Le stade flambant neuf de la capitale, nouveau fief de l’Hapoel Jerusalem

Le nouveau stade de Jérusalem est enfin achevé. Galvanisée par son nouvel entraîneur et un terrain de jeu privilégié, le club Hapoel, s’apprête à relever les plus hauts défis.

Le stade flambant neuf de la capitale, nouveau fief de l’Hapoel Jerusalem (photo credit: Wikimedia Commons)
Le stade flambant neuf de la capitale, nouveau fief de l’Hapoel Jerusalem
(photo credit: Wikimedia Commons)
La prochaine cérémonie d’inauguration du nouveau stade s’annonce fastueuse. Rien ne paraît trop beau pour marquer l’événement : Magic Johnson et d’autres anciens de la NBA, devaient même venir régaler les quelque 12 000 spectateurs présents dans l’arène, avant d’être contraints d’annuler leur participation en raison du conflit dans le pays. Cependant, il en faudrait plus pour perturber Ori Allon, le nouveau propriétaire de l’Hapoel Jerusalem. L’homme, aujourd’hui âgé de 33 ans, aurait certes été ravi d’une cérémonie à l’affiche prestigieuse, mais se montre beaucoup plus excité à l’idée de voir son équipe disputer son premier match officiel dans le stade ultramoderne.
Un propriétaire avisé
Malgré les inévitables tâtonnements qui accompagnent souvent la première saison de tout nouveau propriétaire de club, Allon assure avoir tiré les leçons de son expérience de l’an passé. Le parcours de l’Hapoel Jerusalem s’était achevé sur une note un peu décevante, après sa défaite en finale de la BSL (Super Ligue israélienne de basket), pour la septième année consécutive. D’autant plus décevante que l’équipe était en tête de classement durant une grande partie de la saison. L’heureux propriétaire de l’équipe affirme pourtant que cet échec l’a encore plus motivé pour continuer et accomplir de grandes choses avec son club. « Les supporters nous ont montré tellement d’amour ! C’était incroyable, cela a dépassé tout ce que j’aurais pu imaginer », confie-t-il. « Ce public qui nous soutient m’encourage à m’investir encore plus, je le sens reconnaissant de notre travail. » Des supporters qui avaient largement perdu leurs illusions après des décennies de suprématie du Maccabi Tel-Aviv, qui paraissait intouchable. Les multiples changements de propriétaires de l’Hapoel, certains à la personnalité parfois excentrique comme Arkady Gaydamak ou Guma Aguiar, n’étaient pas faits pour rassurer non plus. Pas étonnant dans ces conditions que jusque récemment, la plupart des matchs de l’équipe ne remplissaient que la moitié des stades.
Mais l’avenir semble sourire à ce club qui n’a pas connu de grande victoire nationale depuis 2008. Lorsque l’équipe se retrouve orpheline d’Aguiar, son ancien propriétaire disparu en mer, Ori Allon se porte rapidement acquéreur. Les qualités de gestionnaire de l’homme d’affaires ne sont plus à prouver. Né en Israël, il est parti s’installer en Australie après son service militaire et a bâti sa fortune en vendant différentes start-up aux géants américains de l’internet : en 2011, il cède à Twitter sa société Julpan, puis à Google son appareil de recherche breveté, dénommé Orion. Son entreprise, Urban Compass, est aujourd’hui évaluée à plus de 360 millions de dollars (273 millions d’euros).
En entrepreneur avisé, Allon choisit donc de s’entourer des meilleurs pour son équipe : le basketteur Amare Stoudemire des New York Knicks, mais aussi l’agence de publicité d’Eyal Chomski ainsi que l’agent sportif américain Arn Tellem, qui doivent veiller à à la rentabilité de l’Hapoel.
Allon est également un homme lucide. A propos de la remontée encourageante du club sous sa houlette, il dit : « Nous avons terminé la saison bien placés, malheureusement nous avons subi quelques blessures, ce qui nous a handicapés les mois suivants. J’ai demandé à mes joueurs de donner leur maximum pour cette année. Je ne peux pas décider s’ils vont gagner ou perdre, mais il faudra qu’ils se battent, et je crois que nous avons une excellente équipe. Le talent est de notre côté, nous avons également un bon entraîneur et, bien évidemment, nos merveilleux supporters. Je pense que nous avons tout ce qu’il faut pour gagner. Mais nos objectifs immédiats ne se posent pas en termes de première ou deuxième place aux championnats. Nous construisons ici quelque chose pour le long terme. C’est évidemment agréable de gagner, mais ce n’est pas le but principal aujourd’hui. Il s’agit pour nous de construire une équipe et un jeu solides pour nous garantir le succès dans les saisons à venir. »
Un avenir prometteur
Dès avril 2004, l’ancien maire de Jérusalem, Ehoud Olmert, exprime son souhait de faire construire un nouveau stade de basket dans la capitale, afin de remplacer le stade délabré de Malha (aussi connu comme le stade Teddy Kollek, du nom du prédécesseur d’Ehoud Olmert), fief du club Hapoel depuis 1985. Cependant, la construction du complexe est retardée à plusieurs reprises : la première pierre est posée en décembre 2005, et c’est seulement en juillet 2009 que la municipalité lance officiellement le projet. Par la suite, de nombreuses dates ont été annoncées pour la fin des travaux, mais il aura fallu attendre dix ans pour que le stade soit finalement achevé. Projet dont le coût, estimé au départ à 124 millions de shekels, a finalement dépassé les 300 millions. Allon reconnaît qu’il n’aurait probablement pas acheté le club sans cette perspective du nouveau stade, et juge ces dernières considérations comme mineures : « Les perspectives de l’équipe, qui va désormais s’entraîner dans le meilleur stade d’Israël, et l’un des plus agréables de toute l’Europe, ont complètement changé », explique Allon. « Je pense qu’il nous faudra un peu de temps pour écouler les 12 000 billets pour la saison, mais nous avons déjà battu un record en triplant presque nos ventes de places par rapport aux autres années. J’espère que nous ne décevrons pas la confiance du public et que la qualité de notre jeu lui donnera toutes les raisons de venir au stade. La plupart des supporters comprennent que c’est un long processus. Je ne crois pas qu’ils s’attendent à des succès immédiats. Bien sûr, ça nous fera plaisir si cela arrive, mais même si ce n’est pas le cas cette année, nous persévérerons jusqu’à atteindre nos objectifs. »
Le club pourra compter sur ses basketteurs. Six joueurs seniors de la dernière saison restent titulaires de l’équipe, y compris des joueurs qui évoluent au sein de l’équipe nationale comme Yotam Halperin, Lior Eliyahou et Yaniv Grin, ainsi que les Américains Bracey Wright et Derwin Kitchen. L’Hapoel Jerusalem vient également d’engager un joueur de la Ligue, Donta Smith, qui a fait partie du Maccabi Tel-Aviv. Allon espère recruter encore deux autres joueurs. On attend également beaucoup du nouvel entraîneur du club, Danny Franco, qui officiait jusqu’à présent au Maccabi Haïfa, et remplace à ce poste Dan Grinberg.
Objectif Euroligue
La détermination du club de Jérusalem ne fait plus de doutes : bien qu’il n’ait pas atteint la finale de la BSL lors de la dernière saison, il disputera néanmoins les qualificatifs de l’Euroligue en Belgique le mois prochain, après avoir convaincu les organisateurs de lui accorder une invitation. « L’Euroligue est un objectif majeur, c’est pourquoi notre participation est très importante : nous devons commencer à imprimer notre marque et à nous faire connaître comme un adversaire sérieux dans les prochaines compétitions internationales », affirme Allon. « Et il est bien évident qu’on ne pourra pas arriver au sommet du basket européen si on ne joue pas dans l’Euroligue. On aurait pu attendre encore deux ans, mais l’Euroligue a bien voulu nous donner un coup de pouce. On verra bien si nous méritions vraiment d’y être cette année. »