Netanayhou pourra-t-il sauver sa coalition ?

Après des semaines de crise, le Premier ministre israélien doit rencontrer ces prochains jours les membres de sa coalition. Objectif : déterminer s’ils peuvent encore gouverner ensemble ou se diriger vers de nouvelles élections

Netanyahou pourra-t-il sauver la coalition? (photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
Netanyahou pourra-t-il sauver la coalition?
(photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
C’est l’effort de la dernière chance. Le Premier ministre Benjamin Netanayhou devait rencontrer cette semaine, un à un, les membres de sa coalition. Des entretiens en tête à tête qui détermineront l’avenir de son gouvernement. Si les différents partis trouvent un terrain d’entente, ils continueront de diriger le pays pendant les prochains mois. Sinon, Netanayhou devrait annoncer la tenue d’élections anticipées.
Premier sur la liste, le chef de file du parti Yesh Atid, Yaïr Lapid. La rencontre s’annonce des plus tendues. Netanyahou et son ministre des Finances ne s’adressent plus la parole depuis plus d’un mois. Parmi les sujets qui seront abordés, les douloureuses questions du budget 2015 et de la loi sur l’Etat juif.
« Il est possible de trouver des compromis », confiait lundi 1er décembre un proche du ministre des Finances. Car, selon plusieurs sources, Lapid ne se réjouirait pas à l’idée d’un scrutin anticipé. « Je le répète, ce n’est pas la peine de se diriger vers des élections », a-t-il lui même insisté à plusieurs reprises ces dernières semaines.
Il faut dire que, selon un récent sondage, le chef de file de Yesh Atid n’aurait rien à gagner à précipiter des élections. Son parti ne récolterait que 11 mandats, contre 24 sièges pour l’actuel Premier ministre. Une enquête d’opinion publiée le 30 novembre dans le quotidien Haaretz montre en effet que le chef du gouvernement, malgré une popularité en déclin, l’emporterait si des élections avaient lieu aujourd’hui.
Fort de ces prédictions, le Premier ministre a tenté ces derniers jours de s’assurer le soutien des partis orthodoxes en cas de dissolution de la coalition. La réponse de Shas et Yaadout Hatorah n’a pas été unanime. Les deux partis se sont engagés à ne pas rejoindre une autre coalition que celle du Premier ministre. Mais si des élections ont lieu, ils se gardent le droit de faire ou non partie d’un prochain gouvernement dirigé par Netanyahou.
La discipline, ou les urnes
Alors, Netanyahou et Lapid parviendront-ils à se réconcilier ? Difficile de faire des pronostics…
Selon des proches du Premier ministre, Netanyahou aurait perdu toute confiance en son ministre des Finances, depuis que ce dernier a tenté de renverser son gouvernement et former une nouvelle coalition. Une accusation que Lapid dément.
Même si les deux hommes parviennent à un compromis sur les nombreuses questions qui les divisent, il n’est donc pas certain que Netanayhou décide de continuer de gouverner aux côtés d’un ministre des Finances capable à tout moment de fomenter contre lui un « coup d’Etat ».
Selon de nombreux spécialistes, c’est la raison pour laquelle le budget 2015 n’a pas encore été voté. Car le Premier ministre craint qu’une fois le budget en poche, Lapid ne se retourne contre lui. La loi qui exempterait de TVA les jeunes couples acquéreurs d’un appartement a en effet été le cheval de bataille de Yaïr Lapid tout au long de sa campagne électorale.
Après le leader de Yesh Atid, le Premier ministre devra également s’entretenir avec la ministre de la Justice et chef du parti Hatnoua Tzipi Livni, ainsi qu’avec le ministre de l’Economie et chef de Habayit Hayehoudi Naftali Bennett.
Le message qu’il fera passer à ses partenaires sera clair : la discipline ou les urnes. Dimanche, lors du conseil des ministres, le ton était déjà à la remontrance. « Dernièrement, presque aucun jour ne passe sans diktats, menaces ou ultimatums de démission de toutes sortes », a fustigé le Premier ministre. « J’espère que nous pourrons rétablir une gestion saine [des affaires de l’Etat]. C’est ce que le public attend de nous. Sinon, nous en tirerons les conclusions nécessaires », a-t-il tancé.
Selon un de ses proches, le Premier ministre serait à bout. Il ne serait plus disposé à accepter une situation dans laquelle « les ministres attaquent le gouvernement dont ils font partie, comme s’ils étaient dans l’opposition ».
L’opposition justement, ne reste pas les bras croisés. Le parti travailliste dirigé par Itzhak Herzog et Meretz dirigé par Zehava Gal-On ont déposé lundi 1er décembre un projet de loi qui prévoit la dissolution du gouvernement et la tenue d’élections dès le mois de mars. Il sera débattu mercredi au Parlement.
« Pendant que les membres du gouvernement se disputent, il n’y a personne pour diriger le pays et il est temps que cela cesse », a déclaré Herzog. « Les citoyens israéliens ne peuvent plus continuer à être pris en otage par Netanyahou et Lapid, ils méritent un autre leadership. » 
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