Complices involontaires

Derrière la volonté européenne de jouer un rôle actif dans le processus de paix israélo-palestinien, se cachent des financements d’ONG dont le but est la délégitimation d’Israël

Federica Mogherini et Benjamin Netanyahou (photo credit: REUTERS)
Federica Mogherini et Benjamin Netanyahou
(photo credit: REUTERS)
En Israël la semaine dernière, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini parlait longuement du désir de paix de l’Europe et de la volonté de celle-ci de jouer un vrai rôle dans la création d’un Etat palestinien qui vivrait en paix au côté de l’Etat juif.
Mais hormis les beaux discours, que fait l’Union européenne pour se rapprocher de ces nobles objectifs ? Et en quoi les millions d’euros que ses Etats membres versent chaque année à des ONG dont la raison d’être est la déligitimation d’Israël les servent-ils ?
Le timing de la visite de Mogherini était d’ailleurs révélateur, puisque celle-ci coïncidait avec le « Jour de la Nakba », au cours duquel les ennemis d’Israël pleurent la naissance de l’Etat juif. Le concept de « Nakba » est en lui-même un acte de guerre politique. Il a été inventé pour nier le droit d’Israël à exister, en propageant l’idée que l’Etat juif est né dans le péché. La demande explicite qui figure au cœur de cette interprétation est que, pour rétablir la justice, il convient de détruire Israël.
Or l’UE finance généreusement des organismes qui propagent ces calomnies dévastatrices. La semaine dernière, le groupe israélien de surveillance des ONG, appelé NGO Monitor, publiait une liste de cinq organisations israéliennes subventionnées par l’UE qui invoquent la « Nakba » : Zochrot, Adallah, Baladna, 972 online magazine et Combatants for Peace.
Autre groupe israélien, Breaking the Silence a fait les gros titres de la presse ces dernières semaines en publiant des « témoignages » anonymes de soldats qui auraient participé à l’opération Bordure protectrice à Gaza l’été dernier. Des soldats qui, sous couvert d’anonymat, présentent Tsahal comme une machine de guerre assoiffée de sang et composée en majorité de criminels. Il est évident que ces allégations n’ont rien d’authentiques. Les « témoins » en question ne sont pas identifiés et l’organisation a refusé de transmettre tout renseignement aux enquêteurs de Tsahal.
L’opinion publique en Europe et aux Etats-Unis est cependant loin d’être impartiale. Elle n’a besoin d’aucune preuve concrète pour déclarer l’Etat juif coupable. Pour elle, des rapports anonymes et sans fondement fournis par des ONG font très bien l’affaire.
Or selon NGO Monitor, Breaking the Silence recevrait des fonds et des instructions de l’ambassade britannique à Tel-Aviv, du gouvernement britannique, de l’UE, ainsi que de l’Allemagne, de la Belgique, de la Norvège, du Danemark, de la Suède et des Pays-Bas.
Pourtant, les comptes rendus des rencontres de Mogherini avec le Premier ministre Benjamin Netanyahou et avec le président Reouven Rivlin ne font aucune mention d’éventuelles protestations émises par nos dirigeants concernant la guerre politique menée par l’Europe contre Israël. Bien au contraire ; loin de s’élever contre les sommes massives que l’Europe consacre à la déligitimation d’Israël, Netanyahou a cédé à Mogherini la nécessaire « livre de chair » en annonçant son engagement total en faveur de l’indépendance palestinienne. Quant à Rivlin, il l’a assurée de la sincérité du Premier ministre. Netanyahou doit certes être critiqué pour sa pusillanimité. Cependant, la grande coupable de cette molle réponse d’Israël à la politique agressive de l’Europe envers elle réside ailleurs.
L’autoflagellation
Le jour même de l’arrivée de Mogherini, Israël s’est réveillé au son d’une alarmante nouvelle : le ministre de la Défense Moshé Yaalon avait tout à coup décidé de séparer Juifs et Arabes dans les bus, refusant aux Palestiniens le droit d’utiliser les transports publics israéliens en Judée et en Samarie.
Tollé général. Les dirigeants travaillistes Itzhak Herzog, Tzipi Livni et Shelly Yachimovich poussent de hauts cris, rejoints par une foule de libéraux autoproclamés de la droite, dont le président Rivlin et l’ancien ministre de l’Intérieur Guideon Saar.
A l’heure du déjeuner, la décision raciste, insensée de Yaalon est révoquée par un Netanyahou à la fois contrit et affolé. Toutefois, le mal est fait. La nouvelle de l’initiative raciste de Yaalon a déjà circulé sur tous les réseaux télévisés d’Europe et d’Amérique et les ambassadeurs européens sont sur le point de nous dévorer tout crus. Tout cela par la faute du seul Yaalon…
Unique problème dans les versions proposées par nos héros de l’antiracisme : en réalité, le ministre de la Défense ne ressemble que de très loin à ce dont on l’accuse.
Le mardi précédent, ce même Yaalon avait approuvé un programme pilote visant à exiger des Palestiniens détenteurs de permis de travail en Israël qu’ils regagnent leur domicile de Judée ou de Samarie en passant par quatre terminaux particuliers. Le but de ce projet était d’éviter qu’ils ne demeurent illégalement en Israël. Personne ne les empêchait néanmoins de prendre des bus israéliens. Le seul but était de sécuriser la frontière d’Israël et la politique d’immigration.
Rien n’oblige les gens à approuver les moyens que choisit Yaalon pour accomplir sa mission de défense le pays. Il est même parfaitement légitime de s’opposer à sa volonté d’empêcher les Palestiniens de s’installer en Israël.
Ce qui n’est pas légitime, en revanche, ce qui est même totalement inacceptable, c’est de faire passer le ministère de la Défense pour une institution raciste prête à promouvoir l’apartheid pour résoudre un problème qui, à ses yeux, a un réel impact sur la sécurité nationale.
Pour une raison ou pour une autre, tous les grands noms de la gauche et de la droite qui se sont ralliés au mouvement Yaalon-est-un-raciste n’ont jamais pris le temps de réfléchir aux implications de leur accusation. Or ils ont attaqué le ministre de la Défense à un moment où l’Etat d’Israël est visé par une campagne internationale massivement financée pour nier son droit à l’existence en l’accusant à tort, entre autres, de racisme et d’apartheid.
Peut-être Yachimovich, Livni, Herzog, Rivlin et Saar ont-ils pensé qu’en lançant à l’envi des accusations non fondées, injustes et éloignées de la réalité contre Yaalon, ils aidaient Israël à montrer au monde que les Israéliens n’étaient pas tous des racistes adeptes de la séparation raciale, et que les Européens et les Américains de gauche pouvaient soutenir l’Etat juif en dépit du fait que le pays est gouverné par des « méchants ». Ils pensaient sans doute protéger la réputation d’Israël en détruisant celle de Yaalon.
Mais en réalité, leurs déclarations ont apporté de l’eau au moulin des antisémites pour qui Tsahal en particulier et les institutions de la Défense en général sont des entités illégitimes et racistes. Elles ont donné du poids aux accusations de groupes comme Breaking the Silence, qui soutiennent que tout le monde en Israël, du petit fantassin aux grosses légumes de la sécurité, est assoiffé de violence.
Cette précipitation à condamner l’Etat juif pour turpitudes morales a interdit à Netanyahou de reprocher à l’Europe son hostilité et sa diabolisation d’Israël durant sa rencontre avec Mogherini. Comment une telle récrimination du Premier ministre aurait-elle pu être prise au sérieux, à l’heure où le président de l’Etat d’Israël en personne accusait le ministre de la Défense de racisme ?
 
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