Un monde parallèle

Le visage des grandes villes palestiniennes évolue lentement mais sûrement

Affiche du festival de la bière qui aura lieu à Taybeh en septembre  (photo credit: FACEBOOK)
Affiche du festival de la bière qui aura lieu à Taybeh en septembre
(photo credit: FACEBOOK)
Les enfants ont repris le chemin de l’école. Les parents peuvent enfin souffler un peu. Il a fait chaud, très chaud cette année. C’est par dizaines, sinon par centaines de milliers que les Israéliens sont allés chercher un peu de répit à l’étranger. On a parlé de cohues record à l’aéroport, avec des pointes à 100 000 passagers par jour. Certains, restés au pays, ont trouvé d’autres moyens de se détendre et de se rafraîchir. A moins d’une heure de Tel-Aviv, ils ont pu bronzer au soleil auprès d’une superbe piscine, dans un luxueux établissement doté d’un bar où rien ne manque ; sortir le soir, danser au clair de lune au son des tubes à la mode dans un pub branché, ou encore aller boire une bière bien fraîche dans l’entreprise même où elle venait d’être brassée.
Petit problème : ces endroits bien sympathiques se trouvent tous non seulement de l’autre côté de ce mur qui étouffe, nous dit-on, la population palestinienne, mais encore au cœur de villes telles que Ramallah ou Bethléem. Mais chut ! Il ne faut pas le dire tout haut. Les Israéliens n’ont pas le droit de se rendre dans les territoires de l’Autorité palestinienne pour des raisons de sécurité. Alors ils évitent les checkpoints pour s’y rendre, et se montrent discrets. Quant aux patrons des établissements concernés, ils ferment les yeux, ravis d’accueillir de nouveaux clients. D’ailleurs, ce n’est pas chez eux qu’on trouverait des fanatiques religieux.
Ce sont des endroits impies où les femmes portent des vêtements indécents et où on sert des boissons alcoolisées. Autre endroit très prisé des promeneurs, la ville nouvelle de Rawabi, non loin de Ramallah, née de l’initiative d’un milliardaire palestinien. Là tout de même, il s’agit surtout de visiteurs Arabes israéliens qui peuvent se fondre naturellement dans la foule.
Répétons-le, les Israéliens qui se laissent tenter – Juifs et Arabes – le font en contravention absolue avec la loi et prennent des risques dans une région où la violence est quotidienne. Un phénomène dont on parle peu : les contrevenants ne tiennent pas à se faire repérer par les autorités israéliennes, et les établissements qui les accueillent ne tiennent pas à être montrés du doigt, voire pire. Mais en filigrane se dessine l’ébauche de ce que pourraient être un jour des relations de bon voisinage.
Il y aurait pourtant matière à méditer sur cet aspect peu connu de la réalité palestinienne : un mode de vie occidental et une richesse étalée sans complexe, qui côtoient une pauvreté sans nom, et des villages qui ne sont toujours pas raccordés à l’eau et à l’électricité. Il est vrai que c’est l’initiative privée qui est à l’origine de ces entreprises modernes, tandis que les campagnes en sont réduites à quémander l’aide de l’Autorité palestinienne – qui prélève leurs impôts, mais n’a pas les moyens de les aider. Il lui faut en effet payer les salaires des terroristes emprisonnés ou les compensations aux familles de ceux qui sont tués, et assurer un digne train de vie à ses propres dirigeants.
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