Le Sud réclame une sécurité optimale

Les incessants tirs de roquettes en provenance de Gaza obligent le gouvernement à adopter de nouvelles mesures pour protéger sa population

Gaza sud 521 (photo credit: Ben Hartman)
Gaza sud 521
(photo credit: Ben Hartman)
Nouvelle pluie de roquettes sur le territoire israélien. Dans la nuit de mardi 23 à mercredi 24 octobre, ce sont plus de 65 engins explosifs qui se sont abattus sur le sud du pays.
L’aviation israélienne a alors ciblé des sites connus pour leur forte activité terroriste, dont une cellule du groupe responsable des tirs de roquettes. Mais plus tard dans la journée, les explosions reprenaient. En dépit de la trêve sollicitée par l’Egypte, d’autres Kassams se sont abattus sur le conseil régional d’Eshkol, entre le 25 et le 28 octobre. Bilan de ces quatre jours : 87 projectiles, dont 7 interceptés par la batterie “Dôme de fer”.
Pour l’heure, les violences ont fait trois blessés graves côté israélien, dont deux travailleurs immigrés d’origine thaïlandaise ; et sept morts, côté palestinien.
La visite “historique” de l’émir du Qatar dans la bande de Gaza, mardi 23 octobre, a-t-elle constitué un élément déclencheur ? Le souverain, qui a passé quelques heures dans l’enclave palestinienne contrôlée par le Hamas depuis juin 2007, a inauguré plusieurs projets financés par le Qatar à hauteur de 400 millions de dollars. D’après le président Shimon Peres, la démarche du Sheikh Hamad al-Thani a relancé les tensions grâce à ses promesses et au soutien apporté au groupe terroriste.
“Un état de guerre permanent”
Aux alentours, les villes israéliennes restaient en état d’alerte. Sderot, Netivot et Ashkelon sont les lieux les plus touchés par les offensives palestiniennes. La récente montée en puissance des hostilités dans la zone méditerranéenne du pays n’est qu’un épisode supplémentaire au quotidien des habitants du Sud. Les kibboutzim installés au coeur du conseil régional d’Eshkol, entre Ashkelon et Beersheva, subissent l’épreuve, tant bien que mal, de la menace constante.
Zilpa Youz, 37 ans et native de Tel-Aviv, explique les faits. Réveillée à 4 heures du matin par les explosions de mortiers, elle a quelques secondes pour saisir son bipper, prévenir ses proches et se précipiter hors de son lit. Un Kassam est tombé dans sa chambre, à un mètre d’elle. Les dégâts sont lourds, mais elle s’en est sortie quasiment indemne. “Les armes semblent plus grandes et les explosions plus fortes que d’habitude”, ont fait remarquer les habitants. La vie dans le kibboutz, jadis paradisiaque selon les personnes interrogées, a pris un tournant très différent en 2001.
Danny Dahan, président de la chambre de commerce de Sderot, s’indigne : “C’est comme un état de guerre permanent. L’alarme retentit sans arrêt.” Les civils sont désormais habitués aux mesures de sécurité et rejoignent rapidement les abris. Pourquoi les habitants ne déménagent- ils pas ? “Parce qu’ils sont ici chez eux. Si l’on cède devant le terrorisme, alors le terrorisme aura gagné.
Le pays subsiste grâce à des individus comme eux. Leur force mentale leur permet de rester. Et puis il n’est pas simple de partir et de tout abandonner”.
Selon Adrianna Katz, directrice de l’hôpital psychiatrique de Sderot, plus de 5 000 personnes en état de choc sont recensées chaque année. Cette semaine, 8 nouvelles admissions ont été enregistrées. “Les habitants de la région ont un quotidien difficilement viable. L’alarme ‘couleur rouge’ les incite à courir sans cesse dans les abris. Certains blessés ne s’en remettent jamais.”
Le plus alarmant semble être le nombre d’enfants et de jeunes qui consultent. Les patients expriment des troubles post-traumatiques. Ils ont peur sans arrêt.
Tombent dans de lourdes et longues dépressions, dont ils peinent à sortir. Certains ont des problèmes d’élocution, générés par le choc, tandis que d’autres ne parviennent plus à se rendre au travail, à l’école, ou simplement à sortir de chez eux.
Les propos de Yaël et sa mère, habitantes du kibboutz Reim près de la frontière, viennent corroborer cet état de fait. La surprise et la peur sont toujours les mêmes, expliquent-elles. “On ne s’habitue pas à ce genre de vie.
Les maisons du kibboutz ne sont pas protégées. On sursaute à chaque fois que l’alarme retentit, ou qu’on entend un missile exploser. On a juste le temps de courir dans des couloirs, qui ne sont guère moins dangereux.
15 secondes pour se protéger d’une bombe. Sortir de chez soi, accompagner mon enfant à l’école, tout est une épreuve. Parfois l’armée nous aide et nous protège.
Ma fille a été escortée par un soldat ce matin. Mais hier, quand le Kassam est tombé, j’ai sauté sur ma fille et je me suis allongée sur elle pour la protéger. Unique option.”
Le gouvernement a accepté la requête de la région et du ministère de la Défense, et ordonné d’étendre les capacités du Dôme de fer à 7 km de la frontière. Mais les habitants de cette zone continuent de reprocher aux autorités leur manque d’intérêt à leur égard. Binyamin Netanyahou a d’ores et déjà promis une “protection totale” aux 26 communautés concernées par les tirs. Soit 1 800 habitations et infrastructures. Les habitants, quant à eux, n’ont qu’à prendre leur mal en patience.