Ennemis du terroir

Les terroristes, juifs ou palestiniens, ne sont pas des victimes. Ils sont des ennemis de l’Etat.Israël doit les combattre avec la même détermination

Sur l'affiche : "Un juif ne torture pas un juif"  (photo credit: REUTERS)
Sur l'affiche : "Un juif ne torture pas un juif"
(photo credit: REUTERS)
Nous avons tous vu ces images. Un groupe de jeunes gens dansent à un mariage à Jérusalem. Le jeune couple dont on célèbre la noce est ami des suspects récemment arrêtés pour implication dans l’assassinat de la famille Dawabsheh, dans l’incendie de Douma en juillet. Mais au lieu de réjouir les nouveaux époux en dansant autour d’eux, comme le veut la coutume juive, les invités brandissent pistolets, fusils, cocktails Molotov et autres couteaux, sautillant autour d’une photo du bébé assassiné, Ali, 18 mois. Le message est clair. L’assistance n’a pas attendu le verdict du tribunal sur les actes d’accusation. Elle est sûre que ses amis ont assassiné les Dawabsheh – y compris leur bébé – et elle cautionne le meurtre. Ici, il y a lieu de noter que les suspects sont présumés innocents jusqu’à preuve du contraire. La vidéo ne constitue pas une preuve de culpabilité. Mais elle montre que les terroristes juifs ont des admirateurs, et que ces derniers considèrent les tueurs d’enfants comme des héros.
Une droite sceptique
Retour en juillet dernier. Des assaillants inconnus jettent une bombe incendiaire sur la maison de la famille Dawabsheh. La mère, Reham, le père, Saad, ainsi que leur bébé, Ali, sont tués. Ahmed, 4 ans, est grièvement blessé. Immédiatement, les autorités prétendent que les assaillants sont membres d’une organisation terroriste juive. Des accusations largement balayées d’un revers de main par le camp national religieux, et par la droite, plus généralement.
Avant l’arrestation de suspects mi-décembre, la droite avait de bonnes raisons de froncer les sourcils face à ces accusations. Elle qui a longtemps souffert de discriminations de la part de l’armée, du Shin Beth et des procureurs de l’Etat. Un exemple parmi d’autres : en 2001, 14 ans avant que les Dawabsheh ne soient assassinés, le procureur général de l’époque, Elyakim Rubinstein, avait retiré cinq actes d’accusation contre les membres d’Eyal, un groupe terroriste fictif mis en place en 1994 par un agent provocateur du Shin Bet, nommé Avishai Raviv. Son but ? Diaboliser la communauté nationale religieuse, qui constitue alors la critique la plus virulente du processus de paix d’Oslo avec l’OLP. Pendant des années, Raviv et ses collègues avaient cherché à inciter les membres de ce courant à entreprendre des actes de violence, à motivation politique. Constatant leur échec, ils avaient ensuite monté de toutes pièces un faux groupe terroriste, et invité des journalistes à filmer la cérémonie factice de prestation de serment.
La longue histoire du Shin Bet, assortie de la politique du commandement central de l’armée, qui considère le vandalisme israélien sur les biens palestiniens comme l’équivalent moral du terrorisme palestinien contre les Israéliens, a conduit de nombreux citoyens de droite, respectueux de la loi, à considérer avec scepticisme les allégations sur les cellules terroristes juives. Mais cette semaine, nous avons compris que de telles présomptions pouvaient se révéler vraies. Car cette fois, nous avons non seulement découvert que les terroristes juifs existent, mais aussi qu’ils ont leurs adeptes.
Fausses accusations
Parmi ces partisans, quelques centaines de personnes ont essayé de détourner l’attention du public des accusations d’assassinat pesant sur les suspects. Faisant naître un débat, alimenté par les allégations de leurs avocats, sur de présumées tortures des enquêteurs dans le cadre des interpellations.
Comment sommes-nous censés réagir face à ceux qui se précipitent devant les micros pour accuser l’Etat de torturer les suspects de terrorisme, et refusent de considérer, ne serait-ce qu’un moment, ce que ces hommes sont soupçonnés d’avoir fait ? Comment allons-nous répondre à ceux qui, même en présence de preuves, insistent pour clamer que l’Etat incarne le mal absolu et que les terroristes présumés sont victimes de discrimination ?
Ceux qui accusent allègrement les enquêteurs de torturer des suspects, tout en ignorant les preuves et la nature du crime lui-même, font l’apologie du terrorisme. En agissant de la sorte, ils deviennent l’équivalent moral des antisionistes de Chovrim chtika (Rompre le silence) et autres groupes d’extrême gauche, qui diffament Israël sur la scène internationale. Les deux utilisent une rhétorique antijuive pour nuire à l’Etat. Et jettent l’opprobre sur Israël avec de fausses accusations de torture que personne n’oserait jamais prononcer contre un autre pays.
A une différence près. Chovrim chtika et consorts, comme B’Tselem, sont financés par des gouvernements étrangers et diffusent leur diffamation auprès d’auditoires internationaux. Leur objectif : transformer le climat antisémite qui prévaut en Europe en politiques antisionistes concrètes de la part de gouvernements étrangers. Contrairement à leurs homologues de gauche, les apologistes du terrorisme de droite, eux, ne reçoivent aucune subvention internationale. Ils ne destinent pas leurs actions à un public étranger. Leur cible : l’opinion israélienne. Ils entendent pousser leurs concitoyens à reconnaître la légitimité des terroristes juifs en les faisant passer pour des victimes.
Mais en accusant faussement l’Etat d’actes de torture, ils font avancer la cause des terroristes israéliens, tout aussi sûrement que Chovrim chtika fait progresser celle des terroristes palestiniens, quand elle distille ses accusations de « crimes de guerre » aux audiences européennes et américaines. Une des conséquences du terrorisme juif, c’est qu’il affaiblit la réputation internationale d’Israël. Dans leur manifeste, les terroristes palestiniens disent justement chercher à utiliser les « points faibles » d’Israël, y compris sa faiblesse diplomatique, afin de le détruire.
Terroristes palestiniens et juifs diffèrent cependant sur deux points clés. D’abord, les chiffres. Si on considère que quelques centaines d’Israéliens sont impliqués dans des cellules terroristes, côté palestinien, ils sont des dizaines de milliers à être membres de groupes radicaux pour la seule Judée-Samarie. Deuxièmement : les bases de soutien. Les terroristes juifs sont condamnés et rejetés par toutes les forces politiques, majeures et mineures, d’Israël. Certes, leur base de soutien peut avoir augmenté ces dernières années, mais elle ne compte pas plus que quelques milliers de personnes, issues des franges les plus marginales de la société. A l’opposé, l’Autorité palestinienne et toutes ses institutions notoires, publiques et privées, soutiennent les terroristes. Ceux qui sont emprisonnés et leurs familles perçoivent une généreuse compensation gouvernementale. L’opinion publique les voit comme des héros nationaux ; on apprend aux enfants, depuis la maternelle, à suivre leurs traces et à tuer des juifs afin de détruire Israël. Mercredi 23 décembre, alors que tout le leadership rabbinique et politique israélien condamnait d’une seule voix les invités de la noce qui glorifiaient les terroristes juifs, le Fatah, dirigé par le chef de l’AP Mahmoud Abbas, publiait un post sur sa page Facebook, faisant l’éloge du terroriste qui, le même jour, tuait deux Israéliens et en blessait grièvement un troisième, Porte de Jaffa à Jérusalem.
Même combat
Les terrorismes juif et islamiste posent les même défis aux agences de contre-terrorisme et en matière législative. Dans les deux cas, l’objectif est de cibler et d’arrêter les terroristes, d’infiltrer leurs réseaux, tout en continuant à respecter les droits civils. Lorsque les enquêteurs se trouvent confrontés aux membres de ces réseaux, ils sont parfois obligés d’avoir recours à des techniques d’interrogatoire musclées. Mais, comme l’ont déterminé de nombreux tribunaux et comités de surveillance ministériels et parlementaires, on ne peut pas parler de torture. Il s’agit de méthodes légitimes, utilisées seulement quand cela est nécessaire, pour protéger le public de terroristes qui prennent pour cible des innocents.
Ce qui nous ramène à la vidéo du mariage, et aux difficultés que nous avons à accepter l’existence d’un terrorisme juif, et le fait qu’il bénéficie d’une certaine aura au sein de la société israélienne. Cela ne fait aucun doute. Le terrorisme juif serait bien plus facile à combattre aujourd’hui, si le Shin Bet et les procureurs de l’Etat n’avaient pas eu affaire à la malveillance d’agents provocateurs déterminés à diaboliser le camp national religieux dans les années 1990. De même, si les commandants de Tsahal et l’administration civile étaient moins prompts à soutenir les ONG anti-israéliennes financées par l’Europe pour détruire les intérêts juifs en Judée-Samarie, les membres de cette communauté auraient moins de mal à condamner ses extrémistes. Car il serait alors bien plus difficile pour les avocats zélés de la défense de convaincre quiconque que les terroristes présumés ont subi des tortures.
Pourtant, si les suspicions de la droite sont historiquement justifiées, elle ne peut rejeter plus longtemps l’évidence. Oui, certains membres du camp nationaliste aspirent à détruire Israël. Et sont prêts à commettre des attentats terroristes contre les Arabes, ou même contre les Juifs, pour parvenir à leurs objectifs.
En conséquence, tout comme la grande majorité du public réclame du gouvernement qu’il prenne toutes les mesures nécessaires pour annihiler les groupes terroristes palestiniens, il doit aussi exiger du gouvernement qu’il neutralise leurs homologues juifs. Les terroristes juifs, comme les terroristes palestiniens, ne sont pas des victimes. Ils sont des ennemis de l’Etat. 
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