Ashdod la digne

Alors qu’une nouvelle vague de violences a secoué le Sud, Ashdod s’est révélée mieux parée, mais refuse de faire sienne ce quotidien infernal

attaque a Ashdod (photo credit: avec l'aimable autorisation de la municipalite)
attaque a Ashdod
(photo credit: avec l'aimable autorisation de la municipalite)
Pendant une semaine, une guerre de roquettes a fait rage dans le sud d’Israël.
Pus de 300 roquettes ont été tirées sur des zones urbaines depuis le vendredi 10 mars après-midi, suite à l’élimination par Israël du leader du Comité de Résistance populaire, le groupe terroriste responsable de l’enlèvement de Guilad Schalit.
Parmi le million de civils vivant dans le Sud, les habitants d’Ashdod ont eux aussi été la cible d’attaques massives de roquettes Grad en provenance de Gaza. Retour sur une journée d’angoisse.
Alors que je gagnais la ville vers cinq heures du soir, le hurlement de la sirène a retenti et mon bus en partance de Jérusalem s’est soudain arrêté. Le conducteur, un homme âgé, a coupé le moteur pour laisser les passagers descendre, selon le protocole de sécurité. Les résidents d’Ashdod ont 45 secondes pour trouver un abri une fois que le missile a été tiré depuis Gaza.
Certains passagers se sont couchés sur le sol, mains sur la tête, d’autres ont trouvé appui contre un mur de ciment. La rapidité du comportement humain mû par l’instinct de survie m’étonnera toujours. Quelques secondes plus tard, nous avons entendu un boom. Et les débats ont commencé : “La roquette at- elle atterri en pleine ville ? Ou le son entendu était-il celui du Dôme de fer qui l’interceptait au vol ? La réponse est arrivée quelques secondes plus tard, avec un nuage de fumée grise dans le ciel et une explosion beaucoup plus forte qui a retenti dans les airs. Le Dôme de fer a fait des merveilles au cours de cette escalade de la violence contre des civils.
Selon des responsables militaires, le système avait affiché un taux de réussite de 75 % lundi (12 mars), neutralisant 23 tirs de roquettes sur les zones urbaines sur un total de 31. Et là, il marquait à nouveau des points.
Les passagers sont retournés à bord du bus, certains passablement hystériques, d’autres plus calmes. Le chauffeur a vérifié à deux reprises que tout le monde était bien présent. Et les portables ont sonné en choeur.
“C’est la huitième fois que la sirène sonne aujourd’hui !”, s’est exclamée une femme au téléphone.
Une autre a prévenu ses enfants qu’elle était sur le chemin du retour. Le chauffeur du bus, cheveux grisonnants, m’a assuré qu’il n’y avait aucune raison d’avoir peur, que c’était une journée de travail routinière.
“Cela aurait pu être bien pire”
Pourtant, quelques heures plus tôt, aux alentours de 14h30, Dôme de fer avait failli à sa tâche.
Une roquette Grad tout droit venue du ciel gazaoui n’a pu être interceptée, et le missile a atterri dans une zone commerçante résidentielle, causant des dommages importants aux magasins, biens et véhicules. Deux personnes ont été blessées, dont une femme âgée, évacuée vers le centre médical Kaplan, à Rehovot, après avoir été touchée par des éclats de verre. Huit victimes ont été traitées pour état de choc.
Quelques heures plus tard, les propriétaires des commerces étaient encore sous le choc de l’attaque, les passants enjambaient les débris qui jonchaient les trottoirs. Les poupées mannequins gisaient sur le sol d’un magasin, les vêtements éparpillés à terre, et les portes d’entrée étaient endommagées.
Yaniv Araha, copropriétaire du salon de coiffure Michel Mercier, me montre une bombe de laque transpercée par des éclats d’obus.
“Nous avons été très chanceux”, a-t-il observé. “Un des stylistes a dû être hospitalisé pour blessures, mais le reste d’entre nous, y compris nos clients présents à ce moment-là - allons bien.”
Araha désigne un mur épais, à l’intérieur du commerce, contre lequel il s’est plaqué pendant l’attaque.
“Les éclats d’obus ont été projetés jusque dans l’arrièrecuisine, mais heureusement, le mur nous a protégés.”
De l’autre côté de la rue, un immeuble résidentiel a été criblé de trous d’obus, juste à côté du cratère laissé par la roquette Grad, en souvenir sur le trottoir.
Un résident tenait dans la main de minuscules boules de métal insérées dans le missile par les bons soins de nos ennemis, qui gisait à présent tel un cadavre inoffensif. “Si l’une d’entre elles avaient touché quelqu’un, à Dieu ne plaise...”, a fait observer l’homme en secouant la tête.
Nous avons été témoins d’un miracle ici aujourd’hui. Les dégâts auraient pu être bien pires.”
Conscients de la menace
Adi Ben-Hamou, porte-parole de la municipalité d’Ashdod, assure que la municipalité a travaillé d’arrache pied depuis la dernière escalade de violence sur Ashdod, au cours de l’opération Plomb durci, pour préparer les résidents à la prochaine pluie de missiles de Gaza.
“La première fois que les résidents d’Ashdod ont été en proie aux roquettes, il y a trois ans, nous n’étions pas équipés”, a reconnu Ben-Hamou. “L’hystérie régnait - près de 800 personnes étaient en état de choc et ont dû être soignées.”
“Cette fois-ci, non seulement les résidents savent ce qu’il faut faire et obéissent aux consignes de sécurité, mais nous avons aussi la batterie Dôme de Fer, qui a intercepté la plupart des roquettes, cela contribue à garder le moral. Bien sûr, les citoyens doivent toujours se réfugier dans une zone protégée quoi qu’il arrive, car ils peuvent être touchés par des éclats de roquettes.”
“Nous savons nous protéger”, ajoute Ben-Hamou. “Pour autant, aucun civil ne peut tolérer de vivre sous des tirs de roquettes de groupes terroristes, et aucun pays au monde ne permettrait à ses civils d’endurer cela.”
“Le gouvernement doit faire tout ce qu’il faut pour enrayer ces attaques sur Ashdod, Beersheva, Kiryat Malachi, Gan Yavné, Ashkelon et sur les petites localités du Sud. Ne serait-ce qu’à Ashdod, vivent près de 250 000 personnes, dont 55 000 enfants qui n’ont pu aller à l’école pendant toute cette période”, précise-t-il.
En ce qui concerne les cours, une solution temporaire a été mise en place, les enseignants transmettant les devoirs aux élèves via e-mail et Facebook.
Et Ben-Hamou de conclure qu’un danger autrement plus grave nous guette. “Tout le monde ici est conscient de la menace d’une attaque beaucoup plus importante et massive de missiles en provenance d’Iran.
C’est à cela que nous devons nous préparer et devant une frappe de cette envergure, nous ne pouvons nous permettre d’attendre la dernière minute pour réagir”.