Le retour des vieux thèmes de campagne

Après plusieurs mois de campagne et à quelques jours à peine du scrutin, la question palestinienne vient de faire son grand retour sur le devant de la scène politique

La plate-forme diplomatique du Camp sioniste dévoilée (photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
La plate-forme diplomatique du Camp sioniste dévoilée
(photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)

Elle était la grande absente de cette campagne électorale concentrée sur la menace iranienne et les préoccupations socio-économiques. La question palestinienne était presque devenue le sujet tabou que les candidats s’appliquaient jusque-là à esquiver, avec grande habileté. Mais à moins de deux semaines du scrutin du 17 mars,Yediot Aharonot a voulu lui redonner une place de choix.

Le quotidien a révélé vendredi 6 mars que le Premier ministre Benjamin Netanyahou était disposé, il y a quelques mois à peine, à faire des concessions majeures dans le cadre d’une résolution du conflit. C’est ce qu’affirme le journaliste Nahoum Barnéa, faisant référence à un document datant d’août 2013, rédigé par le conseiller du Premier ministre Itzhak Molkho et son homologue palestinien Hussein Agha. Il y est écrit que Netanyahou serait prêt à négocier sur la base des frontières de 1967, envisageant un retrait partiel, des échanges de territoires et la reconnaissance de Jérusalem-Est comme capitale palestinienne. L’article de Yediot Aharonot parle même d’un retour partiel des réfugiés palestiniens et d’évacuations d’implantations, dont certaines resteraient sous souveraineté palestinienne. Des concessions qui contredisent largement les prises de positions publiques du Premier ministre.

Dans le cadre de la guerre que se sont déclarée ces dernières semaines les principaux quotidiens israéliens, Israël Hayom a publié deux jours plus tard une interview de Dennis Ross, ancien conseiller du président américain Barack Obama. Ce dernier affirme que Netanyahou n’a jamais accepté un quelconque retour aux frontières de 1967, la division de Jérusalem ou le droit au retour aux réfugiés palestiniens et à leurs descendants. D’après Ross – que l’on ne peut accuser d’être un partisan du Premier ministre israélien – il n’existe pas de document daté d’août 2013.

Le Likoud a, quant à lui, fermement démenti, envoyant un message sans équivoque à son électorat de droite : « Ce que le Premier ministre a annoncé lors de son discours de Bar-Ilan (au cours duquel Netanyahou avait approuvé la création d’un Etat palestinien démilitarisé) n’est plus d’actualité. L’entière biographie politique de Netanyahou peut se résumer comme un combat contre l’établissement d’un Etat palestinien. Dans la situation actuelle au Moyen-Orient, chaque parcelle de terrain qui sera cédée, sera prise d’assaut par l’islam radical et les organisations terroristes soutenues par l’Iran. C’est pourquoi il n’y aura aucun retrait et aucune concession. Ce n’est plus pertinent. »

 

Les partis se repositionnent

 

Vraies ou fausses, ces révélations ont donc remis la question palestinienne et celle des territoires au centre de la campagne, à quelques jours à peine du scrutin.

Une occasion de briller que HaBayit HaYehoudi n’a pu s’empêcher de saisir. Sur son compte Facebook, Naftali Bennett a appelé l’électorat de droite à voter pour son parti, le seul, a-t-il insisté, qui s’oppose clairement à la création d’un Etat palestinien. Et ce afin que Netanyahou puisse former un gouvernement de droite qui ne fera aucune concession.

Une démarche que le Likoud n’a pas appréciée. Le porte-parole de la Knesset Youli Edelstein a rappelé HaBayit HaYehoudi à l’ordre : « S’il n’y a pas un Likoud fort et si Netanyahou ne remporte pas assez de mandats, la droite se retrouvera tout entière dans l’opposition. "Mon frère", si tu t’inquiètes de l’avenir de la Judée et de la Samarie et pas uniquement des portefeuilles et des sièges à la Knesset, ne coopère pas avec ces mensonges. »

Du côté du Camp sioniste, ces publications tombent à pic, puisque le parti vient justement de publier sa plate-forme diplomatique. S’ils forment le prochain gouvernement à l’issue du 17 mars, Itzhak Herzog et Tzipi Livni s’engagent à lancer une initiative diplomatique majeure dont l’objectif sera de dessiner les frontières définitives de l’Etat d’Israël. Itzhak Herzog s’est moqué du Likoud, qui n’a pas de plate-forme diplomatique officielle. « Netanyahou n’a pas de plate-forme et ne donne aucune réponse », a-t-il accusé. Le Camp sioniste lui a présenté un texte de 40 pages. Dans la guerre des chiffres, la plate-forme de Yesh Atid s’étale sur 273 feuillets.

Le programme de la liste commune a été rédigé par une commission dirigée par le député travailliste Nahman Shaï. Il établit qu’un accord diplomatique est dans l’intérêt primordial d’Israël. « Le Camp sioniste agira pour formuler un accord diplomatique et pour définir des frontières sûres et définitives pour l’Etat d’Israël en tant qu’Etat juif et démocratique en lançant une initiative diplomatique et sécuritaire », est-il écrit.

Le premier choix du parti sera de relancer le dialogue avec les Palestiniens. Si Ramallah refuse de s’asseoir à la table des négociations, une approche régionale et internationale sera envisagée. Le parti exclut en revanche toute décision unilatérale.

Un autre quotidien israélien, Haaretz cette fois,

révélait quant à lui ce week-end que le président américain Barack Obama avait bien l’intention d’utiliser les 20 derniers mois de son mandat pour initier une solution au conflit-israélo palestinien.

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