Le seul à blâmer

Binyamin Netanyahou, vainqueur technique des élections, est en réalité le grand perdan.

Netanyahu victory speech elections 370 (photo credit: Marc Israel Sellem)
Netanyahu victory speech elections 370
(photo credit: Marc Israel Sellem)
Certes,des perdants, il y en a d’autres. Comme Shaoul Mofaz, qui, il y a quelques moisencore, louchait sur le poste de Premier ministre, aujourd’hui devenuofficiellement un has-been. Ou Tzipi Livni, qui a tenté sa chance et vu sestentatives politiques vouées à l’échec.
L’incapacité des travaillistes à conquérir la place de deuxième parti estégalement une déroute. Et, à une moindre échelle, Arieh Deri a échoué dans sonambition de rapporter au Shas plus de mandats que son rival, Eli Yishaï.
Pourtant, toutes ces déconvenues font pâle figure devant la perte d’un quart dutotal des voix que Netanyahou et son acolyte Avigdor Liberman ont recueilliesaux précédentes élections.
La cause de ce flop est claire : Netanyahou a tout bonnement ignoré le centre.Depuis son fameux discours sur « la solution à deux Etats » en 2009, il a gagnéles bonnes grâces de la droite et ignoré le courant politique dominant,supposant, à juste titre, que Kadima était un phénomène passager, et, à tort,que ses électeurs finiraient par tomber à ses genoux.
Aujourd’hui, Kadima est mort, mais le coeur de son message – une masse critiqued’Israéliens pragmatiques sur tous les fronts – bat toujours.
Dans le même temps, le Premier ministre ne s’est jamais vraiment souciéd’entretenir un dialogue intellectuel avec ses partenaires « naturels », afinde vraiment sonder leurs esprits. S’il l’avait fait, il aurait conclu qu’ilavait beaucoup moins en commun avec Moshé Feiglin du Likoud et Orit Noked deHabayit Hayehoudi qu’avec Yaïr Lapid et Rav Shai Piron de Yesh Atid. Lapid estclairement le grand gagnant des élections. N’a-t-il pas volé la vedette à NaftaliBennett ? 
Les trois options de Netanyahou
 Parler de Habayit Hayehoudi comme dudeuxième parti en gestation s’est révélé sans fondement. Car avec tout lerespect dû à ses accomplissements, les efforts de Bennett pour faire de sonparti une vaste plateforme d’accueil pour non-pratiquants a échoué. Ses 12sièges actuels sont tout juste ce que le parti National-Religieux historique aremporté jusqu’en 1977. Le voir restaurer ce chiffre est un exploitrespectable, mais ne marque pas de nouvelle tendance dans la politiqueisraélienne.
En revanche, la poussée de Yesh Atid montre que la classe moyenne supérieure,qui constitue sa colonne vertébrale électorale, reste solide, tout comme autemps de son père, Tommy Lapid, qui avait remporté 15 sièges, même à l’époquede Kadima. Cet électorat s’est rendu aux urnes avec dans la tête un ordre dujour purement local, éclipsant l’agenda du « Grand Israël » de Bennett d’unepart, et celui de « la paix en notre temps » de Livni de l’autre.
Pour l’heure, trois choix se présentent à Netanyahou : ignorer la réalité ets’en tenir à ses alliés historiques du « camp national » ; composer unecoalition avec Lapid, Bennett et Livni ; ou une coalition laïque avec Lapid etShelly Yachimovich, qui jettera les bases d’un projet législatif en vue d’uneprompte réforme politique.
Il est peu probable que Netanyahou choisisse cette dernière option.
Pourtant, des journées de négociations avec pléthore de nouveaux partenairespotentiels enhardis peuvent toujours lui faire changer d’avis.