Netanya : une révolution francophone en marche ?

En vue des élections municipales, de nouvelles voix se lèvent à Netanya où, pour la première fois, un « pacte francophone » est créé.

P18 JFR 370 (photo credit: Reuters)
P18 JFR 370
(photo credit: Reuters)

Ori Raphaël, à latête du parti « Justice sociale » (Tsedek Hevrati), a fait des préoccupationsdes francophones de Netanya une de ses priorités. S’il devient conseillermunicipal, les mesures qu’il mettra sur le devant de la scène en faveur desFrançais semblent tout à fait pertinentes. A son actif : plusieurs propositionsclés, destinées à améliorer le quotidien des administrés originaires del’Hexagone, qui ont fait de Netanya un de leurs fiefs, depuis des années.

A la mairie par exemple, un « bureau permanent francophone d’assistance etd’orientation » serait créé pour faciliter les démarches administratives,notamment pour les nouveaux arrivants. Un centre culturel français faitégalement partie de la liste des propositions, avec au programme : spectacles,cours de français ou de théâtre. Ou encore, la création d’une maison deretraite francophone pour ces personnes âgées dont l’Aliya tardive n’a paspermis d’intégrer les principaux vecteurs d’intégration comme l’armée,l’université ou le monde du travail. « N’ayant pas eu la possibilité ou letemps d’apprendre l’hébreu, cela pourrait largement contribuer à améliorer leurcondition de vie », affirme le candidat à la municipalité.
Et pour ceux qui ont encore le temps et les capacités d’apprendre la languehébraïque, un oulpan de la deuxième chance est envisagé : bon nombred’immigrants ne profitent pas pleinement des premiers mois de cours offerts parle gouvernement. L’idée d’Ori Raphaël consiste donc à leur permettre deretrouver les bancs de l’école, une nouvelle fois, quand ils sont plus avancésdans leur processus d’intégration.
Les initiatives, le leader de « Justice sociale » en a à revendre. Egalement àson ordre du jour, la volonté de rassembler les associations françaises, lesunir, pour qu’ensemble, elles intensifient leur portée.
Des mesures chargées de symboles pour la communauté francophone sont aussienvisagées. Comme rebaptiser une rue de Netanya en hommage aux victimes de latuerie de Toulouse ou au nom d’Ilan Halimi.
Les boursiers au service des plus jeunes

Mais les ambitions de Raphaël ne selimitent pas à améliorer le cadre de vie de ceux qui maîtrisent la langue deMolière. En devenant conseiller municipal, le candidat aspire à faire deNetanya une cité balnéaire exemplaire et pionnière à bien des niveaux.Notamment celui de la sécurité. Pour réduire les actes de vandalisme et ladélinquance, ses idées sont nombreuses.

Une des cartes maîtresses de son programme consisterait, par exemple, àproposer un encadrement aux jeunes élèves israéliens qui terminent les cours à13 h 30. Objectif : mettre à contribution les étudiants en sport bénéficiantd’une bourse de Netanya, qui dispenseraient gratuitement des cours d’éducationphysique aux écoliers, de 14 h 30 à 16 heures.
Une pratique qui pourrait d’ailleurs s’étendre à d’autres étudiants boursiersd’autres disciplines, sous forme de soutien scolaire pour les jeunes endifficulté. Une solution doublement efficace, estime le parti « Justice sociale», car elle bénéficierait non seulement aux élèves sur les plans éducatif,social et sportif, et permettrait aussi aux étudiants d’acquérir une expérienceprofessionnelle. Cela contribuerait ainsi à réduire la délinquance. Encadrés,les jeunes auraient moins l’opportunité et l’envie de traîner dans les rues deNetanya.
Autres bénéficiaires de la mesure : les parents qui travaillent l’après-midi. «La vie des familles serait ainsi facilitée », souligne Martine Saban,francophone, seconde sur la liste du parti. Selon « Justice sociale », tous ceschangements affichent également un avantage non négligeable : ils n’exigerontaucun investissement financier et pourraient même se révéler rentables à terme.Notamment en soulageant les services de police ou en diminuant la populationcarcérale.
Toujours pour contrer la délinquance dans les rues de « la petite France » etpour « prévenir des actes plus graves », Ori Raphaël aspire à renforcer la présencepolicière et les unités bénévoles pour lutter contre les « petits délits » –vols de téléphone portable ou agressions verbales – injustement ignorés par lesservices de police.
Enfin, dernier point au programme éducatif du parti « Justice sociale » :prolonger la durée de fonctionnement des crèches, actuellement gratuitesjusqu’à 13 heures Une prestation à inclure dans le cadre des activités deservice civil pratiqué par les jeunes filles pratiquantes qui se refusent àintégrer l’armée pour raisons religieuses.
Réveiller l’électorat français

« Justice sociale » est bien décidé à ne pas sefaire seulement le porte-parole des familles les plus démunies, mais à œuvrerpour les habitants de la ville issus de toutes les classessocioprofessionnelles. A Netanya, 3 ou 4 quartiers, où réside une populationaisée, sont soumis à une taxe d’habitation (arnona) supérieure de 50 % auxautres zones de la cité. Une situation injuste, à rectifier au plus vite pourle nouveau mouvement politique.

Autre ambition : transformer le visage de Netanya. La pratique du
«pinouï-binouï» (évacuer pour reconstruire), mesure créée par l’Etat, seraintensifiée dans les quartiers les plus sensibles de Netanya. Les propriétairesconcernés par la démolition et la reconstruction de leur habitation se verrontattribuer, en plus d’un appartement entièrement neuf, un studio qu’ils pourrontlouer à des étudiants ou des couples en relative difficulté.
Quant aux entrepreneurs en charge de la démolition et de la reconstruction, ilsbénéficient d’appartements nouvellement construits, bien souvent par l’ajoutd’étages aux précédents. Et la ville serait gagnante puisque des subventionsétatiques lui seront attribuées si elle entreprend un tel projet.
En outre, étoffer le parc immobilier permettrait également une plus grandemixité sociale. Revisités, ces quartiers défavorisés pourraient désormaisattirer un nouveau genre d’habitants, plus aisés, qui viendraient gonfler lesrues et les rangs de la cité balnéaire.
Education et logement sont donc parmi les fers de lance du parti « Justicesociale ». Mais, s’il s’adresse à tous les habitants de Netanya, le mouvementde Raphaël Ori se considère avant tout comme une « passerelle entre la vie enFrance et en français et la vie en Israël et en hébreu ». A quelques jours desmunicipales, le candidat espère que son message sera entendu et saura «réveiller l’électorat français et les citoyens en manque de changements ».