Prière de ne pas déranger

Analyse

Analyse (photo credit: DR)
Analyse
(photo credit: DR)
Imaginez. Vous composez le 101, le numéro d’appel d’urgence, et un répondeur se met en marche : « Ne pas déranger jusqu’au 18 mars. »
C’est un peu ce qui risque de se passer ces prochaines semaines en Israël. Des urgences diplomatiques se profilent, mais la classe politique sera occupée à autre chose.
Le parlement français vient de reconnaître l’Etat palestinien. Ses voisins européens, dont la Belgique, s’apprêtent à suivre la même voie. Le dossier iranien est toujours en cours. Les relations diplomatiques avec l’Egypte et la Jordanie ont besoin de sang neuf… Mais c’est comme si le gouvernement de Jérusalem, en décidant de rappeler les Israéliens aux urnes le 17 mars prochain, avait accroché un panneau « Ne pas déranger » à sa porte.
Les pays européens vont continuer d’intensifier les pressions exercées sur Israël. Mais le ministre israélien des Affaires étrangères sera plongé corps et âme dans sa campagne électorale.
Les Palestiniens, soutenus par la France, vont poursuivre leurs efforts en vue de porter une résolution devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Mais le Premier ministre sera préoccupé par l’issue des élections.
Les optimistes espèrent qu’au contraire, les dirigeants européens et américains mettront leurs politiques en suspens jusqu’à l’issue du scrutin, un scrutin à l’issue duquel ils espèrent voir naître un gouvernement moins de droite, en accord avec leurs aspirations pour la région. Mais ce sont de faux espoirs. Et ce pour deux raisons.
D’abord, les législatures européennes, une fois mises en marche, sont difficiles à arrêter.
Mais surtout, les dirigeants européens et américains lisent les mêmes sondages que nous, et selon ces prévisions, le paysage politique israélien ne sera pas très différent le 18 mars prochain, donc pourquoi ralentir ?
Seule exception : la tentative palestinienne de mener un vote au Conseil de sécurité de l’ONU pourrait-elle être momentanément freinée, si les Etats-Unis, qui ne sont pas pressés d’utiliser leur veto pour contrer l’adoption du texte, parviennent à convaincre les Palestiniens de patienter jusqu’à l’issue des élections israéliennes. Dans l’éventualité que ces derniers refusent, Washington pourrait exhorter les pays membres du conseil à repousser le débat au printemps, après qu’un nouveau gouvernement soit formé en Israël. Mais ces mêmes pays pourraient insister, dénonçant un nouveau « tour de passe-passe » israélien pour gagner du temps.
Pour la neuvième fois depuis 1992, Israël se rend aux urnes. Ce serait bien si, pour changer, le reste du monde respectait notre intimité et nous laisser nous battre en paix, le temps d’une campagne électorale. Mais il ne le fera certainement pas. Et alors que tous continueront de taper à notre porte, personne ne sera là pour leur répondre.
© Jerusalem Post Edition Française – Reproduction interdite