Shmoolik : “Alors chantons !”

Chapeau, barbe noire et Ray Ban opaques. Difficile de saisir Shmoolik, le rappeur qui distille des mots de Torah

shmoolik (photo credit: © Avec l’aimable autorisation de shmoolik)
shmoolik
(photo credit: © Avec l’aimable autorisation de shmoolik)

‘Ce que je fais aujourd’hui, c’est le rap de demain !”Shmoolik est un artiste. Il fait rimer les mots sur des rythmes de rap et dehip hop.

Mais dans sa bouche, “demain” ne fait pas allusion au jour où il fera exploserles ventes du box-office ; il évoque plutôt le monde futur. La vie après lavenue du Mashiah, et le réveil des nations. Le rap de Shmoolik est teinté descouleurs d’Israël et du judaïsme.
Son but : véhiculer des paroles de Torah, en profitant d’un canal original etpour lequel il a un attachement tout particulier.
Sa passion pour le rap, il l’a élevée à un niveau supérieur.
Une sorte de promotion inattendue pour la musique des rues, plutôt habituée àservir de fond sonore à des textes virulents et contestataires. Dans leschansons de Shmoolik, pourtant, les paroles résonnent autrement. Sa révolutionà lui s’est faite au travers de la Teshouva. Ni drogue, ni séjours en prisondans son champ de vision, mais un retour à Dieu et à la hassidout. Le résultat? Des chansons d’une grande richesse musicale, et des paroles qui claquent dansl’air.
Depuis Les enfants d’Israël, composé au lendemain de la Seconde guerre duLiban, en 2006, Shmoolik a enchaîné les textes. Son dernier clip, La Force desmiens, se veut plus intime. Contrairement à son habitude, l’artiste se raconte.
Il dévoile quelques éléments autobiographiques, qui s’inscrivent, une foisencore, dans l’histoire de son peuple.
“Notre force, à nous les Juifs, est très globale. Et elle est nécessaire.”
En préambule : un extrait des Pirkei Avot, “Si je ne suis pas pour moi, alorsqui le sera ? Et quand je suis pour moi, alors qui suis-je ? Et si ce n’est pasmaintenant, alors quand ?” Une autre façon de présenter les interrogations quihabitent le chanteur-compositeur.
La vie de Shmoolik est dictée par les commandements de la Torah. Il s’appliqueà respecter les enseignements de nos maîtres, et en premier lieu, celui dechanter. “Nos maîtres enseignent que la joie de la Mitsva et le chantsuppriment tous les effets de la rigueur, toutes les accusations spirituelleset matérielles. Alors chantons !”, explique-t-il.
A l’origine : une enfance en banlieue parisienne, à Sarcelles où la vie juive prend la formed’une agréable toile de fond.
A l’adolescence, vers 17 ans, Shmoolik s’intéresse aux détails. Il s’interrogeet cherche des réponses satisfaisantes, jusqu’à revenir vers une pratique plusstricte de la Torah.
Puis direction USA.
A Manhattan, ilse lie à la Hassidout et au Rabbi de Loubavitch qui l’inspire et le guide.“Quelqu’un d’extrêmement profond. Un philosophe, qui a de l’intérêt pour tout.
Il maîtrisait tous les sujets qu’on pouvait aborder avec lui.
Que ce soit politique, astronomique, ou économique... Et bien entendu la Torah.Il m’a rendu la vie, et tout ce qui va avec, passionnante”, confie Shmoolik.
Enfin, son arrivée en Israël signe le début d’une nouvelle stabilité. L’artistea trouvé sa place. Designer de métier, Shmoolik se dote d’une nouvellecasquette : cellede père de famille nombreuse. Une réalité qui lui dicte également sa conduite àtenir. Et de jongler entre ses responsabilités, son travail et ses passions.
Il se plaît dès lors à établir le contact avec son public via des soirées degala, concerts ou bar-mitsva, plutôt qu’à répondre aux exigences d’unquelconque producteur. Car pour Shmoolik, le constat est clair : aucuncompromis n’est envisageable. Ni d’un point de vue musical, ni d’un point devue religieux. Perfectionniste, il garde mainmise sur tous les domaines, soigneson image et travaille chacune des notes qu’il signe. Pas de hasard, et pas d’àpeu près. Son secret : ne pas courir après le succès, et s’octroyer ainsi leluxe de déplaire. Il choie son indépendance, gage de son intégrité. Pasquestion de s’adapter à la frilosité musicale de la communauté française,habituée aux mélodies des Patrick Bruel ou autres Eyal Golan. Mais nul besoind’avoir traîné dans les tréfonds du Bronx pourapprécier les cadences de sa musique. Le rappeur conserve ses origines,implante le “Jewish rap” et conquis doucement un très vaste public.
Tout en restant lui-même, à 100 %. Pari tenu.