants d’Unionsoviétique après la chute de l’URSS. Au cours de la dernière décennie, la villedevient également le siège d’un centre culturel, d’un complexe sportif et d’uneuniversité accréditée.
Même s’il est toujours resté un membre actif et convaincu au sein de son parti,Nachman s’est à plusieurs reprises porté en faux contre les politiques duLikoud, comme le retrait de Gaza en 2005, ou le moratoire de 10 mois sur lesconstructions en Judée-Samarie en 2010. Alors que les hommes politiques, toutestendances confondues, sont souvent venus solliciter le soutien d’Ariel, la citéa obtenu moins de permis de construction que les 3 autres grandes villes deJudée-Samarie comme Modiin Illit, Betar Illit et Maalé Adoumim.
Nachman était impartial et manquait parfois de diplomatie envers ceux qui seprononçaient pour un retrait israélien d’Ariel.
Une lutte pour la vie 
Son cancer est diagnostiqué pour la première fois en2009.
Au départ, le traitement semble fonctionner. Mais la maladie refait sonapparition plus tard. « J’ai su que le cancer était de retour en 2010, lorsd’un voyage à l’étranger pour récolter des fonds pour Ariel. Dans ma salle debain, j’ai découvert une tache de sang », révélait-il au cours d’une interviewaccordée à la première chaîne de télévision Aroutz 1. « J’avais eu un an derépit. Mais le mal était revenu, pire encore que la première fois. » Leministre de la Défense Ehoud Barak a rapporté à son sujet : « Ron Nachman étaitun leader, une figure charismatique et un ami, qui fonda Ariel presque à partirde rien. ». Tzipi Livni a également rendu hommage au maire d’Ariel : « Il amené un combat qui donne de l’espoir contre une maladie terrible, exactement dela même manière qu’il s’est battu pour ses idéaux en politique toute sa vie.Nos avis étaient divergents sur de nombreux points, mais j’ai su apprécier sadétermination et sa ténacité »