Le premier martyr palestinien

Passivité des Eglises chrétiennes face aux tentatives de réécrire la biographie de Jésus

Mahmoud Abbas aux côtés du Pape François (photo credit: REUTERS)
Mahmoud Abbas aux côtés du Pape François
(photo credit: REUTERS)
Il y a un sujet dont la presse occidentale, en général si prompte à épouser le narratif palestinien, ne parle que rarement. C’est pourtant l’un des thèmes les plus porteurs de la rhétorique des dirigeants de Ramallah, et il est repris chaque année avec plus d’emphase. L’Autorité palestinienne consacre des efforts considérables pour convaincre le monde que les Israéliens tentent d’usurper les hauts lieux saints palestiniens – de l’Esplanade du Temple, « réétiquetée » Esplanade des mosquées, à la tombe des Patriarches.
Pendant que l’UNESCO se couvre davantage de honte en avalisant ces tentatives pour oblitérer la vérité historique, les Eglises chrétiennes, qui ont, elles aussi, quelques prétentions sur ces lieux saints, se taisent, soucieuses de préserver leurs « bonnes » relations avec l’islam, qui massacre pourtant leurs fidèles au Moyen-Orient. Comme on le sait, un mouvement national a besoin non seulement de héros, mais encore de mythes fondateurs, et quoi de plus beau, de plus héroïque, qu’un martyr ? C’est ainsi qu’est née la légende, non, l’épopée du premier martyr palestinien.
Elle est tout de même relativement récente, car on n’en trouve aucune trace avant ce grand historien que fut Yasser Arafat. Il a ainsi été le premier à révéler au monde l’identité du premier martyr palestinien : Jésus. Depuis, les dirigeants palestiniens, de Mahmoud Abbas à Salam Fayyad, reprennent à l’envi cette allégation, qui revient chaque année lors de la messe de minuit à Bethléem. On comprend mieux l’hésitation des médias occidentaux à rapporter cette intéressante théorie.
Pour autant que l’on sache cependant, Jésus était juif. Il a été circoncis et a fait sa bar-mitsva au Temple de Jérusalem sur l’esplanade du même nom, où ne se trouvait alors aucune mosquée. Et pour cause, l’islam n’étant apparu que six siècles plus tard. Enfin, c’est dans une synagogue qu’il a fait sa première intervention publique. Les Evangiles et les actes des Apôtres qui retracent la vie de Jésus et de ses fidèles ne parlent pas une seule fois de Palestine. Le vocable, inconnu de l’époque, est également absent du Coran, ce qui n’a pas empêché les Palestiniens d’aujourd’hui de se l’approprier. Et lorsqu’en décembre 1995, Bethléem est passée sous le contrôle de l’Autorité palestinienne en vertu des accords d’Oslo, le journal Le Monde a consacré une page entière au « premier Noël palestinien ». Reste à savoir pourquoi soutenir que Jésus fut le premier martyr palestinien. « Regardez comment il a été torturé et crucifié par les juifs », disent-ils, tandis que des caricatures représentant la Palestine crucifiée par des soldats israéliens renforcent le message. C’est à Muhammad Ahmad Hussein, Grand Mufti de Jérusalem interviewé à la télévision de l’AP, que revient le dernier mot : « C’est en Palestine qu’il a fait ses premiers pas et sur cette terre qu’il a enseigné l’islam. » Là encore, le silence des Eglises chrétiennes est assourdissant.
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