C’est la faute à Balfour

Les Palestiniens sont seuls responsables du non-avènement de leur Etat

The Balfour Declaration (photo credit: WIKIPEDIA)
The Balfour Declaration
(photo credit: WIKIPEDIA)
L’Etat d’Israël a célébré dans l’allégresse la fête de l’Indépendance dans une année qui marque non seulement le 50e anniversaire de la réunification de Jérusalem, mais encore le centenaire de la déclaration Balfour. L’Autorité palestinienne, qui n’a, elle, rien à célébrer – certains diront à la suite de son refus opiniâtre de négocier honnêtement avec Israël –, menace de poursuivre en justice la Grande-Bretagne, du fait justement de la déclaration Balfour. En déclarant que « le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif », le vénérable lord aurait privé les Palestiniens de la possibilité d’avoir leur Etat comme l’ont eu les autres peuples arabes du Moyen-Orient après la chute de l’Empire ottoman. Des pays nouveaux ne sont-ils pas apparus, des pays souverains délivrés de toute allégeance étrangère ? Alors, pourquoi pas les Palestiniens ?
Il serait intéressant de savoir à quel modèle aspirent ces derniers. L’Irak, peut-être, autre pays sous mandat britannique transformé par sa gracieuse majesté britannique en royaume, confié au prince hachémite Fayçal, fils de son allié du Hedjaz ? Pas sûr. La monarchie a disparu dans le bain de sang de la révolution de 1958, prélude à d’autres soulèvements et à l’avènement de Saddam Hussein. On connaît la suite. Ce Fayçal, proclamé roi de Syrie par les Anglais, a perdu son trône lorsque la France s’est vue accorder le mandat sur le pays. Après une succession de coups d’Etat, le pays est aujourd’hui plongé dans une sanglante guerre civile. Le Liban, lui aussi autrefois sous mandat français, a été déchiré par une autre guerre civile non moins sanglante, et se trouve aujourd’hui soumis de facto au mouvement terroriste Hezbollah.
Le seul pays relativement stable, malgré des tentatives de subversion, demeure la Jordanie. Arrachant quatre cinquièmes au territoire de la Palestine mandataire, l’Angleterre en a fait un royaume qu’elle a attribué au frère de Fayçal, l’émir Abdallah, lequel s’est empressé de nommer son nouveau domaine « royaume hachémite de Transjordanie. » Un nom que son petit-fils Hussein changera en Jordanie après avoir envahi la Cisjordanie et Jérusalem-Est, territoires qui devaient être ceux de l’Etat arabe prévu par la déclaration de partage votée par l’ONU – et rejetée par les Arabes. Distrait sans doute, le souverain a négligé d’y établir ledit Etat.
Les Palestiniens n’ont pas protesté, se contentant de créer l’Organisation de libération de la Palestine – dont l’objectif était de jeter les juifs à la mer. Il a fallu attendre la guerre des Six Jours pour que ces mêmes Palestiniens réclament à Israël ce que les Jordaniens ne leur avaient jamais proposé. Née des accords d’Oslo, l’Autorité palestinienne avait vocation à devenir cet Etat palestinien tant attendu. Las, des affrontements armés ont fini par opposer les Palestiniens de Cisjordanie à ceux de la bande de Gaza, et voici que l’Etat appelé par les uns et les autres de leurs vœux se trouve coupé en deux avant même de voir le jour… C’est la faute à Balfour, dirait sûrement Gavroche.
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