Le Mont des Oliviers en péril

Lieu éminemment symbolique et connu dans le monde entier, le Mont des Oliviers connaît pourtant depuis des années une insécurité croissante. Face aux attaques des résidents palestiniens sur les Juifs se rendant au cimetière, le gouvernement compte bien réagir avec fermeté

cite daviid (photo credit: © Reuters)
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(photo credit: © Reuters)

Site emblématique de Jérusalem, le Mont des Oliviers est unde ces lieux saints pour les trois grandes religions abrahamiques. Citéplusieurs fois dans le Coran, il est aussi parsemé d’églises chrétiennes. Maisil est également un haut lieu du judaïsme : selon la tradition biblique, leMessie qui amènera la résurrection des morts pénétrera à Jérusalem en passantpar le Mont des Oliviers. Les personnes enterrées en ce lieu seraient donc lespremières ressuscitées.

D’où l’immense cimetière juif - le plus grand au monde - qui s’étend sur descentaines d’hectares avec plus de 120 000 tombes.
De nombreuses personnalités éminentes y reposent.
Comme le premier Grand Rabbin ashkénaze de Jérusalem Meir Auerbach, le père del’hébreu contemporain Eliezer Ben Yehouda ou encore l’ancien Premier ministreMenahem Begin. Sans oublier les tombeaux du roi Absalon et du prophèteZacharie, vieux de 3 000 ans.
Malgré les différentes conquêtes et les difficultés opposées par lesenvahisseurs, il y a constamment eu des Juifs enterrés sur le mont. En outre, les visiteurs qui depuis dessiècles s’y rendent en pèlerinage restent impressionnés par le splendidepanorama sur tout Jérusalem et notamment la vue sur le Montdu Temple.
Avec la conquête ottomane, de nombreuses habitations se sont construites par-cipar-là sur la colline, si bien que peu à peu le Mont des Oliviers a été absorbé dans l’aireurbaine de Jérusalem. Situé à l’est de la Vieille Ville, le mont a été envahi en 1948 par les arméesjordaniennes.
Malgré la promesse de garantir un libre accès à tous ceux qui souhaiteraient yprier, les Jordaniens ont constamment interdit l’accès aux Juifs et même auxnon-Juifs ayant la citoyenneté israélienne.
Le cimetière devient alors un dépotoir, les tombes sont profanées par lessoldats et les nouveaux habitants palestiniens qui s’y sont établis. C’est en1967, dans le sillage de la guerre des Six-Jours, que les armées israéliennesont permis la réintégration du mont en tant que partie intégrante de lacapitale.
De nos jours, le Mont des Oliviers est assailli par des milliers de touristesvenus du monde entier. Des hôtels s’y construisent et tout le monde peut yaccéder.

Insécurité et profanations : la difficile réintégration dans la capitale

Plusieurs projets avaient été mis en place par la municipalité, après 1967,pour faciliter l’installation de Juifs dans les quartiers Est de Jérusalem. Sibien que cette partie de la capitale compte actuellement environ 200 000résidents Juifs, concrétisant pour de bon la réunification de Jérusalem en tantque capitale d’Israël dans son intégralité.

Pourtant, la situation est loin d’être tranquille, et la police enregistretoutes les semaines de nombreux actes de violence anti-israéliens commis parles habitants arabes des alentours. Si les touristes sont encore relativementpeu touchés, les habitants juifs de Maalé Hazeitim et ceux venus se recueillirsur les tombes sont régulièrement pris pour cibles par les résidents arabes desalentours. Jets de pierres, de bouteilles en verre, de déchets sont deshumiliations courantes. Lorsqu’il ne s’agit pas d’incidents plus graves :Mi-avril, un terroriste avait été remarqué par la police alors qu’ils’apprêtait à déposer plusieurs bombes à proximité des maisons habitées par desJuifs.
Quant au cimetière, les tombes sont régulièrement saccagées et profanées parles voisins palestiniens. Sans oublier la construction illégale d’une mosquéeen plein sur le terrain du cimetière.
Cette montée en flèche de la violence antijuive finit par avoir desconséquences sur le développement du quartier : certains taxis vont jusqu’àrefuser de déposer leurs clients de peur d’être la cible de jets de pierres desArabes du quartier.
Ainsi, pour se rendre au Mont des Oliviers, la directrice de l’association“Americans for a Safe Israel” Helen Freedman, explique qu’elle a dû payer 100shekels pour un trajet de 15 minutes à peine.
Pour réagir à cette situation inquiétante, la municipalité a décidé d’installerun commissariat de police au sommet du Montdes Oliviers. Inauguré mi-avril, il accueille 24 officiers de police àplein-temps. Il s’agit-là d’une sous-unité de la police de Shalem, dont lesquartiers généraux sont situés rue Saladin, dans le secteur de Sheikh Jarrah.
Selon l’inspecteur David Hayon, l’objectif est de permettre aux visiteurs etaux riverains de signaler immédiatement toute plainte. D’après lui, “laprésence massive de policiers sur le Montdes Oliviers, associée à une intense activité de patrouille” est censée réduiredrastiquement les incidents violents.
Cette innovation est due en grande partie aux activités de lobbying exercéespar différentes associations de diaspora, souvent établies aux États-Unis.Particulièrement choqués par la menace omniprésente empêchant d’aller serecueillir sur les tombes du Montdes Oliviers, certains Juifs non israéliens s’étaient associés aux effortsgouvernementaux sur place. Un de leurs principaux partenaires avait été ledéputé Danny Danon (Likoud), chef du Comité d’Absorption de l’immigration etdes Affaires diasporiques. Venu visiter le commissariat de police début mai, ila réaffirmé son engagement pour la sécurisation de la zone.

Visiteurs sous haute escorte

Si des progrès ont été réalisés, notamment grâce àl’installation du commissariat de police et de 122 caméras d’observation auxendroits stratégiques, le défi à relever est particulièrement difficile, etrequiert toute la fermeté des autorités israéliennes.

En effet, comme l’explique Jeff Daube de la “Zionist Organization of America(ZOA)”, trop souvent les cameras filment les agresseurs et les profanateurs,mais ceux-ci ne sont pas toujours arrêtés, pour ne pas déclencher d’incidentsgraves. “La police sait très bien qui commet ces délits, mais n’ose pasprocéder à des arrestations systématiques de peur de révoltes populaires de lapart des Palestiniens. Et lorsque les habitants juifs veulent régler l’affaireeux-mêmes, ce sont eux qui ont des problèmes”.
Pour ceux qui souhaitent se rendre au cimetière, le gouvernement a mobiliséplusieurs groupes d’escorte.
Michael Marsh, envoyé du ministre du Logement en charge de ce dispositif,explique : “Tous les jours nos gardes font 60 à 70 trajets chacun pour protégerles visiteurs se rendant au cimetière”.
Pourtant, Menachem Lubinsky du Comité international pour la préservation de HarHazeitim s’indigne : “Il est scandaleux de devoir être escorté par despoliciers dans ma propre ville, pour voir les tombes de ma famille !” Et ledéputé Danny Danon d’ajouter : “Il faut montrer que ce genre de comportementn’est absolument plus toléré, et que nous réagirons de façon intransigeante”.
Notamment vis-à-vis des mineurs, qui sont “trop souvent impunis et se croientinvulnérables, risquant une peine de trois mois au grand maximum”, pointe JeffDaube.
Ce dernier participe de façon active à l’élaboration d’une loi dont le butserait, d’une part, de punir les profanations de tous les cimetières (pas uniquementjuifs) et de l’autre, de sanctionner avec une sévérité toute particulière lesagressions commises dans un certain périmètre autour des cimetières.
Enfin, dans la continuité de ce qui a été fait, Jeff Daube estime que lemeilleur moyen de sécuriser la zone est d’y faire venir des habitants juifs ettoujours plus de touristes : “Nous voulons que le quartier [Maalé Hazeitim]survive et s’épanouisse. Les voyous n’aiment pas les foules, ils partiront doncailleurs. Voyez ce qui s’est passé dans l’ancienne Cité de David. Autrefois,personne n’osait y garer sa voiture, et maintenant c’est un quartierattrayant”.
Et Danny Danon de confirmer : “Notre défi est d’amener des gens ici, de leurredonner confiance pour qu’ils n’aient plus peur d’aller sur les tombes. Àpartir du moment où il y a des masses de visiteurs, la situation changera enbien”.
Pour passer des paroles aux actes : la municipalité va débloquer la somme de 20millions de shekels pour contribuer à sécuriser la zone. Un geste symbolique,qui prendra effet à l’occasion de Yom Yeroushalayim le 20 mai.